Critique Manga Welcome back, Alice #2

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Welcome back, Alice

par Tampopo24 le dim. 14 avril 2024 Staff

Les frontières du désir, de l'amour et du couple

Se lancer dans une série
d’Oshimi, c’est toujours une expérience particulière et souvent ça passe
ou ça casse. Je suis entre les deux avec Welcome back, Alice qui peine à pleinement me convaincre, voire me dérange même, mais me titille aussi sur certains points.

Le retour de Kei auprès de ces amis, en
mode agitateur qui va venir secouer des sentiments enfouis, est
clairement le moteur de l’histoire et cela réussi très bien. Il nous
hérisse le poil. Il nous dérange. Il nous met mal à l’aise. C’est lui
qui crée toute l’atmosphère de malaise de la série et quand on suit
Oshimi, en général, on aime ça. De plus, ça nous pousse à nous
questionner sur la notion de désir à l’adolescence, ce qu’on met
derrière le mot « amour » mais aussi « relation amoureuse » et Oshimi y
va frontalement, sans concession, secouant pas mal son second héros :
Yohei.

Le problème, c’est qu’il manque également
de nuance ce faisant. Avec quelqu’un comme Kei qui revient avec une
autre identité de genre, il y a quelque à travailler qui ici n’est pas
fait, ce qui est fort dommage et m’interpelle sur ce que cherche à faire
l’auteur et son rapport avec les personnes en souffrance dans leur
genre de naissance. Ici, j’ai l’impression que c’est presque moqué avec
le côté excessif et perturbant, voire nocif, de Kei, et je trouve que ça
ne devrait pas être le cas. Ça me dérange. De la même façon, pour
interroger sur les notions d’amour et de couple, il va parfois trop loin
et on assiste à une scène s’apparentant à un viol ou pas loin quand Kei
masturbe contre son gré Yohei, même si on cherche à nous faire croire
ensuite qu’il y a pris une forme de plaisir. Ça interroge vraiment sur
le message d’Oshimi et je trouve celui-ci bien trop flou à ce stade.

Mais en même temps, je ne peux m’empêcher
d’être fascinée par cette histoire adolescente qui se déroule devant
moi où il suffit d’une personne un peu borderline pour faire bouger les
lignes, et faire en sorte qu’une fille populaire, un peu en mal d’amour,
s’intéresse au gentil looser du coin qu’elle connaît depuis toujours
mais n’avait pas bien observé avant. Cela en dit long sur la
représentation des amours adolescents, peut-être plus basés sur les
apparences qu’une réelle compréhension de l’autre. Il y a aussi une
forme de fascination dans la représentation de ce désir brut qui échappe
à ces personnages, de même que les sentiments qu’ils y associent.
Enfin, l’atmosphère pesante, étouffante, malsaine de ce Kei
manipulateur, dont on peine à comprendre le désir réel, fascine. On a
envie de le suivre pour le percer à jour et comprendre où l’auteur
cherche à nous emmener avec ce drôle de trio. Ça reste donc fascinant et
passionnant à suivre, même s’il y a également une grande économie
narrative avec un dessin assez pauvre, des cases assez vides et une mise
en scène des plus simples.

En bref

Pas le meilleur des titres d’Oshimi parvenu chez nous, Welcome back Alice est une lecture qui fascine autant qu’elle dérange mais où j’aurais aimé un message plus clair de la part de l’auteur dont les intentions sont forts floues. Je peine à m’attacher à ces personnages tant les situations dérangeantes s’accumulent de toutes parts. C’est aussi très classique dans le fond pour évoquer l’adolescence même si c’est plus cru que d’habitude. Je n’ai pas la même fascination que devant des titres comme Happiness, Les Fleurs du mal ou Les liens du sang.

6
Welcome back, Alice
Positif

Une atmosphère dérangeante, malaisante

La fascination pour ce Kei manipulateur

Le travail pour décortiquer et rendre le désir adolescent

Negatif

Un propos flou

Le thème du genre traité très maladroitement

Un dessin et une mise en scène fort simples

Une romance fort classique en soi

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