Critique Manga My Rumspringa

A la rencontre de la culture Amish

Très fan du diptyque Dear Gene, j'avais vraiment envie de découvrir la première histoire de l'autrice se déroulant dans le monde des Amish, alors je remercie Hana Collection d'avoir permis cela.

C'est vraiment déroutant de rencontrer la culture Amish dans un Boys Love. J'avoue que mes préjugés font que je ne pensais pas pouvoir y faire une telle découverte et j'avais bien tort, car en trois volumes (deux pour Dear Gene et un ici), l'autrice nous en fait faire un tour poignant. 

Dans cette première histoire, qui est en quelque sorte la préquelle de Dear Gene qu'elle sortira ensuite, l'autrice nous fait découvrir une tradition Amish, celle qui donnera son titre au volume : la Rumspringa. C'est-à-dire ce moment dans leur vie où les Amish, garçons et filles, sont autorisés à sortir un temps de leur village pour découvrir la vie en dehors avant de choisir de devenir pleinement Amish ou de renoncer à leur communauté. C'est très tradition qui se défend et qui est ici parfaitement expliquée dans toute sa complexité par une autrice jamais jugeante vis-à-vis pourtant d'une communauté en marge qu'on pourrait trouver étrange ou rétrograde comme on l'entend souvent. Mais ici, ce sont la bienveillance et l'ouverture d'esprit qui sont de mise. On apprécie !

Théodore est l'un de ces Amish qui fait son Rumspringa. Ce faisant, il tombe sur Oz, un ex-danseur classique qui joue les serveurs et accessoirement les gigolos dans un bar de la ville voisine. Suite à un quiproquo les deux vont devenir amis et Oz va prendre Théo sous son aile, lui faisant découvrir la vie à l'extérieur. 

J'ai apprécié qu'on ne tombe presque jamais dans les clichés. Ce fut rafraichissant de voir la naïveté de Théo, jamais excessive ou presque, protégée par la rudesse du monde dans lequel vit Oz. Leur relation fut de suite très belle, car Oz ne le juge pas et cherche au contraire à l'aider, à faire ses découvertes à son rythme. Puis quand il lui présente son monde, il l'accepte d'un regard neuf et y trouve au contraire de la beauté. J'ai beaucoup aimé.

J'ai aussi été touchée par cette rencontre qui se fait si naturellement entre les deux, passé les premières minutes ubuesques. C'est trop mignon de voir le jeune enfant métaphorique qu'était Théo grandir et devenir un homme à force de côtoyer Oz et de faire des expériences. Oz est vraiment un beau personnage, cassé, fêlé, qui va être colmaté grâce à sa rencontre avec Théo, qui va lui redonner vie et espoir.

Je n'ai pas forcément apprécié que l'autrice se serve, comme bien trop souvent dans les BL et une certaine littérature sentimentale, du viol et de la prostitution comme un ressort scénaristique. Je pense vraiment qu'il y a d'autres biais, d'autres manières de raconter des histoires douloureuses et dramatiques. Ici, la perte de son père, ses difficultés avec le milieu de la danse et ses émotions, étaient déjà largement suffisant. Du coup, j'ai largement préféré quand on a commencé à laisser cela derrière pour se concentrer sur l'essentiel : les sentiments qui naissaient et la difficulté de faire des choix et de les assumer, qu'on soit Amish ou pas. La vie n'est faite que de choix et l'autrice l'illustre à merveille pour chacun des personnages : Théo et Oz bien sûr, mais aussi Chloé et Dany, les amis Amish de Théo. Et ce fut magnifique !