Critique Manga Gene Bride #1

7
Gene Bride

par Tampopo24 le mar. 14 nov. 2023 Staff

Sexisme ordinaire ou quête d'identité ? A vous de choisir !

Avec son titre des plus intrigants, je me demandais vraiment ce que Gene Bride placé en collection Shojo+ chez Glénat et ce josei issu du Feel Young a réellement su me surprendre avec sa construction inattendue. 

Le Feel Young est un magazine josei que j'affectionne énormément, notamment parce qu'il a publié Mari Okazaki (Complément affectif, And...) ou encore Erika Sakurazawa (Angel...), des autrices de l'ancienne vague josei en France dont je vénère les oeuvres. J'avais une confiance assez aveugle en ce qu'il propose, j'ai donc été ravie de voir Glénat s'intéresser ici à leur catalogue. Je ne connaissais pourtant absolument pas Hitomi Takano mais dès les premières pages j'ai senti quelque chose et j'ai eu raison de lui faire confiance malgré une narration qui partait un peu dans tous les sens.

En effet, quand on commence Gene Bride, on se dit qu'on est sur un de ces titres sociétaux à la mode où on dénonce le sexisme ordinaire envers les femmes. On suit Ichi, une employée particulièrement efficace dans son domaine mais qu'on n'écoute pas et ne valorise pas à cause de son sexe, préférant la réduire à sa belle silhouette. Après quelques histoires sur le sujet dans le cadre de son travail et de sa vie perso, on pense donc avoir cerné le sujet. Mais non, l'autrice part ensuite dans plein de ramification suite à la rencontre d'un ancien camarade de classe bien étrange et elle nous perd ensuite un peu dans les méandres de son cerveau en surchauffe, rempli d'idées, mais pas toujours très organisé. C'est avant de tomber sur la dernière page qui nous assoit et remet tout en question. Est-on vraiment en train de lire ce qu'on croyait. 

J'ai aimé lire la première partie qui traitait de la place des femmes dans notre société. C'était très classique, un peu caricatural et exagéré, mais toujours nécessaire, et l'autrice mettait bien en valeur la façon dont on dénature les femmes alors qu'on valorise les hommes pour la même chose. Je trouvais ça bien écrit. J'ai eu plus de mal avec l'arrivée Masaki dans l'histoire, car j'ai eu l'impression de totalement perdre le fil à partir de ce moment-là. Ce que l'autrice met en scène n'est pas inintéressant, ça part juste dans tous les sens et ça ne va pas forcément ensemble, ce qui est étrange. Pour peu qu'on fasse une pause dans sa lecture et qu'on y revienne quelques heures plus tard, on peut se demander si nos souvenirs ne sont pas ceux d'un autre manga tant parfois l'histoire d'un chapitre est loin de celle des précédents...

Hitomi Takano aborde ainsi aussi bien la question de la place donnée aux femmes dans le monde du travail, que celle du sexisme ordinaire ou du harcèlement sexuel. Elle évoque aussi les troubles obsessionnels compulsifs lorsqu'elle nous fait aller à la rencontre du quotidien de Masaki. Et tout cela dans une drôle d'ambiance où tout deux se rappellent sans se rappeler le collège où ils auraient été ensemble, ce qui est fort étrange.

J'ai aimé la façon dont par petites touches toutes ces incongruités se sont agrégées, assemblées, jusqu'au coup de théâtre final qui nous questionne énormément sur qui sont les personnages et d'où ils viennent. Plus que de la question du droit des femmes, le titre ne traiterait-il pas à l'avenir de la question de l'identité ? Je suis curieuse de le découvrir. En tout cas ce premier tome n'est qu'une sorte de tour à vide et ce ne sera que dans le deuxième que l'histoire démarrera véritablement. C'est culotté ! Ça passera ou ça cassera selon les lecteurs, moi ça m'a rendu curieuse !

Côté dessin, il fait le job, mais je ne suis pas des plus emballés. Je trouve les personnages très froid. Le trait me rappelle celui d'une vague de shojo dont les magazines flirtaient avec le josei dans les années 2010, entre une certaine épure par moment et une grande expressivité avec beaucoup de remplissage à d'autres. Miho Obana, par exemple pour ne pas la citer, était en plein dedans avec Honey Bitter et il y a comme un air ici. Cela peut être clivant. 

En bref

Singulier nouveau titre de Glénat dont le titre interpelle par son mélange de science (Gene) et de sujets de société (Bride), il fallait se fier à celui-ci et non aux premiers chapitres qui sont très loin du sujet dont il risque d'être question désormais. Premier tome culotté qui nous emmène dans une direction (le sexisme ordinaire, la place des femmes dans la société), pour peut-être nous tromper et cacher l'ampleur de l'intrigue qui va démarrer dans le prochain volume. Il fallait oser !

7
Gene Bride
Positif

Un scénario surprenant

Une thématique intéressante sur le sexisme ordinaire dans la vie et en entreprise

Un final qui ne peut qu'appeler à lire la suite

Une disruption fine et maline des éléments qui serviront à la suite

Negatif

Un dessin un peu froid derrière ses airs fins et léchés

Une narration qui part dans tous les sens

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