Critique Manga La Forêt des Roses

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La Forêt des Roses

par P'tit Citron le lun. 13 août 2018 Staff

Derrière cette couverture au style graphique particulier se cache un recueil d'histoires très variées, imaginées, écrites et dessinées par Kumota Haruko, que l'on connaît déjà en France pour «Shinjuku Lucky Hole». Des petites histoires très variées en effet, nous contant des relations inattendues entre différents personnages atypiques...



[Synopsis de l'éditeur]
Yô vit avec un vampire. Un vampire bien loin des clichés fictifs qui, s'il boit du sang, préfère cultiver de magnifiques rosiers. Derrière leur relation, il y a un mystérieux système de réincarnations, la malédiction des êtres immortels, et beaucoup de choses encore que Yô ignore. Pourtant, il a déjà choisi sa voie...



C'est en fait le synopsis de la première et principale histoire : «Quand nous étions dans la forêt des roses». Trois autres courts récits nous permettront de découvrir d'autres couples, et d'admirer d'autres horizons. C'est quoi qu'il en soit de cette première dont je vous parle maintenant. Celle-ci déborde de fantaisie, chose plutôt rare dans les BL classiques. Au-delà de nous conter l'attendrissante relation entre un Vampanella et son âme soeur, réincarnée en humain ; l'histoire, certes simple, nous percutera de sa tristesse camouflée, et nous fera réfléchir sur de nombreuses questions comme la vie et l'immortalité, la perte de l'être cher, les remords ou encore la reconstruction. Certains de ces thèmes sont abordés très subtilement, mais ils sont pourtant bien présents et apportent de la profondeur au conte, déjà captivant.

Les autres histoires sont toutes très différentes les unes des autres, abordant différemment les relations, toujours avec un certain détachement, ou une aise. Disons qu'elles cachent une part de réflexion, comme pour la première, mais qu'elles sont avant tout destinées à divertir, à charmer, à faire rire ; bref, à plaire...

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La Pluie à Monte-Carlo : Akutsu Ren est un acteur japonais connu pour ses rôles dans d'anciennes séries de yakuzas. Alors qu'il n'est plus tant sollicité, il accepte un rôle dans un film à gros budget et vole jusqu'à Monte-Carlo en France, espérant relancer sa carrière. Là, il rencontre un jeune acteur nommé Jean-François qui va rapidement se rapprocher de lui, et, grâce à sa beauté et à son assurance, le charmer...

J'ai bien aimé cette histoire également. Sans être exceptionnelle, elle est décomplexée et les personnages sont séduisants. Même si ce n'est pas beaucoup exploité ici, le milieu du cinéma et la France sont des environnements originaux dans le genre BL, et donc appréciables. Enfin, surtout, Jean-François se traverstit dans l'histoire. Le travestissement n'est pas abordé lourdement ; c'est très fluide, presque insignifiant. Mais c'est vraiment bien d'avoir ce genre de représentation. D'ailleurs, même si ce n'est jamais explicitement dit, plusieurs personnages du livre sont bisexuels, ce qui est également trop rare.
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Yoshiki et Takumi : Yoshiki et Takumi sont deux jeunes délinquants qui passent leur temps à se bagarrer, en bons rivaux qu'ils sont. Le hic, c'est que tous les soirs, à la même heure, ils fréquentent le même bain public. Ils ont donc décidé que ce moment de relaxation ferait également office de trêve. Mais alors qu'ils ne se battent pas, mais s'exposent l'un à l'autre ; Yoshiki commence à ressentir de l'attirance pour Takumi...

Cette histoire-ci est bien plus classique ; et l'amour, bien moins romanesque. Effectivement, une relation entre deux lycéens délinquants, c'est du déjà vu. Cependant, elle n'en est pas moins drôle. J'ai même beaucoup ri, ou au moins souri, lors de la lecture. Les personnages aussi sont attachants ; découvrir la facette douce et mignonne d'un jeune homme d'habitude dur et viril est toujours amusant, voire excitant. c:
L'autrice semble d'ailleurs beaucoup aimer ce couple. Elle nous confit en effet qu'elle souhaite encore le dessiner à l'avenir.
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Be Here to Love Me : Miyamoto est un salaryman fétichiste des belles jambes. Pour se détendre après le travail, il se rend sur le blog d'une certaine Uraeri qui poste régulièrement des photos de sa moitié basse. Seulement, tout va s'écrouler lorsqu'il se rend compte que ces jambes sont celles d'un homme, et qui plus est, son collègue de travail chez qui il passe une nuit...

Dernière histoire courte ; la seule que je n'ai pas aimée. J'ai trouvé les personnages et la situation très vulgaires. Miyamoto n'est rien d'autre qu'un pervers irresponsable, qui tiendra des propos extrêmement déplacés et désagréables envers Machida, son jeune collègue. Alors qu'il est choqué au début, il finira par tomber sous le charme du bel homme en face de lui et commencera à lui faire de lourdes avances, voire à abuser de lui. Mais ce n'est pas bien mieux de l'autre côté ; en effet, Machida n'est pas mécontent de la réaction de Miyamoto, c'est même peut-être ce qu'il voulait... Bref c'est vulgaire et agaçant.
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En résumé, c'est un beau recueil d'histoires très variées et originales. Le style de l'autrice est, tant sur le plan narratif que graphique, très prononcé. On l'aime ou on ne l'aime pas ; personnellement, je l'ai trouvé frais, doux et quelque peu envoutant. Les dessins sont assez particuliers, mais la technique est bonne ; on s'habitue et l'autrice n'hésite pas à tenter de nouvelles choses, ce qui est appréciable. L'érotisme est encore une fois un aspect important de l'oeuvre. Les scènes sont soft et très sensuelles. Elles sont amenées de façon très simple et très fluide ; c'est agréable. Seul réel point négatif : la quatrième histoire qui est trop vulgaire et dispensable à mon goût. Quoi qu'il en soit, je recommande ce one-shot aux amateurs du genre BL qui veulent découvrir un style nouveau et différent ; ainsi qu'aux novices qui n'ont pas peur des amours simples qui finissent au lit ! ;)


PS : Je salue la longue postface de l'autrice qui nous explique, entre autres, les différentes inspirations pour chaque histoire.

En bref

Un beau recueil d'histoires variées, tantôt drôles, tantôt charmantes ; bref, plaisantes. On sent que l'autrice sait jouer de son imagination pour créer des romances parfois saugrenues ou inattendues, avec des personnages fantaisistes et des environnements peu exploités dans le genre BL. Mêlant à cela un érotisme soft et très sensuel, elle nous concocte d'envoutants récits courts. Je regrette tout de même la vulgarité des personnages de «Be Here to Love Me», qui m'a particulièrement agacée lors de la lecture. Cela mis à part, «La Forêt des Roses» est; je pense, un one-shot qui mérite d'être lu, ne serait-ce que par curiosité pour le style unique et très prononcé de l'autrice.

7
La Forêt des Roses
Positif

Le style de l'autrice

L'originalité de chaque histoire

L'érotisme soft

La représentation bisexuelle + travestissement

Negatif

La dernière histoire, trop vulgaire

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Commentaires sur cette critique (5)
  • Ah oui 2016 pour l'étranger de la plage, ça passe vite mais septembre, ça reste l'été. Oh et j'ai dit "Annoncé" pour la JE, pas sorti. Depuis le début je dis "annonces". C'est pas pareil. En gros au moment de la JE (qui se prépare dès le mois de mai), ils espèrent toucher un max de personnes (ce qui est normal en soi), ils aguichent le client en annonçant des tas de bonnes licences, le client content s'abonne et finalement quand il fait le bilan au bout d'un an, bah grosse déconfiture. Je ne parle pas que pour moi mais nous sommes plusieurs à avoir laissé tomber l'abonnement, suffit d'aller lire le forum d'IDP pour se rendre compte du nombre d'insatisfaits. Ou de surfer rapidement sur le net pour voir le nombre incroyable de reventes des mangas sur le marché d'occasion sitôt les packs arrivés.
    Sur les réseaux sociaux, IDP préfère faire la sourde oreille sur nos critiques que de tenter d'en tenir compte pour mieux faire. Dommage.

    Taifu se renouvelle un peu plus dernièrement parce qu'il a pris en compte les critiques et c'est tant mieux. J'ai très peu d'estime pour les éditeurs qui se contre-fichent comme de l'en 14 des clients qui leur ont été fidèles dès le début, ceux qui leur ont permis de rester à flot, de durer et d'être ce qu'ils sont aujourd'hui.

    Pour l'omegaverse, je vais utiliser ton argument contre toi malheureusement. Tu dis que sous prétexte que ça engrange de l'argent tout est permis ?! je te cite "De plus, c'est un business, il ne faut pas oublier. Si quelque chose plaît et rapporte de l'argent, que ce soit bien ou mal, c'est exploité et c'est normal."
    Euh, dans ce cas pourquoi interdire la pédophilie, le trafic d'êtres humains, ou les drogues dures comme la cocaïne ?! Cela aussi ça rapporte. Et des milliards chaque année. Et ça plaît.
    Ou alors tu es pour tout ça aussi et dans ce cas, je vais couper court à cette discussion. Mieux, j'écris le mot fin.
    FIN. ;)

  • Je ne débute pas tant que ça. Certes, je n'ai pas connu les débuts du genre en France, ni n'ai lu autant de titres que toi. Mais n'exagérons rien, je commence à avoir une petite expérience. ^^

    Je ne suis pas d'accord pour les titres, mais chacun son avis. Par contre, L'Etranger de la Plage est sorti en septembre 2016, donc il y a deux étés, et après la JE.

    L'Omegaverse, encore une fois je suis d'accord sur le fond. Ceci dit, je ne suis pas d'accord pour censurer. De plus, c'est un business, il ne faut pas oublier. Si quelque chose plaît et rapporte de l'argent, que ce soit bien ou mal, c'est exploité et c'est normal. Et de toute façon, je ne trouve pas ça tant problématique que cela. Les œuvres délivrent des valeurs absurdes, mais elles ne font de mal à personne pour autant. Elles trouvent un lectorat et alimentent le marché, c'est bien. Ce qui est peut-être ennuyeux en effet, c'est qu'elles fassent partie de l'abonnement, ou au moins en si grand nombre... Mais c'est un débat en effet.

  • Meilleur public car tu débutes dans ce genre là. J'ai une amie comme toi, et j'attends le moment où elle aura tellement consommé de Yaois en tous genres qu'elle finira par modifier ses critères de sélection. On passe tous par là.

    Pour les titres cités:
    - Coyote: je ne suis pas encore convaincue, j'attends de lire le t2.
    - L'étranger du zéphyr: une suite inutile qui aurait mérité de ne jamais voir le jour, j'ai revendu et gardé seulement l'étranger de la plage a qui j'avais pourtant déjà trouvé pas mal de défauts. D'ailleur si je dis pas de bêtises ce titre était sorti en été dernier, donc annoncé avant la JE.
    - Endo: parce que justement l'autrice est apprécié, aussi on a le droit à plusieurs sorties dans l'année. je valide cet autrice, ses titres font parties des bons titres. Même si certains sont mieux que d'autres.
    - Kotetsuko Yamamoto: honnêtement j'en peu plus de cette autrice qui ne se renouvelle pas. J'aimais bien au début mais je me suis lassée depuis. Sa série comme Let's pray in The priest en est l'exemple type. Bon début puis ça s'éternise inutilement et on retombe dans ses clichés habituels. J'ai vu qu'une nouvelle licence d'elle était tombée, la lose !

    -l'omegaverse: faudrait un long débat là-dessus mais honnêtement ce genre là n'aurait jamais du exister ici ou au japon. On peut écrire sur tout, je ne suis pas pour la censure, sauf que créer un genre spécifique sur le viol et toutes les horreurs que contient l'omegaverse et faire croire au lecteur que c'est "normal", j'ai eu l'impression de faire un bon d'un siècle en arrière quand la femme n'était bonne qu'à faire le ménage, la popote et pondre des mômes. Surtout que c'est même pas mis sous blister et interdit aux moins de 16ans. Donc non, c'est pas parce que y'a des gens qui aiment qu'il faut publier. Et encore moins obliger les gens à lire puisque c'est mis dans l'abonnement. Dans certains pays, des adultes aiment épouser des enfants, les violer, en faire leur trophée à montrer sans qu'on leur ait demandé leur avis avant et c'est légal, c'est pas pour autant qu'en France on reproduit. Pour moi l'Omegaverse pose un problème d'éthique flagrant. Encore une fois, on peut écrire sur tout mais c'est la création d'une "catégorie" qui me pose problème. Car ça veut dire qu'au japon des autrices pour être sûres d'être publiées ont écrit une histoire qui correspondait pile poil aux critères de l'omegaverse. Et quand on s'attarde deux minutes sur lesdits critères bah ça fait flipper.

    Enfin je n'ai pas un genre spécifique, au contraire j'aime qu'on me surprenne mais forcée de constater que pour la majorité des titres publiés en France, le soufflet retombe largement avant la fin.

  • Je pense plutôt que je suis meilleur public que toi. Ce qui n'est ni une bonne ni une mauvaise chose. x)

    Pour revenir à l'autre message, non tu n'as pas besoin de mâcher tes mots. :x
    Je maintiens qu'il y a des bonnes sorties toute l'année chez IDP : en mai on a eu Coyote, L'Etranger du Zephyr, Depth of Field, Calendula of Limbo, Le Carnet d'Expériences d'Endô-kun... Que des titres très appréciés du public et de moi-même, et ça fait déjà 50% de l'abonnement. A côté de ça on a les Kotetsuko Yamamoto, dont au moins un tome sort tous les deux mois vu le nombre de ses séries...
    Il y a l'Omegaverse qui est beaucoup publié parce que le public aime beaucoup. Comme toi, je n'aime pas du tout, mais si ça marche, il est normal d'en publier, tu ne crois pas ? Au même titre d'ailleurs qu'il est normal de diversifier les sorties, pour que tout le monde y trouve son compte dans un abonnement. Si toi, tu n'aimes qu'un type de BL particulier (par exemple), alors c'est normal que tu n'aimes qu'une petite partie de l'abonnement. C'est dommage mais c'est pas possible autrement :/

  • Celui-ci aussi j'aime pas. Car non seulement c'est un OS mais en plus ce sont des histoires indépendantes. Impossible de développer quoi que ce soit et si on s'attache un tant soit peu à un perso faut l'oublier aussi sec car y'a plus de pages. Bon ici je ne me suis attachée à personne donc ça ou rien... Mmh, je crois que j'aurais préféré rien. C'est un mixte de tout et de rien, de déjà-vu, d'idées par développées. Sans oublier que le dessin est loin d'être agréable à mes yeux. Je ne lui aurais pas donné plus de 3/10.

    Je crois que je peux en déduire que nous n'avons pas du tout les mêmes goûts niveau Yaoi ;)

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