Critique Manga Café Gourmand

5
Café Gourmand

par Sherryn le ven. 13 avril 2012 Staff

Commençons par les qualités : un dessin agréable, dans la norme du shôjo/yaoi, et un style fluide qui rend la lecture à la fois confortable et distrayante. Il n’y a pas grand-chose à reprocher à la forme, pour peu d’aimer le genre. Par contre, le bât blesse au niveau du scénario…

Déjà, vous l’avez lu, mais le synopsis en lui-même est assez tiré par les cheveux : transformer un café ordinaire en maid café grâce à de beaux serveurs cosplayés, anciens hôtes qui débarquent tous en même temps après avoir quitté le même endroit et acceptant de travailler pour pas un sou ? Bon, pourquoi pas. Bien traité, même le plus tordu des scénarii peut se révéler plaisant à lire. Malheureusement, en l’occurrence ce n’est pas vraiment le cas : la mise en place des transformations se fait très vite, le succès vient naturellement… il n’y a guère d’obstacles à se mettre sous la dent. Tout est beaucoup trop facile et dénué de suspens.

Le problème principal est que la mangaka s’est largement trop dispersée pour un one-shot, de sorte qu’elle aborde plein de trucs et les oublie aussitôt, chaque aspect de l’histoire finissant par faire du sur-place ou presque. Prenons les personnages : ils sont beaucoup trop nombreux. À part le protagoniste principal dont on suit les réflexions, par ailleurs assez énervantes tellement il est immature et pleurnichard, les autres ne sont guère développés. Soit ils correspondent à des clichés, soit ils sont à peine introduits qu’ils y vont de leurs petits problèmes personnels (situations familiales, amours…) alors qu’on a tout juste retenu leurs noms. Leurs difficultés évoquées en une ou deux bulles, et on passe à autre chose. Même le rival, ancien ennemi en tant qu’hôte et qui va vouloir se mesurer à eux par la voie du restaurant (on passera sur l’originalité extraordinaire de cette ficelle), demeure finalement assez absent de l’intrigue, de sorte qu’on n’entend presque pas parler de lui alors qu’il aurait dû constituer au moins un peu un obstacle.

Quant à l’histoire d’amour… eh bien pendant une bonne moitié du manga, on se demande où elle est. Deux ou trois chapitres s’écoulent sans qu’il n’y ait rien sinon des avances sans fondement. Inutile de préciser qu’on est à fond dans le « tous gays ». Quand une relation se noue entre le personnage principal et son amoureux potentiel, on se retrouve dans une intrigue des plus molles : il se pose quelques questions, il s’étonne, mais finalement se laisse faire sans trop résister et leur histoire ne tarde pas à se nouer sans réel suspens. Leur relation naissante ne connaîtra guère de difficulté, sauf vers la fin et encore, la résolution s’avère tellement rapide, facile et clichée qu’au final elle fait sourire.

Agréable à la lecture, ce one-shot offre des chapitres de vie quotidienne qui se laissent lire mais ne contiennent pas de réalisme ni de crédibilité, qu’il s’agisse des personnages, de l’histoire ou du cadre. Il ne s’agit pas non plus de fantasme, le sexe bien que présent reste limité. Le style n’est pas mauvais, mais à quel public s’adresse réellement ce manga en fin de compte ? Difficile à dire.

En bref

5
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