Critique Manga Shadow of the Ring #1

9
Shadow of the Ring

par MassLunar le dim. 29 oct. 2023 Staff

Quand Kaiji Nakagawa forge son anneau

Kaiji Nakagawe, le mangaka remarqué pour son thriller Route End (également chez Ki-oonà bascule ici dans un tout autre genre avec Shadow of the ring ,  une série dans laquelle il impose une maîtrise originale, percutante et curieuse de la fantasy. C'est simple, Shadow of the Ring illustre un imaginaire dépaysant et atypique loin des habituelles conventions médiévales fantaisistes  et accompagné par une intrigue passionnante sur fond de complot, de quête du savoir et de menace de guerre qui détaille peu à peu cet univers singulier et prometteur. 

Dans la lignée tout de même de certaines références comme la bd Le Transperceneige de Jean-Marc Rochette et Jacques Lob ou le roman  Le monde inverti de Christopher Priest  , le mangaka situe également son intrigue dans une cité-monde sur rails. Cette cité a pour nom Keiju et parvient à entretenir une certaine indépendance face aux autres empires grâce à la maitrise de sa technologie unique : le hakukai, sorte d'armure ressérré sur tout le corps qui confère des pouvoirs surhumains. 

Malheureusement, l'intrusion d'un assassin au coeur de cette cité-monde indépendante va basculer l'équilibre et la neutralité de cette cité qui se retrouve plongé, malgré elle, dans un climat de guerre face à un empire assoiffé de conquête.

Passionnant , l'intrigue est narrée suivant plusieurs points de vue : celui du nouveau venu, un scientifique un peu naif et avide de savoir, le couple royal de Keiju, noble de coeur mais dont l'amour n'est pas forcément né du désir, la petite soeur de la reine, un véritable garçon manqué ou encore l'assassin impitoyable qui s'en prend aussi bien à des civils qu'à des soldats. Autour de ces personnages gravite la technologie des hakukai qui attire quelques convoitises.

D'un point de vue narratif, ce premier tome est tout simplement réussi avec des personnages bien écrits et aux motivations variées. Le mangaka étoffe leurs caractères avec quelques flash-backs bienvenues qui rendent les personnages plus humains comme les origines de la relation entre la reine et le roi, la première étant une simple femme du peuple promise à un tout autre avenir. On peut compter sur la noblesse du trait de Kaiji Nakagawa qui va également proposer un imaginaire hybride entre un esthétisme orientale et ethnique (comme le montre l'excellent chara-design de la reine) et une touche de science-fiction curieuse à travers les armures blanches que sont les hakukai. La magie est ici retransmise à travers cette technologie hors-norme et convoitée.

Pour un peu, on regretterai presque que Kaiji Nakagawa n'aiguise pas davantage cette cité sur rails qu'est Keiju, la cité a pour particularité de suivre la voix ombragée de l'anneau entourant la planète. Mise à part d'excellentes premières planches et quelques découvertes retranscrisent surtout à travers le point de vue du savant nouvel arrivant, le mangaka délaisse un peu trop vite  l'immersion et la description de son monde au profit d'une intrigue qui nous plonge rapidement à la veille d'une guerre.

Ainsi, la course-poursuite avec l'assassin occupe une trop grande partie de ce premier tome tandis que nous avons un aperçu précoce des autres empires mais cela ne gache pas non plus le plaisir de lecture , d'autant plus que la série ne compte que quatre volumes. Le mangaka doit donc se concentrer aussi sur un bon rythme en espérant qu'il l'enrichisse d'explications autour de Keiju.

Bien que nous ne soyons plus dans une enquête macabre de Route End, Shadow of the Ring est un seinen ponctué de moments forts et explicites. Petite prévention pour celles et ceux qui se fierait un peu trop à la jolie couverture de qualité de ce titre, ce premier tome est composé de quelques meurtres barbares et d'une certaine scène d'orgie. Kaiji Nakagawa signe un univers de fantasy plus rude qu'il n'y parait. Vous voilà prévenu. 

En somme, ce premier tome en impose malgré quelques petites inégalités quand à la description de cet univers de fantasy tout de même hors-norme. On espère que cette série dans son ensemble apportera une touche de fraicheur et de puissance plus que bienvenue dans la fantasy manga. 

En bref

Shadow of the Ring t1 signe une entrée originale et recherché dans le monde de la fantasy. Pour son incursion dans cet autre genre de l'imaginaire, Kaiji Nakagawa signe un premier tome palpitant grâce à une narration plurielle et efficace , une intrigue géopolitique tout en tension et ce malgré un monde qui aurait gagné à être encore plus façonné.

9
Shadow of the Ring
Positif

Un univers de fantasy atypîique, hybride entre un imaginaire ethnique et une touche de sf

Une narration très efficace composés de nombreux points de vue qui viennent former une vaste toile

Le dessin élégant de Kaiji Nakagawa

Negatif

Un monde qui aurait gagné à être plus immersif, expliqué et déssiné et ce dès ce premier tome.

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