Critique Manga Badducks #1

8
Badducks

par MassLunar le jeu. 1 juin 2023 Staff

Road-trip en "famille" : le début d'une cavalcade décalée

Au rayon délire et aventure sf aux côtés d'un ultra-perché Dai Dark ou d'une sympathique comédie façon Spy x family, on pourrait piocher ce curieux titre intitulé Badducks, premier manga d'une jeune dessinatrice très prometteuse de par son style iconoclaste: Toryumon Takeda.

Badducks est un road-trip mouvementé centré sur trois fugitfs, un costaud orphelin qui a du payer de son corps la dette héritée de ses parents, une prostituée non-humaine, dernière de son espèce, qui cherche à se libérer de sa mafia et un bébé illégitime retrouvé par hasard dans une valise. A eux trois, ils vont former une charmante petite famille de fuyard en quête de liberté face à un criminel venimeux bien décidé à les retrouver. 

En quatre tomes bien fournies, ce premier volume de Badducks introduit un univers solide et déjanté, un seinen très bien rythmé qui est autant bien servi par le dessin badass et cool de Toryumon Takeda que par une intrigue echevélée servi par un groupe de personnages bien équilibrés et assortis. Les répliques sont savoureuses avec une mécanique bien huilée entre nos protagonistes. De plus, la narration intelligement éclatée entre ellipses et flash-backs apporte un certain panache structurel à ce road-trip et ce sans provoquer de confusions chez le le lecteur.  Pour sa première série, Toryumon Takeda impose le respect et cela se justifie par son style graphique original qui entrecroise le manga et la patte brut d'un univers sf rétrofuturiste façon comics americain. Les personnages sont stylés et la mangaka use de peu d'artifices pour les rendre attachants comme une coupe dégradé, un style badass ou la simple présence d'antennes ou d'oreilles pointues qui donne de suite une allure et un sens aux protagonistes. Toryumon Takeda exploite la sf de manière épurée et magnétique. 

Son style rappelle un peu le travail de Q Hayashida en moins perché et détaillé  mais dont on distingue un même amour pour la science-fiction rétro et l'humour noire.  Un humour  qui n'est cependant pas dépourvu d'une forme de tendresse à la cool par le biais de cette fausse famille qui en devient une suivant un concours de circonstance et une fuite en avant. Les personnages sont très bien écrits (même le bébé cantonné au rôle de bébé) et on s'attachera facilement au costaud bouleversant , Morgan, qui perd sa vie sous le coup d'une dette parentale et se retrouve perdue dans une société sans état civil. Il, y a un côté Cowboy Bebop dans le faux flegme de ses personnages marginaux qui tentent de trouver ou de retrouver une forme de liberté. 

Même les antagonistes sont plutôt remarquables dans ce premier tome avec une forme de mafia qui ne tue pas à tout va mais exploite au contraire les plus faibles, à commencer par les non-humains comme notre héroine Lisa. Le vicieux Nguyen est un bon reflet de cette antagonisme manipulateur et doucereux. Mention spéciale aux nombreux personnages secondaires comme le flic vigilant, l'employé du cable, les sbires du méchants qui donnent un ton burlesque à cette folle cavalcade ! 

Inventif, ce premier tome de Badducks l'est assurément et nous entraine vers une série hybride à chemin entre la science-fiction transhumain, la satire sociale avec le traitement discriminant des autres espèces et surtout ce road-trip au bon goût de famille et de liberté qui vient animer ce titre et ce pour une cavale qui s'étendrai sur douze ans. De quoi promettre une bonne évolution de la part de ce trio qui finira par former une fausse-vraie famille aussi attachante que roublarde.

En bref

Ce premier tome de Badducks est une agréable surprise, un croisement réussie entre le road-trip burlesque, parfois violent, une touche de sf simple mais efficace et surtout une véritable tendresse pour ces personnages formant un semblant de famille. Le début ultra-prometteur pour une cavale tendre et déjanté !

8
Badducks
Positif

Lé début d'un road-trip enthousiasmant qui mutliplie comédie burlesque, humour noir , petite touche de sf satirique...

Une vraie -fausse famille réussie guidé par les punchlines et les non-dits

Un univers graphique stylé à la croisée du manga et du comics.

Negatif

Le côté hybride et iconoclaste du manga qui risque d'égarer un lectorat peu désireux de s'aventurer hors des sentiers battues ( mais c'est un bon point ca...!)

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