Critique Manga Beauty and the Beast of Paradise Lost #1

7
Beauty and the Beast of Paradise Lost

par Tampopo24 le lun. 17 avril 2023 Staff

Le sombre prince et la douce couturière

Kaori Yuki et moi, ce fut une longue histoire d'amour, d'amour passion mais d'amour plus tempéré aussi au fil des séries. Après une pause due à une maladie ou un accident, je ne sais plus, l'autrice nous revient avec une nouvelle série gothico-horrifique comme elle en a le secret. 

Découverte avec le torturé Angel Sanctuary que j'avais dévoré, j'avais poursuivi en allant à la rencontre de son singulier et so british Comte Cain dont les aventures m'avaient tout autant séduite, mais à partir de son virage vers l'adaptation de l'univers des contes de fées, j'ai peu à peu décroché, trouvant qu'elle s'enfermait sans cesse dans le même genre d'histoire que ce soit dans les Ludwig, Royal Orchestra ou Alice in murderland, pourtant me voilà encore à succomber dans une redite de ce monde...

Yuki Kaori, c'est la papesse du gothique victorien horrifico-romantique depuis le milieu des années 90 et ça ne change pas. Elle adore cet univers qui s'appuie sur les contes merveilleux européens d'autrefois et y trouve sans cesse de nouvelles inspirations. Cette fois, ce sera le roman de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, qui trouve lui-même ses racines dans des contes datant de l'Antiquité pour les plus vieilles versions (Apulée, Amour et Psyché, extrait de l’Âne d'Or ou Les Métamorphoses, datant du IIe siècle) ou provenant du folklore italien avec les  Nuits facétieuses (Le Roi Porc, deuxième nuit, 1er conte) de Francesco Straparola en 1550. Toutes ses versions seront autant de sources d'inspiration pour une autrice qui n'en manque pas !

Dans cette nouvelle version de la Belle et la Bête, la Belle est une jeune fille que tout le monde rejette, surtout son père, à cause de son étrange couleur de cheveux. Elle n'a donc jamais vécu libre mais plutôt cachée et surtout coincée sous cette idée qu'en fait elle est laide. La Bête, elle, est bien victime d'une malédiction mais elle n'en souffre pas tant que ça, car elle assume ce qu'elle a fait d'elle et en tire même une certaine fierté au premier abord. Les marqueurs du conte sont donc un peu inversés. On retrouve cependant un même lieu hanté, mais qui est encore plus mystérieux car il semble se déplacer dans l'espace, la même malédiction sur les habitants de celui-ci et la même vindicte populaire avec les mêmes rumeurs sur les crimes dont il serait couple. L'ambiance fantastico-horrifique est bien là !

J'ai beaucoup aimé le mystère de l'ensemble et les nombreuses questions qu'on en vient à se poser à la fois sur la notion de beauté et d'humanité des gens qu'on croise. J'ai mille question sur la Bête mais aussi et surtout sur celles vivants dans l'ombre autour de lui, que ce soit celle qui semble orchestrer plein de pièges autour de lui, ou celle qu'il cache lui-même et semble vouloir faire revivre à l'aide de fragments.

Le récit est ainsi volontairement sombre, flou et intriguant pour planter ces mystères. Il est donc dommage qu'à plusieurs reprises l'humour mal dosé de l'autrice viennent casser cela. Elle semble parfois à la limite de la parodie et ce n'est clairement pas ce qu'on cherche ici quand on est lecteur de celle-ci, du moins en ce qui me concerne. Moi, je cherche une réinterprétation sombre, une nouvelle variante sombre, d'un conte archi connu. Je suis donc pour l'instant un peu mitigée...

Je trouve que l'autrice se contente de recycler et refaire ce qu'elle a déjà fait par le passé sans rien apporter de plus. C'est peut-être réconfortant pour elle pour une reprise, c'est un peu fade pour nous. Il en va de même pour les dessins. Ceux-ci sont tout à fait honorables et capturent bien l'essence de l'ambiance qu'elle souhaite conférer à l'ensemble mais quand on l'a connu par le passé, on ne peut qu'être un peu déçu par le côté plus lisse qu'ils prennent. Après vu qu'elle n'a pas dessiné pendant longtemps, c'est tout de même admirable de retrouver un tel niveau que beaucoup de mangaka expérimentés n'atteignent pas.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce premier tome d'introduction fort riche qui plante le décor, fait découvrir les personnages et amène des thématiques déjà fort riches autour de la famille, des apparences, des rumeurs, de la monstruosité, du rejet de l'autre, etc. Même si l'autrice a déjà fait mieux, c'est tout de même diablement bien fait et très efficace !

En bref

Série signant le retour de Kaori Yuki sous nos latitudes, quand on a était fan de son univers gothico-horrifique romantique, impossible de passer à côté et ce même si elle se répète dans cette nouvelle réinterprétation sombre d'un conte européen bien connu. C'est classique mais parfaitement écrit pour être dérangeant et mystérieux. Amateur de revisite de conte, n'hésitez pas à vous laisser tenter !

7
Beauty and the Beast of Paradise Lost
Positif

Le retour de Kaori Yuki

Un univers sombre et mystérieux

Un beau gothique sombre et merveilleux

Une réinterprétation pleine de potentiel

Un récit mené tambours battants

Negatif

Des dessins qui manquent de caractère

Une autrice qui fait toujours la même chose

Un humour mal dosé

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