Critique Manga Le pacte des yôkai #22

Bourgeon du ciel

Le pacte des yokai est une de ces séries atypiques qui sort en France au comte-goutte alors que pourtant, elle est l'essence même du fantastique à la japonaise, entre subtilité et ésotérisme doux. Yuki Midorikawa est une vraie amoureuse des yokai qui transporte ses lecteurs à chaque tome.

Pouvant être lu de manière indépendante, chaque tome referme plusieurs histoires mettant en scène des créatures fantastiques japonaises méconnue, sous le prisme de leur rencontre avec un jeune garçon, Natsume, qui peut les voir et dont l'ancêtre avait enfermé dans un carnet le nom de plusieurs d'entre eux qu'il entreprend de libérer.

Au bout de 22 tomes, il en a fait des rencontres, croisés des créatures, rencontrés des humains qui les côtoient sans le savoir. L'autrice, elle, a parfaitement balisé sa série et on peut donc prendre un grand plaisir à suivre les aventures de Natsume et de son maître, un drôle de chat qui parle.

Cette fois, Tonkam nous fait le plaisir, après une longue pause, de sortir 4 tomes d'un coup de la série. L'occasion d'y replonger.

La première histoire emmène le héros et ses amis dans une auberge typique, une auberge, qui, depuis des générations accueille des yokai qui viennent, entre autre, admirer ses beaux jardins. Mais tout dérape quand un employé oublie de faire un geste qui permet de filtrer les yokai qui y pénètrent et ainsi d'éviter les drames. C'est une histoire typique comme le lieu où on se plait à trembler face aux yokais qui jouent de mauvais tours mais aussi où on est attendri face à ceux qui au contraire viennent en aide aux humains. C'est charmant et autour de ce si joli thème des jardins à admirer.

La deuxième histoire nous plonge dans un fantastique plus occidental. Un camarade de classe de Natsume le croise un jour après qu'il ait laissé derrière lieu "un doigt" ! Ils se retrouvent après chaque soir autour de celui-ci. C'est une histoire douce, étrange et perturbante, avec un ami qui n'ose dire à l'autre qu'il le trouve bizarre, et une créature derrière qui lutte ainsi contre sa solitude. Etrange et touchant.

Mais c'est surtout la troisième et dernière histoire qui m'a le plus plu. Elle revient sur un épisode du passé de la grand-mère de Natsume, Reiko, celle à l'origine de tout. En découvrant le nom d'une des premières créatures qu'elle a capturées, on remonte jusqu'à une certaine rencontre qu'elle avait fait dans la forêt avec une jeune humaine qu'elle souhait protéger. C'est simple, pur et onirique comme récit. Avec peu de mots et des images puissantes, l'autrice en dit beaucoup sur la solitude de chacune et le bonheur que la présence de l'autre leur fait ressentir. C'est très émouvant.

Et puis, quelques petites histoires viennent également entrecouper cela et ajoutent encore à l'atmosphère fantastique du récit mais aussi au ton pince sans rire qui le pimente. C'est étrange et très savoureux.

On prend plaisir à chaque histoire à retrouver le doux trait de la mangaka et ce voile fantastique qu'elle fait reposer sur l'ensemble de son oeuvre, avec la lenteur de sa narration, la pureté du trait très épuré et filandreux. C'est doux et poétique. Les créatures font cependant réellement peur. C'est superbe.