Critique BD Conan le Cimmérien #14

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Conan le Cimmérien

par MassLunar le mar. 6 févr. 2024 Staff

Conan le flibustier

Découverte par le dernier tome (et oui, ce n'est pas banal) des aventures de Conan le cimmérien dans la collection bd de chez Glénat.

Fort heureusement, chaque tome de cette collection consacrée aux adaptations en bd des fameuses nouvelles écrites par Robert E. Howard est indépendante tout comme l'oeuvre littéraire autour de Conan. De cette façon, chaque volume est adaptée directement d'une petite nouvelle par un dessinateur différent. Il n'y a pas d'ordre de lecture stricte à mon humble avis même si quatorzième album fait suite au troisième tome ( et donc de la nouvelle) Au-delà de la rivière noire. Dans tous les cas, il est possible d'attaquer cette collection par n'importe quel volume. Maintenant, à savoir si chaque tome est aussi qualititatif l'un que l'autre...à chacun d'en juger.

Pour cette quatorzième aventure, l'hommage est ici rendu par Jean-Luc Masbou qui n'est autre que le dessinateur et complice d'Alain Ayrolles sur la fameuse série De capes et de crocs (entre autre) en plus d'être un passionné de fantasy. 

Le dessinateur adapte avec force les aventures d'un Conan en mode flibustier, perdu sur une île en proie à l'attaque de différents pirates à la recherche d'un mystérieux trésor. Ce tome adapte ce qui est sans doute la plus piratesque des nouvelles de Conan, une nouvelle qui, comme l'ont déjà fait remarquer mes collègues, tarde à faire apparaitre le cimmérien... En effet, ce dernier, mise à part dans les premières planches, cède la place à quelques seigneurs des mers égarés sur une île habitée par les pictes. De plus, au niveau du décor, cette bd possède un environnement plus réaliste dans le sens où elle fait écho à une Amérique indomptée avant l'arrivée des colons.

En effet, comme le souligne Patrice Louinet dans le dossier bonus réservé au premier tirage de ce titre : " Le cadre de la nouvelle est , peu, ou prou, l'équivalent hyborien des Etats-Unis, à une époque qui ressemblerait à notre XVIIe siècle.[...] Les tribus indigènes, les Pictes, font irrésistiblement penser aux peuplades amérindiennes..."  Le tome représente ici un huit-clos tout de vert vétue dans lequel des pirates se retrouvent confrontés à des dangers provenant aussi bien de ces pictes , de leurs conflits et aussi d'une étrange malédiction matérialisé par un démon , on reste tout de même dans de la fantasy.

A la barre, Jean-Luc délivre une adaptation tout à fait correcte, notamment au niveau de l'environnement et des couleurs chatoyantes qui deviennent d'un rouge crépusculaire lorsque retentit la bataille. La narration est efficace et on sent que le dessinateur s'est aussi approprié , en s'inspirant de la nouvelle, l'image d'un Conan plus malin, plus rusé dont l'apparition tardive est à la fois le point de résolution et de confrontation du récit. Mise à part les premières planches avec le cliché habituel du Conan torse nue, la figure de cet antihéros vient se méler à l'ambiance de piraterie avec toujours son même code d'honneur. Ici, c'est un Conan flibustier et un peu filou sur les bords...Mais qui vient toujours en aide à la veuve et l'orpheline comme le montre les personnages féminins de cet album.

Bien que le dessinateur ait bien su s'approprier cette nouvelle pour en délivrer une adaptation scrupuleuse, personnellement, je n'ai pas adhéré sur le travail au niveau des personnages avec un style expressif un peu bancal. Un sourire qui semble figé, un regard qui louche, des contours un peu mous...Peut-être Jean-Luc Masbou a dessiné trop d'animaux antropomorphiques  mais toujours est t-il que le dessin de ses personnages peine parfois à convaincre et ce malgré des paysages plutôt réussis.


En bref

Un tome sans doute un peu à part dans l'univers de Conan , un huit-clos sur une île isolée qui fait écho à une sinistre réalité, un Conan plus finaud et plus absent... Jean-Luc Masbou adapte efficacement cette nouvelle même si l'on peut regretter un dessin de personnage qui aurait gagné à être plus affiné.

6
Conan le Cimmérien
Positif

Une aventure flibustière porté par un Conan plus inhabituelle et un environnement qui peut faire écho à une certaine Amérique sauvage.

Un huit-clos tropical bien mise en valeur par le dessinateur de De Capes et de crocs

Le dossier bonus en fin de volume (uniquement sur le premier tirage ! )

Negatif

Dommage que le dessin des personnages ne soit pas à la hauteur des décors

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