Critique Comics Les légendes Marvel #2

1985.

Début 1985, Marvel a terminé la publication de la série Marvel Team-Up avec un #150 signé Louise Simonson et Greg Larocque. Deux mois plus tard (en tenant compte des dates de couverture), le duo a inauguré une nouvelle revue consacrée au Tisseur de Toile intitulée Web of Spider-Man. Cette série n’a pas vraiment été bien traitée par Lug/Semic puisque sa publication fut très erratique, avec de nombreux épisodes restés inédits et ceux traduits ont été ballottés entre différents périodiques comme Spécial Strange, Spidey et Nova. L’éditeur avait même écarté le #1 qui proposait pourtant un moment important de la vie du héros puisque c’est celui dans lequel Spider-Man se débarrasse de son symbiote grâce au choc sonore d’une cloche. Scène vue pendant longtemps en flashbacks pour les lecteurs V.F. avant que Panini se décide à publier ce premier Web of Spider-Man en 2012. Final important (notamment en insistant sur la caractérisation du costume extraterrestre) d’un Web of Spider-Man #1 jusque là peu aidé par des vilains oubliables (les Vulturions, ersatz du Vautour) et une partie graphique tout de même assez fade…

L’année 1985 a notamment été marquée par la sortie du numéro anniversaire Uncanny X-Men #200. Je me rappelle que cet épisode avait été annoncé dans Spécial Strange par un petit article qui détaillait la venue en France de l’équipe créative car le lieu de l’action se déroulait dans notre beau pays. Et ce Procès de Magneto n’a rien perdu de son efficacité…Claremont continuait de développer des sujets forts en mêlant drame, émotion et action et n’hésitait pas à bouleverser le petit monde des X-Men en donnant un nouveau rôle au Maître du Magnétisme suite au départ dans les étoiles de Charles Xavier. Et c’est toujours un plaisir de retrouver les planches de John Romita Jr et Dan Green, le dessinateur montrant une évolution très intéressante avec les années (mais ça c’était avant)…

Changement total d’ambiance avec le premier numéro de la mini-série Rocket Raccoon de Bill Mantlo et Mike Mignola. J’aime beaucoup le Mignola des débuts, c’est détaillé, très riche, très agréable à lire et cette introduction est joliment barge (ce qui est bien en accord avec le concept du Demi-Monde), bourré d’idées, de visuels et de références savoureuses (notamment au cinéma muet).

Après Les Guerres Secrètes, Jim Shooter a amené le Beyonder sur Terre pour une mini-série dont l’influence s’est étendue sur presque toutes les séries Marvel de l’époque. L’entité venue d’ailleurs a cherché à assouvir sa curiosité sur l’espèce humaine dans une suite qui tournait autour du concept du désir sous toutes ses formes. Pas relu depuis très longtemps, j’ai redécouvert un premier épisode assez chaotique qui a du mal à gérer sa distribution bien fournie. Mais il se passe tout de même pas mal de choses et l’action est généreuse…

Daredevil #219 est un fill-in à part, original et décalé par rapport aux histoires habituelles de la série. Frank Miller et John Buscema ont fait de Matt Murdock l’équivalent d’un mutique homme sans nom eastwoodien dans un récit qui aurait également très bien pu se dérouler dans un coin perdu de l’Ouest Sauvage…et qui fait aussi un peu penser à un proto-Sin City. C’est très efficacement raconté, en montant en puissance jusqu’à l’escalade finale.

Et au lieu du Longshot #1 annoncé dans le précédent numéro, ce deuxième Légendes Marvel se referme sur le premier chapitre de la mini-série Balder the Brave de Walt Simonson et Sal Buscema. Une entame réussie (avec l’évolution très convaincante du style du frère de Big John, qui s’encrait lui-même, à partir de cette deuxième moitié des années 80) pour une aventure qui a permis de développer de belle façon des personnages secondaires (Agnar, Karnilla…) tout en posant les bases de la sous-intrigue avec les Géants du Gel que Simonson a ensuite poursuivie dans la dernière partie de sa prestation historique sur Thor.