Critique Manga Beastars #16

8
Beastars

par Tampopo24 le dim. 9 mai 2021 Staff

S'aimer au-delà des normes de la société

Avec sa douce couverture mettant en scène la mère de Legoshi toute songeuse, Paru Itagaki annonce la couleur, les relations interespèces vont encore être au centre de notre histoire mais l'amour aussi !

J'ai encore une fois adoré ce tome. L'auteur joue à merveille avec nos émotions. Elle propose un premier chapitre bouleversant sur la relation complexe que Legoshi a entretenu avec sa mère après que celle-ci ait été touchée par la mutation de son père. Déchirant mais sans pathos inutile, ce qui est tout un art pour arriver à un tel équilibre.

Puis on semble repartir vers quelque chose de plus léger, le temps de retrouver Juno et Louis qui se courtisent oui et non. C'est gentil et un peu désuet, mais sous la légèreté de ces moments se cachent à nouveau la cruciale question des relations interespèces une fois de plus. L'autrice cible tout ce qui les différencie et pourrait les séparer mais qui en fait intrigue plutôt l'autre et suscite son admiration voire son désir. C'est compliqué, surtout dans une société qui pousse uniquement vers les couples de "sang pur" comme nous le découvrons de plus en plus. S'afficher avec quelqu'un de différent est systématiquement mal vu ou problématique, ce n'est pas la norme voulue par la société. L'autrice appuie là où ça fait mal et fait là un parallèle fort avec notre société où les couples différents sont aussi regardés différemment. Ainsi, ce qui pourrait sembler anecdotique est loin de l'être.

Elle réutilise d'ailleurs ce procédé à plusieurs reprise dans le volume, débutant un chapitre par quelque chose qui semble à mille lieu de ce qui nous intéresse pour finalement nous y conduire avec encore plus de facilité et nous asséner une nouvelle révélation. Ce fut le cas avec la mère de Legoshi, ce fut le cas avec Juno, c'est aussi le cas avec l'armée de souris qui soutien Yahya. Tout nous ramène petit à petit à cette nouvelle enquête qui fait graviter tout le monde autour d'elle : la poursuite de la chimère Melon. Et c'est fascinant le rythme d'écriture et la mise en scène dont fait preuve l'autrice pour nous y conduire. Elle semble illustrer l'adage : "Tous les chemins mènent à Rome".

Car en effet, Melon par ses particularités concentre tout : la question des relations amoureuses interespèces et ce à quoi ça peut conduire, la difficile cohabitation carni-herbi, le marché noir et les gangs. J'ai beaucoup aimé la dernière partie avec le piège tendu de main de maître. Le passage chez le tatoueur paresseux est une petite merveille, aussi bien sur ce qu'il nous apprend sur la psychologie de Melon, que sur l'ingénieuse mise en scène de l'autrice se servant des particularités de chacun (Ah la figure du paresseux !). Mais la suite est tout aussi excellente, jouant sur le caractère de Legoshi et ses nouvelles relations. Melon est astucieux, mais Legoshi l'est tout autant sans le savoir grâce à l'aide qu'il reçoit suite à toutes les bonnes actions qu'il a faite. C'est donc un duel assez équilibré et fascinant.

La dernière pièce est livrée dans les ultimes pages du volume et si elle semble sortir de nulle part pour mieux nous surprendre, elle fait aussi sens avec tout ce qui a été travaillé jusqu'à présent sur cette haine des sangs mêlés. J'ai hâte de voir vers quoi elle va se développer.

En bref

Avec un sens du rythme assez fou, Paru Itagaki continue à nous plonger dans son histoire fascinante de gens qui veulent s'aimer sans tenir compte du carcan de la société. C'est beau, dur et fascinant à la fois. Tout est parfaitement maîtrisé, le côté tranche de vie servant le côté polar et le nourrissant. C'est vraiment une très très grande série !

8
Beastars
Positif

Une narration et une mise en scène archi maîtrisées et percutantes

Un discours sur les relations interespèces éclairant

Le mélange parfois entre le tranche de vie et le polar

Des personnages toujours aussi fascinants et jamais tout blanc ou tout noir

Negatif

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