Critique Comics L'accident de chasse

Un livre aussi original par son histoire que par ses dessins.

Charlie est dévoué à son père aveugle, Matt. Sa cécité serait due à un accident de chasse survenu dans sa jeunesse. Mais quand il est arrêté par la police suite à un cambriolage, son père que sa cécité est la conséquence d'un cambriolage auquel il a participé. Mais il a rencontré en prison Nathan Leopold, condamné à perpétuité pour l'assassinat d'un adolescent. Celui-ci est un homme cultivé et riche qui a une vaste bibliothèque. Il va apprendre le braille pour l'apprendre à Matt et lui faire découvrir Dante par la lecture de "L'enfer". Petit à petit, Matt va apprendre à dominer sa cécité et se débrouiller seul.

Je suis toujours prudente vis-à-vis des prix littéraires et le Fauve d'or d'Angoulême n'échappe pas à cette règle. J'ai donc ouvert ce gros livre sans à priori d'œuvre géniale à lire absolument. Il n'a pas fallu beaucoup de pages pour que je sois prise au piège à la fois de l'histoire et des graphismes. Je l'ai lu presque d'une traite.

Pour un premier scénario de BD, David Carlson a fait très fort. Il est vrai qu'il explique avoir raconté l'histoire de son ami Charlie Rizzo et plutôt celle de son père. Il a décrit une relation à la fois complice et complexe entre le fils et le père dont la cécité est le pivot. Bien sûr, la passion de Matt Rizzo pour "L'enfer" de Dante a été imaginée pour boucher les trous du récit biographique. Nathan Leopold y est présenté comme un curieux personnage à la fois détestable et attirant et ses relations avec Matt l'adoucissent au fil du temps.

Je suis une fan quasi inconditionnelle des albums en N&B et c'était un des attraits de cet album. Landis Lair pratique la technique du hachurage et certaines pages sont entièrement remplies de hachures dans tous les sens. Mais les pages où Charlie relit les notes de son père sont totalement différentes : les personnages sont en ombre chinoises sur un fond de texte en braille et les paroles qu'ils échangent sont écrites en blanc sur noir dans de grands pavés pour la lecture et des bulles pour les dialogues. Les pages où Matt imagine la prison comme l'enfer décrit par Dante sont fabuleuses par les petits détails qui y foisonnent.

J'avoue avoir recherché si Loeb et Leopold avaient vraiment vécu puisqu'ils sont présentés comme les criminels les plus odieux de l'époque : des jeunes gens riches ayant tué un adolescent presque par jeu pour prouver leur supériorité sur les autres. Vu la difficulté de la lecture de "La Divine Comédie", je suis étonnée que Matt y ait tellement accroché… le traducteur avait dû être sacrément bon!

Un album sidérant qu'il faut absolument avoir lu… L'an prochain, je ferai plus confiance aux choix du jury du festival d'Angoulême!