Critique Manga Don't Fake Your Smile #3

8
Don't Fake Your Smile

par Tampopo24 le dim. 30 août 2020 Staff

Leçon de consentement

Je ne peux pas dire que ce soit mauvais, c'est même au contraire carrément excellent mais pour autant ce tome m'a franchement mise mal à l'aise !

Aoki Kotomi met le doigt sur le comportement toxique et masculiniste de certains hommes, comme l'a rarement voire jamais fait une autrice de shojo manga. C'est excellent ! Le chapitre d'ouverture qui fait entendre la voix de Niji pendant que Gaku, le garçon qu'elle aime pourtant, l'embrasse de force est magique ! On entend un discours où l'héroïne elle-même se sent piégée. Piégée entre ses sentiments pour le garçon qu'elle aime et le constat qu'elle est obligée de faire sur son attitude qui n'a rien de saine puisqu'il l'embrasse de force. Elle réalise en plus qu'il l'a toujours prise à la légère et n'a jamais été honnête avec elle parce que c'est "une fille". J'ai trouvé ce moment extrêmement bien fait, bien mis en scène et décortiqué, mais il m'a mis terriblement mal à l'aise et m'a une nouvelle fois fait réaliser que je n'aime pas Gaku.

Gaku, c'est vraiment la figure du héros qui m'agace profondément. Il est égoïste, égocentrique, immature. Il a d'énormes œillères sur les yeux et il a beau dire qu'il aime Niji, au final, il ne l'écoute jamais. Du coup, je comprends la colère et le malaise de celle-ci. Je ne sais pas ce que l'autrice a prévu pour la suite mais il serait bien de faire évoluer ce personnage et montrer ainsi une prise de conscience masculine sur la condition des femmes.

La condition des femmes est justement à nouveau traité dans ce tome par l'intermédiaire de deux autres moments clés. Il y a d'abord, la très belle diatribe de Niji envers Hiyori où elle lui demande s'il aurait fallu qu'elle soit violée pour qu'on la prenne au sérieux. Et c'est exactement ça malheureusement. Trop de violences faites aux femmes sont minimisées parce que ce ne sont pas des viols et ce n'est pas normal ! Merci à l'autrice de le souligner. Et puis, il y a aussi le très beau thème de la reconstruction qui est abordé avec une héroïne qui cherche à faire à nouveau confiance à ses sentiments et à son corps mais qui explique bien combien c'est compliqué de passer outre le traumatisme même si elle le voudrait. J'ai été terriblement touchée par la détresse de Niji. Cette scène sur le quai de la gare est déchirante !

Heureusement toute cette atmosphère pesante, qui est renforcée en plus par le rôle plus qu'ambigu de M. Kiryu, est relativisée à plusieurs reprise grâce à des touches d'humour bien distillées. J'avais peur que ça donne faux ou que ça tombe au mauvais moment, ce qui aurait dilué le propos, mais pas du tout, l'autrice gère ça à merveille.

Cependant, je suis un peu triste du rôle d'Hiyori dans ce tome. Je l'ai trouvé particulièrement en retrait malheureusement au profit du "couple", alors que quand il est présent, il crève l'écran. Lui aussi, son ambigüité due aux sentiments qu'il cache et tente d'étouffer, lui fait prendre de mauvaises décisions et rend ses actes pas toujours très corrects. Mais je ne peux m'empêcher de lui pardonner quand je vois ce qu'il traverse et j'ai très peur pour lui pour la suite.

En bref

Une nouvelle fois, Aoki Kotomi a frappé fort dans ce tome, pourtant bien trop court (155 pages...). Elle aborde comme jamais la condition des femmes et son message a une valeur universelle, car il ne faut pas croire que ce qu'elle relate n'a lieu qu'au Japon. C'est d'autant plus fort !

8
Don't Fake Your Smile
Positif

Un message fort qui ébranle

Une héroïne à fleur de peau

Les thèmes du consentement, des violences faites aux femmes et de la reconstruction superbement traités

Une atmosphère angoissante mais allégée par des traits d'humour bien placés

Negatif

Gaku est IN-SU-POR-TA-BLE

Pas assez d'Hiyori

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