Critique Manga Sprite

5
Sprite

par Kamiville le sam. 21 déc. 2019

Sprite démarrait bien avec l’idée du voyage temporel : un groupe de personnes d’un certain étage d’un certain immeuble, suite à des tsunamis temporels se retrouve emporté dans diverses époques. Ils apprennent qu’au contact du temps, matérialisé par une substance noire, ils vieillissent rapidement et que s’ils se font engloutir, ils peuvent carrément mourir de vieillesse quasi instantanément. Cela pose les bases d’un bon survival : stress, tensions au sein du groupe, découvertes d’une faune et d’une flore inconnues à chaque époque parcourue, il y a en outre une très bonne ambiance horrifique, surtout lors du premier voyage temporel où le groupe fait face à des monstres géants et les habitants de la montagne. Le côté horreur est bien mis en avant avec la dominance de teintes noires et blanches dans les couleurs utilisées pour les arrières-plan mais particulièrement remarquable sur le character design de l’héroïne Sû : teint très blanc, cheveux longs, raides et noirs qui constituent certainement une référence à Sadako Yamamura, figure horrifique entrée dans la culture japonaise contemporaine.

Si le concept du voyage temporel semblait très prometteur au début, il est très mal développé par la suite, de nombreuses questions laissées en suspens sont devenues des incohérences jusqu’à la fin qui est totalement insatisfaisante, bâclée peut-être mais certainement pas ouverte (auquel cas, cette fin serait pardonnable) puisqu’elle ne relance aucune intrigue. Parmi toutes les incohérences, on pourra se demander (attention les 4 points suivants constituent du SPOIL) :
- Pourquoi certaines personnes meurent momifiés (la femme enceinte et son mari au début du récit), se transforment en poussière (la femme de M. Aikawa) quand elles plongent dans le temps et d’autres vieillissent juste de quelques années (Setsuko en 2060, les Lost Children qui veulent rester en 2070) ?
- Comment se fait-il que Sû, depuis la disparition de Tokio, soit depuis 10 ans, ait survécu à toutes les vagues temporelles sachant que celles qui transportent dans une autre époque ceux qui peuvent les voir arrivent toutes les 1 à 2 semaines ? De même, pourquoi la tour n’a-t-elle pas été transportée dans une autre époque plus tôt (avant que le récit ne commence) ?
- Pourquoi Tetsu ne semble pas affecté par le temps, alors qu’il le voit (certainement depuis la disparition de Tokio) alors que tout ceux qui le voient vieillissent à son contact.
- Pourquoi quand ils sont transportés en 1945, ils voient une pierre laissée par le clan Sanada victorieux dans un passé alternatif où Genjiro et M. Tsushima auraient défait Nobunaga Oda alors que visiblement, le passé (1945) dans lequel ils ont atterri n’a pas été modifié vu qu’ils sont arrivés à l’époque de la seconde guerre mondiale opposant le Japon contre les États-Unis avec les mêmes évènements (bombardement incendiaire de tokyo du 13 février) ?

Au final, il est pertinent de se demander si la réponse à toutes ces questions n’est pas dans la citation en début de chaque tome : “Le temps ne s’écoule pas de la même manière pour tous les êtres humains” mais toujours est-il que rien n’est explicité.

Pour ce qui est des dessins, le character design est varié sauf pour certains Lost Children qui se ressemblent.
Les décors sont bien détaillés et réalistes presque comparables à ceux d’Inio Asano. Les dessins montrent tout leur potentiel lors des scènes d’action et de mouvements, il y a même une gestion du flou assez impressionnant, le tout servi par une bonne narration de l’action accompagnée d’une multitude d’onomatopées.

Au final, Sprite reposait sur un concept à fort potentiel mais celui-ci a été gâché par de grosses lacunes scénaristiques et bien que le dessin soit réussi dans l’ensemble, il n’enlève pas ce sentiment d’avoir perdu plus de temps à lire le manga que le temps que les personnages du récit ont passé à lutter pour survivre dans leur odyssée temporelle...

En bref

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Sprite
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