Critique Manga Akane-Banashi #1

La découverte du Rakugo

Résumé : Pour la jeune Akane, son père Toru est doté d’un incroyable pouvoir : assis seul sur scène, il est capable de donner vie à une multitude de personnages différents, armé uniquement d’un éventail et d’un carré de tissu ! Toru pratique le rakugo, une forme de spectacle humoristique populaire née il y a des centaines d’années, mais toujours vivante. Malgré les moqueries de son entourage, il rêve d’accéder au rang de maître. La pression est d’autant plus forte qu’il ne veut pas décevoir sa femme, soutien de toujours, ni surtout sa fille Akane… Elle l’admire au point de l’imiter, répétant les scènes de rakugo en cachette ! Le jour de l’examen de passage vers le grade ultime, la barre est placée haut : ce n’est rien de moins que le célèbre Issho Arakawa, maître incontesté de la discipline, qui joue le rôle de juré. Toru donne une performance remarquable, la salle se tord de rire ! Et pourtant, Issho le déclare indigne du titre… Pire, il le bannit à vie du monde du rakugo, sans aucune explication ! La carrière d’artiste de Toru est brisée, sans que personne n’en comprenne la raison… mais Akane reprend le flambeau, bien décidée à réaliser son rêve et à découvrir la vérité derrière ce scandale !

Après la lecture du premier chapitre, chapitre qui est un peu plus long que les autres, on voit déjà se dessiner les codes du shonen que j’apprécie, un objectif bien précis, un récit initiatique marqué, un ennemi bien identifié mais surtout une héroïne introduite de très belle manière avec une montée en puissance tout au long de cette introduction. La suite nous confirme ce ressenti avec en plus des personnages travaillés et développés à la perfection. On a vraiment tous les ingrédients qui me plaisent, rajoutez à cela un thème fort et original, le rakugo.

On connaissait déjà ce thème par le magnifique manga chez le Lézard Noir, le Rakugo à la vie à la mort, mais avec Akane Banashi, l’approche est différente. Le rakugo, qui signifie littéralement « la parole qui a une chute », est un art narratif japonais né au XVIe siècle. On le joue dans la rue sur une estrade, avant de voir peu à peu fleurir des théâtres, les yose, qui lui sont dédiés. Très codifiée, cette forme d’expression artistique demande d’être à genoux sur un coussin, accompagné uniquement d’un éventail et d’un carré de tissu. Ces contraintes obligent le conteur à se servir de ses capacités vocales, expressives et rythmiques pour ménager ses effets, faire vivre ses personnages et nous emporter ainsi dans son histoire ! C’est là une incroyable performance réalisée pour captiver le public jusqu’à l’ochi, la fin du récit, qui prend souvent la forme d’un calembour.

J’ai adoré. Je trouve cette histoire très enrichissante, d’une part par la construction de son héroïne, où son parcourt montre certaine difficulté. Akane, est dès les premières pages, très attachante, son histoire marquée au fer rouge ne peut que nous embarquer. Mais surtout c’est la manière dont le Rakugo nous est expliqué qui rend ce récit si passionnant. Ce thème ancestral qui nous est expliqué petit à petit avec des termes techniques dont on s’approprie le sens très rapidement. Les codes, la signification et tous les éléments qui le constituent nous sont donnés. C’est une sensation très agréable qu’apprendre le concept du Rakugo sans s’en rendre compte et manière extrêmement fluide sans alourdir le récit. Les bonus en fin de tome viennent en rajouter une couche, intitulé « apprenez les bases du rakugo », les auteurs reviennent rapidement sur certains points abordés.

Les dessins parviennent à nous transcrire les différentes émotions et personnages que les Rakugoka veulent faire passer. C’est très bien fait, avec un style un peu différent et en arrière-plan on suit l’histoire que le conteur nous fait passer. C’est Top !

Au final, ce titre allie savamment les codes du Shonen et la discipline ancestrale qu’est le Rakugo. Une série qui a l’air de connaitre un joli succès au Japon, avec déjà 8 tomes, je lui souhaite le même succès en France. Même si le thème nous est moins familier, il est raconté de telle manière qu’on ne peut qu’adhérer. Et je peux déjà vous dire que le tome 2 est dans la même veine, du très bon…