Critique Manga Cesare #13

9
Cesare

par Tampopo24 le mer. 18 oct. 2023 Staff

Et le nouveau pape est... !

C’est sur le nombre hautement
symbolique de 13 que la publication qui aura durée 10 ans de Cesare se
termine chez nous en France. Fuyumi Soryo, reconnue comme grande
autrice, y aura fait preuve d’une belle aura d’historienne également
faisant revivre une époque révolue avec brio !

Je ne croyais plus voir arriver ce
dernier tome après la longue pause de l’autrice. Mais celle-ci a tout de
même conclu son oeuvre, peut-être de manière un peu abrupte mais d’une
manière fort émouvante, comme si elle s’arrêtait là de nous conter la
vie de ces héros tandis que celle-ci se poursuit. Elle aura fait preuve
en tout cas, pendant ces 10 ans, de beaucoup d’abnégation et de courage à
la tâche, car elle se livrait là à une sacrée oeuvre de reconstitution.

Désormais à nouveau reconnue pour son chef d’oeuvre Mars qui ressort chez Panini, j’espère
que la publication de ce dernier tome donnera envie aux curieux de se
pencher sur sa production histoire car la qualité y est aussi au
rendez-vous et j’en profite pour saluer Ki-Oon qui jusqu’au
bout a maintenu la charte graphique de la série, conservant son logo
d’origine pour ne pas gâcher la collection dans nos bibliothèque. Merci !

Ce dernier tome est l’occasion d’une
dernière maestria, celle des votes finaux du conclave et de l’élection
du nouveau pape. Même en en connaissant l’issue, je me suis totalement
laissée prendre au jeu de cette lutte d’influence acharnée. C’était
prenant et immersif de se retrouver ainsi dans les coulisses et de voir
se jouer devant nous une réalité qui peut nous échapper quand on lit
juste les rapports dans les essais d’historiens. Ici, l’autrice se colle
dans les pas des votants et ce fut passionnant de suivre les
tractations, les pressions, les retournements, les surprises et les
déceptions. Ces grands hommes, à l’âme pas si grande, ont revécu sous
nos yeux et se sont incarnés dans les pages du manga de Fuyumi Soryo.

La frustration est ainsi d’autant plus
grande de s’arrêter là alors que la famille que nous suivions atteignait
enfin son point d’orgue et avait encore tellement à raconter dans cette
ascension suivie d’une chute vertigineuse. Mais l’autrice s’est
contentée de l’ascension et de la victoire durement acquise pour
conclure sur une note positive malgré les bémols, bien réels, apporté
aux situations de chacun. Au moins a-t-on un Cesare heureux de ne pas
avoir travaillé pour rien. J’aurais cependant aimé suivre l’homme de
guerre après l’homme de savoir et d’église que nous avons découvert.
Tout comme j’aurais aimé suivre les déboires de son frère Juan, les
aventures matrimoniales de sa soeur Lucrezia, voire même comment la
famille Medicis allait se remettre de ce revers. L’autrice laisse
tellement de choses en suspens comme si elle s’était essoufflée au cours
de cette vaste fresque qu’elle avait tellement détaillée dans les
premiers tomes, peut-être trop pour tenir au long cours.

Je salue donc son talent d’historienne et
de conteuse, mais également de dessinatrice, car son dessin fort
réaliste m’a comblée de détails dans cet ultime opus en nous plongeant
dans les dessous de la papauté à Saint-Pierre, dans les recoins de ce
lieu secret, mais aussi à travers les routes et chemins d’Italie, ou
encore dans les villes traversées. Les décors sont superbes de réalisme.
Je pense notamment à ces dallages et peintures que l’on croise, mais
aussi aux tenues des personnages ou à leurs accessoires. L’amatrice
d’Histoire du quotidien fut comblée et il serait bien que plus de
dessinateurs suivent ce chemin et se documente aussi bien qu’elle.







Ultime au revoir à une famille à
l’histoire mouvementée que j’ai aimé croiser ici, ce dernier tome stoppe
l’aventure à un moment clé, permettant de boucler la boucler et montrer
un achèvement. C’était puissant, tortueux, terriblement immersif avec
une vision fort cynique mais réaliste de ces personnages historiques
dont l’autrice n’a rien caché. Je regrette d’arrêter l’aventure ici mais
j’ai aimé plonger dans ces coulisses de la grande Histoire et la voir
s’agrémenter d’un ajout des plus humains en la personne d’Angelo, notre
petit ange venu soulager et éclairer la vie du sombre Cesare. Une
bouffée d’air frais dans cet univers cruel et une dernière image en mode
« Le cercle des poètes disparus » qui permet de clore ce chapitre le sourire aux lèvres. 

En bref

Merci à Fuyumi Soryo pour cette grande oeuvre historique !

9
Cesare
Positif

Une oeuvre historique de qualité, très documenté

Le plaisir de pénétrer dans les coulisses de ce grand moment

La précision et le réalisme immersif des dessins

Des destins tragiques qui se jouent : ascension et chute à venir

Une ultime page forte en émotion et symbolique : la vie continue !

Negatif

Une oeuvre qui s'arrête alors qu'elle commence...

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