Critique Manga Arrête de me chauffer, Nagatoro #1

Une chipie craquante

Effectuons un petit retour en arrière, en mars 2021, avec la publication par les éditions Noeve de l'une de leurs premières séries inaugurant leur label manga : Arrête de ma chauffer, Nagatoro. 

Un choix judicieux puisque cette peste de Nagatoro est sans doute l'un des meilleurs succès de l'éditeur qui ne se prive pas d'assortir chaque nouveau tome avec une petite édition deluxe. 

Avec un peu de décalage, j'ai fini aussi par craquer devant ce manga qui est une véritable bulle de bonheur, le côté guimauve en moins, le côté espiègle et gentiment méchant en plus ! 

Arrête de me chauffer, Nagatoro se démarque par son très bon confort de lecture. Nous sommes dans un manga à sketchs dans la lignée de titres tels que La voie du tablier ou Quand Tagaki me taquine. Pourtant, Nagatoro privilégie aussi un fil conducteur à travers la relation entre deux personnages que tout oppose et qui vont d'abord se rencontrer sous le lien du harcèlement. En effet, Nagatoro , c'est une rencontre entre  "Senpai", un lycéen de première introverti et effacé qui adore dessiner des mangas et une jolie élève de seconde aux yeux rieurs et au sourire féroce, Nagatoro qui inexplicablement décide alors d'embêter le premier. Embêter, le mot est un peu faible pour Nagatoro qui enchaine les vannes et les humiliations envers son senpai. 

Ce premier tome présente en toute logique ce duo de personnages qui se rencontre un beau jour dans une bibliothèque.  Le début de la fin pour celui qui se fait constamment appeler Senpai et dont on ne connait pas encore le vrai nom dont la timidité et les émotions sous à chaque fois mises à rude épreuve par les taquineries de Nagatoro, cette dernière allant parfois un peu trop loin mais qui aime bien, taquine bien... Ainsi donc, ce premier tome enchaine immédiatement les sketchs entre nos protagonistes et inaugure efficacement leur relation où derrière un humour ravageur et génialement efficace, se cache aussi une pointe de non-dit romantique mais attention ce n'est que le début.

Difficile de résister à ce début de série que nous refermons le sourire aux lèvres avec juste une envie : celle de découvrir la suite des aventures de Nagatoro et Senpai. Le (ou la) mangaka Nanashi parvient dès ce premier volume à délivrer un titre bourré d'humour avec juste ce qu'il faut de "tendresse" si tant est qu'on peut distiller de la tendresse chez Nagatoro. Un contenu craquant qui est servi par l'excellent chara-design du mangaka. Si senpai correspond bien au personnage de geek renfermé et ultra-timide , rougissant à la moindre occasion, Nagatoro est une lycéenne tout simplement explosive avec son sourire démoniaque, ses petites canines ... C'est un personnage stylée qui dynamise le manga à chacune de ses apparitions. Le mangaka joue bien sûr la carte de la fausse cruauté chez Nagatoro qui détonne parfois un peu avec ses expressions de gène lorsqu'elle réalise qu'elle est allée trop loin dans ses taquineries. C'est un personnage très bien dosée, gentiment aguicheur, vivante et féroce mais qui possède un bon fond. 

De ce fait, son duo est parfaitement assorti avec un senpai qui est forcément plus en retrait mais dont on sent qu'il peut gagner en confiance face aux blagues intempestives de la seconde. 

Même si ce manga est avant tout une suite de sketchs, le dessinateur impose un rythme habile avec des moments-phares dans ce premier tome comme les chapitres où Nagatoro (s'im)pose comme modèle face à un senpai totalement perdu. Ces chapitres ouvrent et clôturent les festivités de ce premier volume et soulignent déjà une petite évolution chez les personnages. 

Nagatoro est un manga à sketch mais qui évite déjà l'écueil lourdingue de la répétition. Servi par une bonne traduction, Nanashi multiplie les interactions entre nos deux personnages et les clôturent sur une très bonne chute. On retiendra notamment la qualité des petits chapitres bonus ( le coup du bain et de la caméra, les chocolats...) qui soulignent le talent du mangaka pour concocter des petites histoires très courtes mais bien rythmés et bien narrés. 

Ainsi donc, nous nous prenons facilement au jeu des taquineries avec un duo qui vient nous toucher en plein cœur par le biais d'un humour omniprésent mais aussi un peu plus de profondeur sentimentale à travers ces deux personnages que tout oppose mais que tout relie.