Critique Manga Angolmois #10

7
Angolmois

par Tampopo24 le mer. 31 mai 2023 Staff

Dernière bataille

Après m'avoir passionnée pendant 10 tomes, il est temps pour le premier arc d'Angolmois, celui de la superbe résistance de Tsushima de tirer sa révérence.

Cela aura été avec passion et brutalité que j'aurai suivi ces derniers instants de l'invasion mongole sur l'île japonaise de Tsushima avant que ceux-ci ne se rendent à Kyushu pour continuer à sévir. Depuis 2019, au Japon, l'auteur a d'ailleurs entrepris de nous conter cette suite avec Angolmois: Genkou Kassenki: Hakata-hen qui totalise 7 tomes pour le moment. Il faut espérer qu'on l'ait un jour également en France pour poursuivre l'aventure.

Ce dernier volume aura encore été intense à lire, l'auteur ne nous épargnant rien de la violence, l'injustice et la frayeur de ce moment. Il nous entraîne au plus près de ce qu'on vécu les habitants de l'île, obligé de jouer leur vie comme jamais, face à un envahisseur sans visage, totalement déshumanisé et transformé en monstre inarrêtable. Si je regrette encore une fois le manque de travail sur le peuple mongol représenté ici seulement comme un brutal envahisseur sans incarnation, je comprends aussi que cela participe du sentiment de frayeur et panique général. Pas besoin de connaître son bourreau pour en avoir peur.

La puissance scénaristique est donc là, incarnée uniquement par quelques personnages, tous dans le camp japonais. On suit en tremblant leur fuite pour réchapper à cette déferlante en règle où la mort est partout. Encore une fois, l'hécatombe est réelle et on perd des personnages qu'on appréciait, souvent de manière tragique, ce qui est très bien mis en scène par le mangaka. On assiste aussi impuissant, effrayé et révolté, aux exactions mongoles : tueries, viols, mutilations, captures et j'en passe. C'est un autre monde et une brutalité à laquelle on n'est plus habitué, représentée de façon très crue ici avec un auteur qui enchaîne les cases avec violence, à un rythme presque déchaîné, tant l'urgence était grande et la peur aussi.

Angolmois a vraiment incarné ce retour à une certaine primativité. Les peuples sont primitifs. Le lieu est primitif. Les croyances sont primitives. Tout cela rend le récit dépaysant et immersif. Alors s'il manque parfois un peu d'incarnation en dehors de Jinzaburo, je ne peux pas dire que le décor historique n'est pas incarné, lui. Il y a bien sûr de ci de là quelques erreurs, anachronismes, fantasmes, mais l'ensemble reste réussi. On comprend la rudesse de l'époque, son besoin de se raccrocher à quelque chose de concret et mystique à la fois incarné par des forces qu'on prête à la nature (leurs croyances animistes), ce besoin aussi d'un pouvoir incarné sur lequel se reposer (la princesse). Tout est parfaitement rendu, ce qui est assez émouvant étrangement.

En bref

Je referme donc ce volume avec le sentiment d'une histoire rondement menée, prenante, immersive où j'ai vraiment vécu ces quelques jours tragiques et plein de courage à la fois à côté du peuple de Tsushima. Et l'envie est là de revivre la même chose à Kyushu, tandis que l'invasion mongole se poursuit. J'espère donc que l'éditeur français nous annoncera prochainement quelque chose à ce sujet. En tout cas, merci pour cette intense découverte d'un pan méconnu de l'Histoire japonaise.

7
Angolmois
Positif

Un ultime volume intense

Un auteur sans concession

La violence brute de la guerre sous toutes ses formes

Un dessin vif, brutal et puissant

Une fin qui appelle une suite mais qui offre une émouvante conclusion après ces drames

Negatif

Où est la suite ?

Un manque d'incarnation chez les Mongols mais aussi un peu chez les Japonais en dehors de Jinzaburo

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