Critique Manga 10 dance #6

7
10 dance

par Tampopo24 le jeu. 25 mai 2023 Staff

Post rupture

L'autrice n'emprunte décidément pas la voie de la facilité. Elle nous offre avec son duo de danseur les mêmes émotions complexes que ce que les musiques sur lesquelles ils dansent nous font ressentir : de la passion, de la joie, de l'excitation mais aussi de la tristesse et parfois même une pointe de douloureuse solitude. C'est perçant !

Alors qu'on ne s'y attendait pas, Inoue Satoh nous a offert une scène de rupture des plus déchirantes dans le dernier tome. Il faut cependant à ses héros continuer à vivre et avancer dans la voie qu'ils ont choisi, ce qu'ils vont entreprendre de faire ici avec courage. Le courage d'affronter ainsi leurs sentiments et ce qu'il en reste. Le courage de laisser leur relation en l'état sans tenter d'améliorer et réparer les choses ce qui aurait été encore plus compliqué pour eux ensuite vu qu'ils ne sont pas prêt. Alors cela donne un récit âpre, étrange, un peu en suspension, rempli de non-dits, avec une danse qui ne parvient plus à combler les blancs et avec une incertitude permanente qui use.

J'ai donc été ravie de revoir les 10 Danses reprendre le dessus et de suivre l'évolution de nos deux hommes, car c'était tout de même un brin étouffant et malaisant de les voir taire ainsi et réfréner les sentiments qu'ils ont pourtant. Pour autant, je ne me suis pas sentie plus rassurée en suivant leur destinée de danseur. En nous replongeant là-dedans, l'autrice nous emmène à la découverte de nouveaux personnages et nouveaux éléments de cet univers qui m'ont profondément dérangée. Il y a d'abord ce mécène qui se pointe et se propose d'acheter Sugiki comme un gigolo pour ne pas dire un prostitué. Ce qu'il suggère et ce qu'on voit se mettre en place avec un artiste soumis ainsi aux caprices de son mécène et entraîné dans des soirées 'mondaines' glauques a vraiment mis mon coeur à mal. Ensuite, on retrouve ce même mécène régentant également la vie de Suzuki, choisissant sa garde robe, son logement, lui imposant un garde du corps. Est-ce vraiment cela le milieu de la danse pro ? Des artistes soumis aux caprices de leurs mécènes ? Je ne l'avais jamais pensé et ça m'a frappé brutalement.

Heureusement nous avons aussi des à côtés un peu plus enthousiasmants et moins plombants moralement. C'est un bonheur de les revoir danser et apprendre de nouveaux pas, même de manière hésitante et maladroite avec le malaise de la relation qu'ils avaient et auraient pu avoir. Cependant quand ils se retrouvent, même si on a perdu en fougue et passion, cela reste d'une belle émotion tendre et charnelle qui saisit. C'est lumineux de les voir redanser dehors sous le regard de leurs admirateurs, mais également entraînant de voir la dernière danse arriver : le slow fox, celle qu'ils croyaient la plus simple mais qui ne le sera pas. Et cerise sur le gâteau, de nouveaux entraîneurs arrivent pour casser la routine et redonner de l'élan, là où ça devenait un peu routinier, notamment avec leurs compagnes encore et toujours oubliées sur le bas côté... Là de nouvelles dynamiques et problématiques vont sûrement apparaître que j'ai hâte de voir.

En bref

Ce tome de la post-rupture ne fut pas des plus aisés à lire. Il est pesant, parfois malaisant, mais tellement à fleur de peau qu'il nous touche et émeut. Le travail de l'autrice sur la façon dont un amour impossible peut être laissé pour se déliter seul mais reste douloureux car toujours là est vraiment très juste. Cela nous pénètre. Sur un rythme plus lent, alors que l'intrigue accélère à nouveau, on est rongé par l'intériorité de ces garçons qui se cherchent à bien des niveau, tandis que leur destin de danseur s'emballe entre mécénat et nouvel entraîneur. La danse entre eux n'en finit donc jamais vraiment, c'est ce qui nous passionne et les ronge.

7
10 dance
Positif

Un très beau tableau d'une relation post-rupture

Des personnages à fleur de peau émouvant

Des moments de danse toujours aussi intense et lumineux

Une intrigue qui avance : mécénat, nouveaux entraîneurs

De nouveaux personnages

Negatif

La découverte du côté glauque du mécénat qui met très mal à l'aise

Une narration manquant de transitions

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