Critique Film Liz et l'oiseau bleu

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Liz et l'oiseau bleu

par Shun le mer. 4 mai 2022

Voyage au cœur de la psyché adolescente


Liz et l'oiseau bleu est un film d'animation sorti en 2018 (2019 en France) et c'est avec Mad Max Fury Road le film que je regrette le plus de ne pas avoir vu au cinéma.

Liz et l'oiseau bleu se passe dans l'univers du manga/animé Sound! Euphonium (Hibike! Euphonium) mais on s'en fout (presque) dans le film. Ça nous raconte l'histoire de deux amies très proches qui vont jouer pour un concours musical de fin d'année (la dernière du lycée) la pièce Liz et l'oiseau bleu. Or, les deux héroïnes se rendent compte que l'histoire de Liz évoque la leur, à savoir : une femme solitaire rencontre un oiseau bleu, elles deviennent amies mais un jour l'oiseau devra la quitter.

On retrouve ici deux histoires qui se font écho, avec différents styles d'animation et de musique. Le monde imaginaire sera lié à la musique classique tandis que le monde réel aura une tout autre orchestration.

À la tête du projet on retrouve la même équipe que pour A Silent Voice (promis c'est moins dur). À savoir la même réalisatrice, Naoko Yamada, la même scénariste Reiko Yoshida et le même compositeur)

Le style de Yamada est ici poussé encore plus loin en liant tous les détails de son film pour en faire une œuvre puissante et extrêmement cohérente où absolument tout fait sens et rien n'est laissé au hasard.

Le film va suivre l'évolution des sentiments des deux lycéennes (jamais sexualisées) avec pudeur, restant dans l'enceinte de l'école qui semble Ies espionner. C'est une histoire intime et Yamada nous le fait ressentir. Plus que voir, ce film essaie de vraiment intéresser tous nos sens.

L'histoire est simple (enfin...) et pas trépidante dans ses péripéties pourtant le film sait nous hypnotiser. Sa mise en scène est presque expérimentale. Les cadres, les flous, les mouvements, tout est important. Le film se focalise sur ses deux personnages principaux et ce sont elles qui rythment l'histoire. Et quand je dis focaliser c'est vraiment très très focalisé. On a de nombreux gros plans sur elles, ou des parties de leur corps exprimant leurs émotions. Yeux, cheveux, bouche, mains, doigts, pieds, postures, chaque petite réaction est montrée (et ce sans les déshumaniser). Le fait d'être collé à elles donne une sensation d'être happé dans leur psyché jusqu'à en perdre le souffle. Yamada crée une intensité folle par de petits rien grâce à ce rythme particulier. J'ai frissonné pour un battement de cils, j'ai pleuré pour une expiration contenue, j'ai exulté pour une mèche de cheveux. Les scènes autour du climax du film sont fabuleuses,intenses et haletantes.

Ce sont les personnages qui donnent le rythme, un rythme bien différent selon leur caractère. On peut même voir certains choix de leur chara design qui font penser que vraiment tout est pensé. Pour distinguer les deux jeunes femmes, l'une a des chaussettes blanches (Mizore) et l'autre des chaussettes noires (Nozomi). Il faut connaître le caractère des deux lycéennes ici : Mizore est très introvertie et solitaire, Nozomi étant sa seule amie. Justement, Nozomi est plus sociable et extravertie. Elle donne le rythme à la première. Ainsi on a une blanche et une noire (les notes et les chaussettes et ça match avec leurs caractères). Nozomi a également une queue de cheval qui ressemble fortement à une croche.

Le rythme n'est clairement pas laissé au hasard car la musique est très importante dans le film. Comme dans A Silent Voice, la musique est simple, semble se chercher.

La bande son a été faite en utilisant des bruits d'école (brosse de tableau, fenêtres etc etc) ce qui crée une véritable immersion dans le décor qu'est justement le lycée. En plus, les personnages participent à cette musique.

Comme vous pouvez vous en douter, puisque elles sont musiciennes, l'orchestration joue un rôle important. Le thème principal est, en plus d'être magnifique, souvent présent dans le monde du conte jusqu'à un des moments fort du film où les élèves jouent et qui peut donner une leçon à Whiplash. Donc pour résumer l'ost du film mélange orchestre symphonique et expérimentations.

Ce film ne doit pas juste être vu comme un joli dessin animé aux couleurs pastels de son blu ray. C'est une grande composition, une véritable maîtrise artistique de réalisation et une histoire de passage à l'âge adulte, de prise de conscience de soi, de compréhension de l'amour avec la maturité que cela demande.

En bref

Le chef d'oeuvre de Naoko Yamada, spin-off de la série Sound! Euphonium, qui suit deux personnages secondaires : Mizore et Nozomi. Leur découverte du conte musical Liz et l'oiseau bleu ainsi qui semble évoquer leur relation. Cette relation disjointe/inégale sera le coeur du récit. La réalisatrice dépeint les peurs et les doutes de ce changement à venir, de la fin du lycée avec une grande maestria, pensant chaque plan, chaque battement de cils comme une note et une expression de l'intimité adolescente dans un bijou d'animation.

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Liz et l'oiseau bleu
Positif

Une grande maitrise cinématographique.

Une musique inspirée, très souvent diégétique d'une manière ou d'une autre.

Les personnages touchants.

La beauté de l'animation.

Negatif

Le rythme ne plaira pas à tout le monde.

On peut être perdu si on ne connait pas Hibike! Euphonium (mais pas obligatoirement, je n'ai pas été perdu à mon premier visionnage).

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