Critique Manga New love, new life ! #1

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New love, new life !

par Tampopo24 le lun. 31 janv. 2022 Staff

Conjuguer amour et travail

Il y a un peu plus d'un an, Kana lançait sa collection Life avec entre autre First Job New Life, série déjà écrite par Nemu Yoko. Mais celle-ci n'était en fait que le spin-off de New love New life dont je vais maintenant vous parler.

L'autrice, qui a de la bouteille, avoue elle-même qu'après 21 ans de publication de oneshot, c'est sa première sortie en volume relié. C'est dire si le monde de l'édition japonaise est rude et si la persévérance de ses auteurs est grande. C'est avec le même esprit que ses personnages s'engagent dans l'histoire qu'elle va nous décrire.

Sur le même modèle que First Job New Life, que nous avons déjà découvert, nous allons suivre pendant 3 tomes cette fois, une jeune graphiste et illustratrice qui sort de la fac et a son premier boulot un peu sérieux dans une agence de pub spécialisée dans l'univers du Pachinko, ce jeu de hasard japonais qui se joue avec des billes. L'autrice utilise clairement les mêmes ressorts d'une série à l'autre avec peut-être un sentiment de maladresse plus exacerbé ici si on compare avec la fluidité de son spin-off. 

Elle décrit à nouveau le monde impitoyable du travail au Japon où on ne compte pas ses heures, où on se met soi-même la pression pour finir son travail et bien le faire, où on s'investit à fond mais aussi où on peut nouer de belles relations, même si ce dernier point n'est qu'à peine esquissé pour le moment... En effet, comme elle qui a travaillé dur pour arriver là où elle est et qui n'a rien cédé, elle nous présente une héroïne archi bosseuse qui va tout donner et céder, même sa relation amoureuse, pour ce premier boulot auquel elle s'attache malgré elle.

Cependant, malgré une description un peu simpliste et réductrice du monde du travail par cette jeune active, on sent également poindre quelques critiques très actuelles. L'autrice aborde subrepticement le droit à la déconnection, le besoin d'avoir une vie en dehors du travail et le droit d'avoir un environnement un tant soit peu agréable pour travailler. C'est mince mais bien présent. Ainsi, je me suis vite attachée et amusée des aventures au boulot de notre jeune héroïne. Je l'ai trouvé fraiche, franche et attachante. Son quotidien m'a parlé car il m'a semblé parfaitement réaliste malheureusement avec parfois ces boulots énergivores où on veut en faire trop au détriment de sa propre vie. Bien sûr, on est dans une exagération typiquement japonaise mais certains thèmes sont parfaitement universel.

Le ton voulu par l'autrice, lui, permet au titre d'être vraiment accrocheur. En effet, dès les premières pages, elle présente un lieu de travail totalement caricatural avec un patron acariâtre, un collègue qui se balade en caleçon voire moins et un autre qui se lave les cheveux sur place. Ça se chambre et se taquine souvent mais c'est aussi plein de chaleur humaine car ça se soutient quand il y en a besoin. L'héroïne fait en plus une jolie rencontre sur le toit de l'immeuble avec un employé d'une autre agence travaillant aussi à l'étage avec qui elle va nouer une relation où chacun se serre les coude. C'est donc assez bon enfant et agréable à lire comme titre.

Après, si vous avez déjà lu l'autre oeuvre de l'autrice publiée par Kana, vous trouverez peut-être celle-ci moins aboutie. Cela se sent dans une narration plus maladroite, un dessin moins fin, des situations moins profondes. On comprend pourquoi l'éditeur a fait le choix de commencer par son spin-off. Mais comme je soutiens totalement l'intention de publier de vrais josei chez nous avec des héros et des problématiques adultes et actuelles, je continuerai l'aventure et je vous y encourage aussi. 

En plus, cette fois, l'éditeur nous a entendus en respectant les superbes couvertures pop et onirique de l'autrice, ce qui est bien plus beau que les précédentes. Le dessin de l'autrice toujours inspiré de mangaka comme Yumi Unita (Drôle de père), Chica Umino (Honey to clover, March comes in like a lion) et Yuki Kodama (Kids on the slope) me plait énormément par son expressivité tout en sobriété. 

En bref

Le bonheur de voir Kana poursuivre sa collection Life avec une certaine forme de politique d'auteur. J'aime avoir les deux titres que Nemu Yoko se déroulant dans cet univers d'une agence de pub pour pachinko et j'espère qu'on aura ensuite le troisième et dernier sur Mano (Gozen 3-ji no Fukyouwaon), une autre employée, car ce sont des titres actuels pour mettre en lumière le monde du travail à la japonaise avec ses belles valeurs mais aussi ses travers. Une critique intéressante d'un modèle qui doit interpeler et des questions universelles sur ce qu'on attend du travail et de sa vie perso à côté.

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New love, new life !
Positif

La préquelle de First Job New Life

Le respect des couvertures d'origine

Un dessin pop et sobre très expressif

Un tome humoristique et sarcastique

La découverte du monde du travail au Japon par le prisme d'un premier boulot

Des critiques modernes sur le droit à avoir une vie privée

Negatif

Une narration et des dessins un peu plus maladroits que sur First Job New Life

Des critiques un peu légère

Une vision un peu trop idyllique du travail à tout prix

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