Critique Manga Dans l'ombre de Creamy #1

7
Dans l'ombre de Creamy

par Tampopo24 le jeu. 6 mai 2021 Staff

Le retour de notre idol chérie

Depuis quelques temps, les Magical Girls semblent avoir le vent en poupe, notamment chez l'éditeur de vieilleries Black Box, qui a dernièrement publié Magical Angel Creamy Mami: Long Good-bye. Pour l'enfant que j'ai été à la fin des années 80 et au début des années 90, c'est un vrai plaisir de replonger dans cet univers qui m'a bercée. 

Cependant, contrairement à son collègue, ici Kurokawa ne propose pas la version originale du manga - ce que j'aurais bien aimé au passage, mais je crois avoir lu qu'il arriverait prochainement chez Black Box -, non l'éditeur nous offre une version inédite : celle de l'histoire racontée à travers les yeux de la rivale de Creamy. Une vision ma foi originale.


Aux manettes, nous n'avons pas la dessinatrice d'origine, Akemi Takada, dont j'aime tant le trait, mais une jeune mangaka qui a une dizaine de titres à son actif depuis les années 2010 : Emi Mitsuki. Ce n'est jamais facile de reprendre l'univers de quelqu'un d'autre et encore plus quand celui-ci a la réputation d'Akemi Takada, mais j'ai trouvé que la mangaka s'en sortait avec les honneurs, reprenant certaines lignes mais sachant aussi s'en éloigner pour offrir sa propre patte. Nous allons ainsi la suivre sur 4 volumes dans de nouvelles aventures.

Un peu comme City Hunter Rebirth qui revisite l'univers de Tsukasa Hojo tout en lui rendant hommage, Dans l'ombre de Creamy fait de même en offrant une vision différente et enrichie de cet univers. Dans la série animée d'origine qui a eu un grand retentissement dans les années 1980, nous suivions une fillette aux pouvoirs magiques qui pouvait se transformer en adulte grâce à un animal ou un accessoire magique, pour faire le bien autour d'elle à travers ses chansons. Creamy mettait en avant le phénomène des idols japonaises, ces jeunes talents hyper médiatisés et markettés qui étaient voués à travailler d'arrache-pied pour correspondre à un certain idéal. La réalité était cependant bien rude derrière cet univers aux mille et une paillettes et la compétition entre idols féroce. C'est dans cet univers très concurrentiel que nous propose de plonger Dans l'ombre de Creamy.

En effet, pour revisiter cet univers Emi Mitsuki a choisi un angle plus mature que celui de la série animée d'origine qui était bien souvent toute gentille et mignonne. Ici, l'héroïne ce n'est pas Creamy mais Megumi, sa rivale. Megumi est déjà une idol installée quand débute l'histoire mais elle est en perte de vitesse et son agence cherche déjà quelqu'un pour la remplacer et relancer la machine. Ils tombent par hasard sur Creamy chez qui ils ressentent un grand charisme et ils décident de la lancer, oubliant un peu la pauvre Megumi. Mais celle-ci s'est trop battue pour en arriver là et compte bien ne rien lâcher.

J'ai beaucoup aimé redécouvrir l'histoire de mon enfance à travers le regard plus adulte de Megumi. C'était intéressant d'apprendre comment celle-ci en était arrivée là et les pensées qu'elle cachait à l'intérieur d'elle quant à son métier d'idol et ce qu'il impliquait. Megumi n'est pas juste la peste que nous présentait le dessin animé, c'est surtout une vraie professionnelle attachée à sa place de chanteuse numéro 1 et compte bien tout faire pour la garder. Ainsi, Emi Mitsuki ne nous présente pas vraiment la méchante rivale qu'on connaissait, mais plutôt la chanteuse qui a bossé pour en arriver là.

Avec elle, nous découvrons, certes un peu vite pour le moment, les terribles coulisses de cette industrie des idols représentée le directeur Shingo Tachibana. Ce dernier est juste la dernière des pourritures. Il semble totalement avoir oublié le rêve qu'il partageait avec Megumi, trop ébloui par les paillettes de ce métier, mais surtout par cette course constante à la nouveauté que l'industrie exige d'eux. Sous des dehors comiques, parce que l'autrice se moque quand même bien de ce personnage en le ridiculisant sans arrêt, il incarne en fait tous les travers de ce milieu que l'autrice ne se gêne pas pour dénoncer. Ça change de la vision quand même un peu idyllique de la série d'origine, qui lissait tout ça derrière la passion de Creamy.

Dans l'ombre de Creamy est donc loin d'être une pâle copie de la série d'origine, c'est plutôt ce qu'on appelle un "livre compagnon", c'est-à-dire une histoire qui développe un autre aspect méconnu de l'intrigue. J'ai beaucoup aimé cette orientation, ce choix et j'ai trouvé intéressant de voir "la méchante" sous un autre angle, plus réaliste et moins enfantin.

Cependant, la narration va très vite dans ce premier tome, suivant un peu le rythme du dessin animé d'autrefois. L'autrice reprend bien sûr quelques scènes clés, puisque c'est la même histoire mais vu sous un autre angle. Les nostalgiques de la série seront donc ravis de retrouver le café Creamy avec Yû et ses petits chats, Toshio, Midori ou encore les parents de Yû. La série joue à fond la carte de la nostalgie avec des petits encarts entre les chapitres sur ce qu'on pouvait trouver dans ses années-là. C'est sympathique.

Le dessin d'Emi Mitsuki surfe lui aussi sur cette vague mais l'autrice a su y insuffler une dose de modernité avec un trait plus léché. Cependant, je dois avouer que pour moi, même s'il est bien réalisé, il fait pâle figure par rapport à la poésie de celui d'Akemi Takada qui était tellement aérien (cf ci-dessous).













En bref

Revisite moderne d'un dessin animé culte de mon enfance, Dans l'ombre de Creamy ose nous proposer un nouveau conte désenchanté sur une idol japonaise qui se fait voler sa place par une petite nouvelle. Loin de la caricature de la "méchante", Megumi devient une jeune femme sensible et travailleuse sous le trait d'Emi Mitsuki. J'ai autant aimé replonger dans cet univers connu que le redécouvrir sous un autre angle. Très belle réinterprétation !

7
Dans l'ombre de Creamy
Positif

Une revisite moderne

Un angle de vue intéressant

Une histoire plus mature que l'anime d'origine

Le plaisir de retrouver un univers connu

Une héroïne surprenante et attachante

Negatif

Des dessins un peu trop lisses et qui ne soutiennent pas la comparaison avec Akemi Takada

Une narration rapide

Tampopo24 Suivre Tampopo24 Toutes ses critiques (1596)
Partager :
Commentaires sur cette critique (0)
Laissez un commentaire