Critique Manga Comme les autres #1

7
Comme les autres

par Tampopo24 le dim. 2 mai 2021 Staff

Vivre sa vie malgré son handicap

J'ai toujours beaucoup aimé la collection "shojo" de Kana, qui recèle des petites pépites. Ils avaient d'ailleurs lancé leur collection avec Basara à l'époque, un shojo d'aventure dans un monde post-apocalyptique médiéval qui est juste fantastique. Maintenant, leurs histoires sont plus classiques mais restent de qualité en général. Cependant, avec Comme les autres, je crois que c'est la première fois qu'ils abordent la question du handicap. (N'hésitez pas à me démentir si je me trompe ^^)

Nojin Yuki, l'autrice de cette série, avait déjà été introduite en France avec This is not love, thank you, une gentille romance lycéenne en 5 tomes parue chez Soleil il y a 2 ans, que j'avais vraiment bien aimé grâce à la belle écriture des personnages. Au Japon, elle a écrit nombre de séries de 3, 4, 5 volumes qui sont toutes des romances plutôt douces. J'avais été surprise de ne pas la revoir chez nous. J'accueille donc avec grand plaisir sa nouvelle série toujours en cours, Comme les autres comptant 6 tomes à ce jour au Japon.

Avec ce nouveau titre, Kana s'inscrit dans la mouvance actuelle, celle des éditeurs qui proposent des titres grand public avec des personnages diversifiés de par leur sexe, leur genre, leur sexualité, leur origine ethnique mais aussi par leur handicap comme c'est le cas ici. Ça fait plaisir de voir enfin ce genre de personnage mis sous les feux de la rampe et encore plus quand c'est avec sensibilité comme ici.

Notre histoire débute quand la jeune Tsubaki, dont la devise est de vivre selon ce que lui dicte son coeur, ramasse par hasard le pass de transport d'Ibuki. Ayant le coup de foudre pour lui, elle fait tout pour le retrouver mais quand elle y parvient, elle apprend au bout de quelques temps que celui-ci est sourd. Et elle, qui lui a seriné qu'elle voulait une histoire d'amour ordinaire, se voit repoussé par Ibuki. Comment parvenir à lui faire comprendre que son handicap n'est pas un frein pour elle ?

Le premier tome de cette bluette romantique s'est révélé surprenant à plus d'une reprise. J'ai beaucoup aimé la sensibilité mais l'honnêteté dont l'autrice a fait preuve envers ses personnages. Tsubaki et Ibuki ont tous les deux quelque chose qui les rend différent des autres, et même si c'est plus visible pour l'un que pour l'autre, cela aura une grande influence sur leur façon d'appréhender la vie et les autres. Tsubaki a puisé une force dans sa différence et veut tout vivre à fond. Ibuki, lui, s'est plutôt renfermé dans son monde qu'il veut rassurant, se coupant du reste, pensant qu'il ne peut pas être comme les autres, ce que Tsubaki va entreprendre de défaire.

Tsubaki sous ses dehors un peu simplette est surtout une jeune fille pleine d'enthousiasme et profondément gentille. Elle a une grande force de caractère mais est aussi très sensible. Elle va ainsi peu à peu toucher le coeur endurci d'Ibuki mais ce n'est pas simple. En effet, l'autrice nous fait bien comprendre ce qu'est le quotidien de quelqu'un de sourd : les difficultés sociales, les difficultés à communiquer, les moqueries, les moments où on nous laisse à part, etc. On perçoit bien la dureté du monde tel que le vit Ibuki et on comprend du coup combien c'est dur pour lui de s'ouvrir à des gens nouveaux. Cependant Tsubaki ne va pas abandonner et elle va tenter de s'introduire dans son monde, d'abord en essayant de partager sa passion pour la photo, puis en apprenant le langage des signes, mais aussi en discutant avec les amis de celui-ci. Tout est bon pour apprendre à le connaître et le faire sortir de sa coquille.

L'histoire est vraiment très touchante. Là, où je suis un peu plus réservée, c'est concernant l'aspect romantique. Je trouve l'histoire du coup de foudre un peu léger et le reste est à l'avenant. C'est bien léger, bien facile, bien classique. Cela reste mignon mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. L'autrice utilise des ressorts éculés en matière de romances lycéennes avec la rencontre en prenant le train/métro, l'approfondissement de leur relation à la bibliothèque ou lors des sorties de leur club, l'arrivée de la rivale qui est l'ex- du héros, et le meilleur ami qui observe tout ça. Il ne faut pas s'attendre à de l'originalité ici.

Les dessins de la mangaka, eux, tout comme dans son précédent titre chez nous, sont très doux. Il s'en dégage une belle fraicheur. Ils sont pile poil dans la ligne éditoriale de ceux des magazines shojos de la Shueisha, que ce soit le Margaret, le Betsuma ou le Bessatsu. Pour ma part, j'aime beaucoup ce style qu'on retrouve par exemple chez Io Sakisaka (Blue Spring Ride), Nagamu Nanaji (Banale à tout prix), Mika Yamamori (Daytime Shooting Star), etc. C'est parfaitement dans l'air du temps.

En bref

Comme les autres est donc une belle bluette lycéenne en devenir avec l'originalité de proposer un héros sourd et donc d'aborder frontalement ce que c'est que de souffrir de ce handicap quand on est lycéen. C'est assez rare chez nous pour le souligner et quand en plus, c'est traité avec justesse et sensibilité, on n'a qu'une envie : poursuivre !

7
Comme les autres
Positif

Enfin un shojo sur le handicap chez Kana

L'autrice qui décrit bien l'expérience d'être ado et sourd

Une héroïne ultra positive et fonceuse

De beaux dessins très doux

Negatif

Une romance ultra classique

Une intrigue prévisible

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