Critique Global manga Carciphona #1

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Carciphona

par P'tit Citron le dim. 19 août 2018 Staff

Ce premier tome de Carciphonaœuvre de la canadienne Shilin Huang, marque les premiers pas de ChattoChatto dans le monde de l'édition. Celui-ci connaît déjà un certain succès médiatique, mais son récit fantastique est-il à la hauteur des attentes qu'il suscite...?


[Synopsis de l'éditeur]
Durant des siècles, la magie avait été monnaie courante dans le monde de Maelstrom. Une magie bienfaisante qui offrait à la société un pouvoir extraordinaire, mais également maudite, puisqu'elle avait causé la naissance des Carciphona : des humains à l'âme infectée par des esprits démoniaques.
Suite à un terrible événement, la Prohibition fut mise en place et l'utilisation de la magie fut bannie dans tous les royaumes. Pourtant, quatre ans plus tard, une sorcière du nom de Veloce Visrin continue à subsister dans l'ombre, en réprimant ses pouvoirs afin de vivre en paix. Mais cette vie paisible est de courte durée lorsqu'elle se fait attaquer par l'assassin à l'origine de la Prohibition et qui pourrait bien être... Une Carciphona elle-même !



Pour commencer, j'aimerais parler des graphismes. Si vous êtes actifs sur les réseaux sociaux, ou si vous avez lu d'autres critiques de l'œuvre, vous savez sans doute que ce n'est pas l'aspect le plus applaudi du manga. En effet, les premiers chapitres datent de dix ans, comme nous le précise bien l'éditeur. Les illustrations ne sont donc techniquement pas exceptionnelles ; le trait est lourd et pas toujours précis, les scènes d'action sont difficiles à suivre, les personnages se ressemblent beaucoup, etc... L'autrice a tout de même un style prononcé, qui plaira ou non. Les character-designs font un peu penser à de vieux jeux vidéo japonais, je trouve (rire). Bref, les dessins ne rendent pas l'œuvre horrible à lire, mais ce n'est pas encore ça. Cependant, des visuels que l'on possède des tomes suivants, la technique s'améliore rapidement pour laisser libre cours à la patte graphique.


Pour continuer sur la forme : l'édition. Celle-ci fut pour moi une agréable surprise. La qualité du premier manga de l'éditeur est indéniable. Le format est classique, tout comme la jaquette, qui est en plastique brillant. Le papier par contre, est épais et lourd, offrant une sensation de solidité au tome. La traduction et l'adaptation graphique sont réalisées par Blackstudio, un studio reconnu dans le milieu, qui travaille avec de nombreux éditeurs.


Maintenant que la forme a été abordée, je vais passer au fond ; à l'histoire. Unpopular opinion : j'ai été déçu. Je vais tâcher d'être sincère et objectif...
En effet, on me ventait un univers de dark-fantasy vaste, des personnages profonds et une intrigue palpitante. Pour le moment, je n'ai vu aucun des trois. Je m'attarderai sur les détails plus tard, mais j'ai trouvé le développement de l'univers inexistant, les personnages très classiques et prévisibles, et l'intrigue incompréhensible. Tout cela est probablement, au moins en partie, dû au côté introductif de ce premier volume ; mais j'aurais sûrement préféré un volume qui s'attarde bien sur l'univers, pour poser des bases solides et nous donner vraiment envie de nous y intéresser...


Ce que je regrette surtout, ce sont de nombreuses incohérences, ou plutôt un manque de crédibilité sur de nombreux aspects de l'œuvre. Par exemple, Keritzel, un jeune noble fondamentalement bon va rencontrer Veloce Visrin lors d'une altercation entre des villageois et cette dernière. Plusieurs problèmes sautent ici aux yeux :


• Les villageois, qui devraient être absolument effrayés par cette sorcière tant unique que dangereuse selon la Prohibition, osent l'approcher de près, lui tourner le dos, lui parler et même la réprimander.


• Keritzel, qui ne la connaît pas, prendra immédiatement sa défense et essayera même de se rapprocher d'elle. C'est tout à son honneur, mais cela perd en crédibilité lorsque, plus tard, il n'arrêtera pas de penser à elle, de l'appeler pas son nom, etc... Comme s'ils étaient devenus bons amis en quelques secondes.



C'est d'ailleurs comme cela tout au long du tomes, les relations entre les personnages se forment bien trop vite ; on n'a pas le temps de comprendre, et on en vient à penser qu'ils se connaissent tous à la base, alors que visiblement, non. Bien sûr, ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, et cet exemple seul n'est pas très problématique. Mais cela, en plus de la situation très étonnante de Veloce Visrin, et de plein d'autres détails... Je n'arrivais pas à me concentrer sur le récit, et ça a fini par m'ennuyer...


Au final, j'ai trouvé l'intrigue brouillon, difficile à comprendre ; l'univers à peine exploité et très basiquement expliqué ; les personnages classiques et souvent illogiques dans leurs actes ou décisions ; un dramatisme peut-être un peu surjoué, ne laissant aucune place à l'humour comme contrebalance ; et en prime des graphismes peu maîtrisés et des character-designs difficiles à distinguer. Beaucoup de reproches, n'est-ce pas ? Cependant, en étant tout-à-fait objectif, il me faut souligner un potentiel certain, et des scènes d'action épiques, malgré la confusion du découpage. Donc certes, je n'ai pas aimé, mais faut-il s'arrêter à cela pour autant ? Je ne pense pas. Déjà, si l'œuvre vous faisait envie, ne m'écoutez pas et allez l'acheter. Vu le nombre d'avis positifs trouvables sur internet, il est tout à fait possible, voire probable, que le vôtre soit contraire au mien. De plus, il est important de soutenir ChattoChatto, qui fait ses premiers pas dans l'édition de manga avec ce titre. Toutefois, si vous aviez déjà des appréhensions concernant ce dernier, je vous conseillerais d'attendre la sortie du deuxième tome, qui pourrait aussi bien continuer sur une pente glissante que résoudre ses nombreux défauts et enfin exploiter le talent évident de l'autrice, mal maîtrisé ici.

En bref

J'ai été déçu par ce premier tome de Carciphona, qui a pourtant beaucoup de succès dans les médias et dans la sphère de la critique manga. On m'a vanté la qualité de l'univers dark-fantasy et de l'intrigue, ainsi que la profondeur des personnages, mais je n'ai rien vu de cela. A la place, j'ai noté un monde peu ou pas développé ; des personnages classiques et prévisibles ; un manque certain de crédibilité quant au speech de base et à l'évolution de l'intrigue... On le savait déjà et c'est même admis par l'éditeur, mais les graphismes, datant de dix ans, ne sont pas excellents non plus. Heureusement, ils s'amélioreront à chaque volume, jusqu'à laisser place à un style prononcé et unique. Enfin, malgré les nombreux reproches que je fais à ce tome, j'ai senti un certain talent, encore mal exploité, que possède l'autrice. Considérant cela, les avis positifs sur le net et le soutient donc ChattoChatto a besoin pour se lancer sereinement dans l'édition de mangas ; vous pouvez acheter Carciphona et vous faire votre propre avis. Si vous aviez cependant déjà des appréhensions, alors il vaut peut-être mieux attendre le second volume, qui rehaussera très probablement le niveau et corrigera quelques points noirs...

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