Critique Manga Karakuri Circus #1

8
Karakuri Circus

par Tampopo24 le jeu. 27 oct. 2022 Staff

Le retour d'un shonen d'exception !

A force de voir vanté partout la qualité de cette nouvelle édition de Karakuri Circus, shonen un peu culte sous nos contrées mais pour de mauvaises raisons, je me suis moi aussi laissé tenter et à raison ! Lors de sa première sortie chez Akata, je n'étais pas prête pour un titre qui sortait des sentiers battus pour la moi de l'époque, aujourd'hui, c'est avec délice que je plonge dans cet univers circassien revisité sous le crayon noir de Kazuhiro Fujita.

Dans les années 2000, Akata sous l'égide de Delcourt avait voulu publier ce shonen mais à l'époque des Bleach, Naruto et consort aux dessins léchés, Karakuri faisait un peu tache et je pense qu'on est beaucoup à être passé à côté du titre à cause de cela. Il faut dire aussi que les couvertures détonnait également au milieu des autres que ce soit dans leur première ou seconde mouture. L'éditeur, faute de vente, a donc été obligé de stopper la série à la moitié. Depuis l'auteur a été à nouveau publié en France, mais chez Kazé cette fois, avec Moonlight Act et chez Ki-Oon avec son Black Museum. J'ai voulu testé le premier qui proposait de revisiter de manière corrosive les contes de notre enfance, mais je n'ai pas accroché. J'avais donc un peu baissé les bras...

Puis est arrivée, et je fus la première surprise par ce secret de polichinelle, l'annonce de la parution chez Meian. L'éditeur parvenant déjà à sortir l'interminable Kingdom, je me suis dit qu'il n'aurait pas peur d'aller au bout des 43 tomes, regroupés ici en 26 perfect, de ce shonen fleuve. C'était l'occasion de lui redonner une chance. Mais j'avais toujours peur du côté oldies des dessins, du ton parfois trop barré de l'auteur à mon goût. Sauf que l'édition était vraiment belle et j'aime les beaux objets, alors quand on m'a dit qu'il y avait aussi une belle émotion dans le titre, j'ai craqué et acheté le tome 1. Une franche réussite !

Après vous avoir étalé tout mon rapport à l'oeuvre et au mangaka, place au contenu ! Quand il se lance dans Karakuri Circus, Kazuhiro Fujita n'est pas le perdreau de l'année, il a déjà derrière lui Ushi & Tora, un autre shonen fleuve de 34 volumes, il sait donc mener un scénario. Cela s'en ressent dans la mise en place de la série dont je vais vous parler. En l'espace d'un chapitre, il est parvenu à capter mon attention de lectrice rétive et la suite n'a fait que lui donner raison.

L'auteur plante un décor vraiment singulier et spectaculaire. Il nous emmène à la rencontre d'un adepte de kung-fu, Narumi, qui a une maladie rare qui l'oblige à faire rire les gens s'il ne veut pas mourir. Alors qu'il joue les clowns déguisés en ours, cet homme au grand coeur, se sent obligé d'aider un petit garçon poursuivi par de drôles de types en costard. Ceux-ci se révèlent être des pantins ultra perfectionnés à la solde de la famille de Masaru, qui souhaite éliminer cet héritier gênant. Même s'il est dépassé, Narumi s'attache et veut tout faire pour aider Masaru, qui reçoit entre temps l'aide, également, de la marionnette Arlequin et sa maîtresse Shirogane.

En deux temps, trois mouvements, l'auteur plante le décor d'une histoire de complot familial autour de la question d'un héritage, dans une famille de fabricants de marionnettes de haut vol. C'est étrange, singulier et pourtant percutant et passionnant. L'aventure est de suite au rendez-vous et ne nous lâche pas dans cette course folle qu'entreprennent les héros pour tenter d'échapper à ceux qui les poursuivent, puis d'échapper aux tentatives d'enlèvement et de manipulation. S'y ajoute un humour grinçant représenté dès la première page par la maladie de Narumi, mais également ensuite par sa relation avec l'étrange Shirogane ou encore par la folie des membres de la famille de Masaru. C'est donc à la fois drôle, grinçant et percutant.

Le nekketsu est amené de manière totalement saugrenue par ces marionnettes et autres pantins que deux familles se disputent, l'une les créant, l'autre les manipulant. Les scènes de combat les impliquant sont mémorables, cela donne lieu à des poses totalement différentes de d'habitude et l'auteur fait preuve de beaucoup d'imagination dans les profils de marionnettes invoqués. Arlequin, celle de Shirogane, est vraiment fascinante et avec sa manieuse offre une belle revisite de l'univers du cirque. J'aime beaucoup la souplesse qui se dégage d'elle et la lisibilité que l'on ressent lorsqu'elle passe à l'action. Narumi, lui, apporte une caution plus classique avec sa pratique du kung-fu, mais là aussi l'auteur excelle pour rendre les scènes à la fois lisibles et percutantes. C'est donc vraiment happant !

Ce premier tome expose avant tout les premiers tenants et aboutissants de l'histoire. Il présente les premiers personnages clés, le fil rouge qui va les lier, l'intrigue qui va se développer autour de Masaru et sa famille, mais il garde aussi une belle part de mystère, autour de son père disparu ou encore de Shirogane et son passé, ainsi que bien sûr autour de ceux qui lui veulent du mal. Il prend également le temps de déjà nouer de jolies relations entre les personnages, surtout entre Narumi et Masaru, ce dernier se sentant minable et le premier, tel un mentor, lui montrant une autre voie. C'est touchant.

Les dessins que je redoutais tant sont certes un peu old school et portent la patte de Kazuhiro Fujita, mais ils rendent aussi à merveille dans cet univers : l'auteur sachant accentuer quand il le faut les expressions des personnages pour les pousser à outrance, sachant aussi rendre les combats percutants comme on l'a vu, et ayant fait un beau travail de réinterprétation et de mélange sur le cirque et le kung-fu. Tout le monde n'aimera peut-être pas ce trait exagéré, avec les traits en serpe de certains, la rondeur excessive chez d'autres, mais tablons que les belles formes de Shirogane et l'inventivité et la variété de profil des marionnettes plairont. Pour ma part, c'est une crainte que j'ai vite écartée même si je dois reconnaître avoir, au début, trouvé certaines planches un peu surchargées.

En bref

Je peux donc dire avec grand plaisir que j'ai été convaincue par ce démarrage efficace et immersif de l'oeuvre. J'ai l'impression de me retrouver dans un univers connu grâce à Togashi (Hunter x hunter), qui a dû emprunter pas mal à l'auteur. Cette entrée en matière fut fort séduisante, j'ai aimé le ton drôle et grinçant, j'ai aimé l'action non stop percutante, j'ai aimé les relations complexes qui se dessine, j'ai aimé les mystères et l'action qui se profile. C'est du tout bon et mes craintes du début sont belles et bien écartées. J'ai vraiment hâte de poursuivre, qui plus est dans cette belle édition grand format, avec pages couleurs et couvertures travaillées, dans un papier épais. Merci Meian !

8
Karakuri Circus
Positif

Une édition de très belle facture

Le retour d'un shonen inachevé en France

Un thriller original et étrange

Une narration percutante et entraînante

Des combats explosifs et dynamiques

Une jolie revisite de l'univers du cirque

Des personnages singuliers et attachants

Un auteur très inventif

Negatif

Des dessins particuliers

Une série qui s'annonce longue (26 perfect)

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