Critique Manga L'Enfant et le Maudit #3

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L'Enfant et le Maudit

par KssioP le lun. 13 nov. 2017 Staff

Le mystère s’épaissit, les questions se bousculent, je suis perdue mais conquise.


Dès le début du tome, l’émotion est à son comble. Sheeva kidnappée par une vieille dame qui affirme être sa tante, nos yeux se focalisent tout de suite sur le Professeur. Il ne parle pas beaucoup et son apparence en noire n’aide pas pour lire dans ses pensées mais de main de maître NAGABE une nouvelle fois fait ressortir ce qui se cache à l’intérieur, ce qui n’est pas visible. Oui, le dessin par magie montre l’invisible. Le Maudit dans sa tentative désespérée de rattraper sa jeune amie, témoigne une profonde détresse. La peur se lit sur son visage inexpressif tandis qu’il est criblé de flèches, on est pris aux tripes. J’ai ressenti un vide personnellement assez fort et succinct, puis arrive cette page noire et c’est comme la tombée du rideau au théâtre. On est plongé dans les ténèbres et on attend qu’il se passe quelque chose, parce qu’il doit se passer quelque chose pour faire disparaître ce mal être qui s’impose à nous.


Le malaise ne disparaît pas toutefois. Sheeva se retrouve dans le monde de l’Intérieur avec du soleil, de la lumière, des gens autour d’elle, des sourires, des attentions, des repas chauds à satiété, pourtant on ne peut s’empêcher de penser que tout n’est qu’artifices et qu’il fait mille fois plus froid et noir dans cette endroit que la maison du Maudit dans la forêt.


On entraperçoit des soldats, des gradés assis autour d’une table, un Roi anonyme, qui discutent de la malédiction, le cœur de cette histoire. Ils parlent de sacrifices bénins, d’une enfant élue, de prédictions, de sauveur du monde. Le lecteur essaie de suivre mais il n’y parvient pas, il ne comprend strictement rien si ce n’est que ces soldats et ce nouveau monde ne sont pas comme présagés les gentils du conte de fée. Il semble y avoir en haut lieu du côté des humains, une sacrée manipulation, avec une tendance obsessionnelle de s’en remettre à Dieu et ses disciples.


Sheeva de son côté, avec sa tête d’enfant, se débat pour démêler le vrai du faux, si bien qu’elle en fait des cauchemars. Jusqu’à ce que le cauchemar devienne réalité et de nouveau on craint pour sa survie. On prie alors –entre cadavres et incendie- que surgisse le Professeur et qu’il vienne l’y aider. NAGABE heureusement, nous rassure et va dans notre sens. Les retrouvailles entre Sheeva et le Professeur au milieu d’une plaine désertique sont le moment Lumière et bien-être du tome. On souffle enfin, ouf !


Retour en silence vers la forêt, un silence qui fait du bien, une marche lente qui apaise. Avec en prime une invitée surprise qui détient des informations. Le Maudit s’en méfie comme la peste et le lecteur assentit. J’ai pour ma part trouvé particulièrement adorable et paternel la manière qu’avait le Professeur de surprotéger sa jeune colocataire. Verrous à double tour, interdiction à quiconque de franchir les lieux, il est aux petits soins, ce qui n’est pas évidant quand il doit en même temps ne surtout pas entrer en contact direct avec elle. Il se tatoue encore du mot coupable et tandis que Sheeva s’endort enfin en sécurité, l’auteur décide de nous fermer le livre, nous privant ainsi des révélations.


Un peu de frustration, beaucoup d’émotions, des tas de questions, mais une première vraie mésaventure qui finit bien. On ignore toujours la destination de l’histoire mais on ne peut plus faire marche arrière. Nos yeux, indubitablement transportés par ces images presque réelles et parallèlement si proches du monde onirique, exigent de savoir. Comme Sheeva, on ne veut plus lâcher le manteau du Professeur et marcher jusqu’au bout à ses côtés.

En bref

Des séparations qui font mal, un nouveau monde qui rend suspicieux, qui dérange, qui oppresse, on ressent presque le besoin d’ouvrir une fenêtre en grand pour respirer. Qui est Sheeva, qu’elle est son rôle dans l’histoire et pourquoi le Maudit est si différent des autres maudits ? On veut des réponses alors rendez-vous au tome 4.

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L'Enfant et le Maudit
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