Critique Manga Distopiary #1

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Distopiary

par Neginator le mar. 11 avril 2017 Staff

Une dystopie, en opposition à l’utopie, est une histoire nous plongeant dans une société imaginaire où il est impossible de vivre paisiblement et dont le modèle ne doit pas être imité. Distopiary, dont le titre semble être une association des termes « dystopia » (dystopie) et « diary » (journal), vous entraîne dans une récit sombre et sans pitié où le bonheur de chacun n’est clairement pas une priorité.


Bien que son univers soit quelque peu semblable à celui de jeux-vidéo, Distopiary ne tombe pas dans le cliché des manga du genre. En effet, nous avons ici un héros qui ne peut monter en niveau malgré ses nombreux combats (ou du moins que temporairement) et qui n’a qu’un seul but : affronter le Roi du Mal. De plus, les personnages ne peuvent ressusciter d’aucune façon. Une fois trépassé, une fleur naît de votre cadavre et vous retournez à la terre. La mort n’est d’ailleurs jamais réellement paisible dans ce manga :  les scènes sont très cruelles et le dessin assez explicite, conférant à ce titre une extrême noirceur, digne d’un seinen (qui est d’ailleurs le genre du magazine de prépublication de Distopiary au Japon). S’annonçant comme un très bon divertissement dans le genre Dark Fantasy, cette série achevée en 5 tomes, va bien plus loin encore avec un véritable travail de ses personnages, de la société dans laquelle ils vivent, et devrait vous inciter à la réflexion.


Dans cette société contrôlée et surveillée par une administration hautement placée, chacun est condamné à jouer son rôle et suivre le cours de son « destin ». Les « exterminateurs » sont détenteurs d’un pouvoir maudit et sont dans l’obligation de s’entourer de compagnons d’arme pour combattre. Ces derniers sont contraints d’aider l’exterminateur, quitte à se sacrifier car lui seul reflète l’image du héros. Les « observateurs » doivent transmettre les informations à l’administration et veiller au bon déroulement du « destin ». Enfin, le Roi du Mal, désigné du jour au lendemain parmi les habitants, n’a d’autres choix que d’abandonner les desseins de son rôle antérieur et d’instaurer le chaos. Cette société régie en tout point par une organisation mystérieuse, témoigne d’un manque de liberté empêchant à ses habitants d’accéder au bonheur. Les quelques passages où les personnages s’écartent un laps de temps de leur rôle, où ils font preuve de faiblesses dans leurs convictions et se révoltent intérieurement contre leur « destin » reflètent le désordre et l’échec d’un tel système.


Outre la notion de liberté, ce titre vous invitera également à vous interroger sur la force d’un groupe. Tolza est un « exterminateur » à qui on a recommandé de s’entourer d’un maximum de compagnons, mais ce dernier sélectionne judicieusement ceux-ci, en privilégiant les fonctions et les qualités de chacun à la quantité de personnes recrutées. La véritable force d’un groupe ne réside pas dans le nombre qui le compose mais dans sa cohésion et son efficacité.


Enfin, dernier sujet abordé par ce titre : le sacrifice « nécessaire » pour s’assurer la victoire. Distopiary vous troublera et vous suggérera de réfléchir au bien-fondé de cette pensée, qui amène inéluctablement à des conflits et des soulèvements. Cette réflexion sera d’ailleurs initiée par l’un des « exterminateurs » qui semble plus lucide que les autres et en possession de toute sa raison. Celui-ci soulève pourtant quelques soupçons et suscite notre intérêt car il semble étrangement être le seul à contrer son « destin ».

En bref

Avec son scénario semblant déjà bien maîtrisé au terme de ses deux premiers tomes, son univers sombre et malsain, ses personnages caractéristiques et maltraités ainsi que son dessin original et attrayant, Distopiary créée déjà une intrigue captivante au suspense permanent. De nombreuses interrogations nous assaillent concernant l’administration de cet univers, les motivations des responsables, la santé d’esprit de chacun des personnages et sur le devenir de cette histoire. Affaire à suivre !

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