Critique Manga Le Roi Léo #2

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Le Roi Léo

par Sherryn le dim. 30 mars 2014 Staff

S'il y a une chose étonnante dans Le Roi Léo, c'est bien la concision dont fait preuve Osamu Tezuka, la façon extraordinaire dont il parvient à mettre en scène, en un minimum de cases, le maximum d'informations, tout cela en conservant humour, avancée de l'intrigue et "profondeur" (entendons par là les thèmes et réflexions amenés par le récit) à part égales tout au long du manga. Ainsi, si cette série est classée jeunesse et se destine indéniablement à celle-ci, c'est surtout le lecteur adulte qui pourra en apprécier toute la subtilité et les enseignements.

Dans ce volume, le temps passe et fait un bon magistral en avant. Beaucoup de personnages connaissent des évolutions décisives, comme Kenichi et Marie, surnommée "Conga" dans la jungle où elle a trouvé une place inattendue. Léo grandit et son évolution est visible aussi bien dans le dessin (crinière de plus en plus fournie, culotte de plus en plus courte... tant qu'elle existe encore) que dans les événements ; il traverse en effet un certain nombre d'épreuves qui vont petit à petit, avec tant de naturel qu'il serait aisé de ne pas s'en apercevoir, le transformer, le forcir et lui faire prendre conscience de sa place et de son rôle au sein de l'Afrique.

Pas mal de petites intrigues sont abordées parallèlement et nous donnent une bonne idée de la vie quotidienne sans s'appesantir exagérément dessus : la rivalité avec Boubou, la romance avec Laia, la guerre avec Conga, la rencontre avec Lionna, la naissance des petits, les rêves - vite déçus - de René...

Parfois, une seule case contient l'émotion de périodes de narrations longues qui permettent à l'histoire d'avancer très rapidement sans pour autant paraitre précipitée. Dans ce contexte, être parvenu à insérer en permanence des planches d'humour significatives frise presque l'exploit. Le ton très cartoonesque, assez vieillot en fait, peut perturber le lecteur du manga moderne mais a aussi la possibilité de séduire éventuellement un autre public. La vieille traduction de Glénat, très fraiche et dynamique, correspond d'ailleurs très bien à l'âge et à la tonalité du titre.

Ce tome étant très axé sur l'aventure et l'avancée du récit au sein de la jungle, les enjeux plus politiques et humains tournant notamment autour de la pierre moonlight sont un peu laissés en retrait dans ce volume. Cependant, l'auteur pose déjà les bases du suivant, en introduisant de nouveaux éléments comme mama-mouth qui fait ses premières apparitions.

En seulement trois tomes, Le Roi Léo est cependant un manga particulièrement riche et complexe, lisible à plusieurs niveaux, et ce second volume ne fait en aucun cas office de simple transition ; il fait vivre aux personnages de nombreuses épreuves et les accompagne sur une large portion de leurs vies. Il prépare aussi le terrain à un troisième tome qui concluera l'histoire de façon particulièrement définitive... pour le lecteur en tout cas.

Bien que la vieille édition de Glénat soit devenue difficile à trouver, si vous en avez la possibilité, préférez-la à la réédition grand format d'Asuka, qui est encore plus éloignée de la japonaise que celle de Glénat. Il est dommage que ce classique qui a bercé notre enfance ne connaîtra probablement jamais de version respectueuse de l'original, la réédition s'étant trop mal vendue pour diverses raisons qu'il serait sans doute simpliste (et faux) de réduire au seul fait que son orientation "jeunesse" et "nouveau public" ait profondément déçu les fans de Tezuka et les nostalgiques qui depuis longtemps attendaient une édition dans le sens japonais.

En bref

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Le Roi Léo
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