Critique Manga Le pavillon des hommes #8

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Le pavillon des hommes

par Sherryn le mar. 1 oct. 2013 Staff

150 ans déjà que la variole du tengû a redéfini la société japonaise en inversant les rôles des hommes et des femmes. Ce huitième volume se penche sur la vie d'un nouveau shôgun, dont nous suivons l'accession au pouvoir et l'existence.

Une fois de plus, ce manga nous touche par ses qualités humaines, par la subtilité avec laquelle sont décrits des rapports sociaux différents tout en étant semblables à ceux que nous connaissons.

Plusieurs personnages sont mis en avant, à commencer par le nouveau shôgun, une femme frappée d'un handicap moteur qui lui vaut mépris et moqueries et la rend futile et acariâtre, alors que parallèlement ses capacités intellectuelles semblent dignes de son rang. Son règne n'ira cependant pas sans difficulté, comme nous le montrera l'histoire de son amant déçu. Son portrait est dressé sans complaisance, avec un réalisme parfois touchant et parfois cruel.

Nous suivons également le parcours d'un homme cuisinier, rare spécimen masculin dans un univers de femmes, rejeté à cause de son sexe ou de ses origines et forcé de tracer son chemin en dépit de toutes les difficultés. Le shôgun mère et sa conseillère règlent quant à elles de vieilles histoires, de celles qui avaient permis l'accession au trône d'un juste souverain.

Alors que le temps passe, l'évolution de la société commence à se faire sentir également. Le contact avec les étrangers, et en particulier avec les Hollandais et leur médecine, fait ainsi partie des thèmes abordés dans ce volume ; de même que la redéfinition des classes sociales et le fait que les paysans s'appauvrissent là où les marchands s'enrichissent, ce qui induit une réflexion quant au système de taxation.

Il y a donc beaucoup d'humanité dans ce volume, aussi bien concernant les individus mis en scène que concernant l'évolution historique dans son ensemble. Le fil rouge du manga n'est pas non plus laissé de côté et nous voyons enfin s'esquisser un intérêt sérieux quant à un éventuel moyen de soigner la variole du tengû. Une amorce pour une conclusion prochaine ?

En tout cas, ce manga est toujours aussi qualitatif. La finesse du trait et du récit, alliée une uchronie surprenante, en font une série originale d'une intelligence rare, à découvrir si cela n'est pas encore fait.

En bref

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Le pavillon des hommes
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