Critique Manga Oni goroshi #5

Plongée dans le chaos

Les tomes 4 et 5 de Oni Goroshi propulsent la série de Masamichi Kawabe dans une spirale de violence brute et de chaos organisé, où la vengeance de Shûhei Sakata atteint des sommets d’intensité. Dans ces volumes, la ville de Shinjô devient un véritable champ de bataille, déchirée par les luttes de pouvoir entre clans mafieux et les plans sanglants d’un père prêt à tout pour sauver sa fille, Ryô.

Le tome 4 s’ouvre sur un massacre d’une violence inouïe, où Sakata et le père adoptif de Ryô, Inari, traquent les ravisseurs de la jeune fille. L’action est omniprésente, avec des scènes d’une brutalité viscérale : sang, entrailles et combats frénétiques dominent les planches. Cependant, ce déluge d’hémoglobine s’accompagne d’une intrigue qui stagne quelque peu, donnant l’impression que l’auteur s’attarde sur la surenchère visuelle au détriment du scénario. Malgré des alliances temporaires et des révélations sur les motivations des personnages, le rythme peut sembler longuet, et les planches, saturées de noir, perdent parfois en lisibilité.

Le tome 5, quant à lui, relance la machine avec une intensité psychologique et un chaos encore plus marqué. Après des retrouvailles déchirantes avec Ryô, Sakata est à nouveau séparé d’elle, tandis que la firme Shômon et le clan Masakado plongent Shinjô dans une guerre totale. L’auteur excelle à dépeindre une folie collective, avec des scènes ubuesques de carnage et des personnages aux masques de monstres, reflet de leur inhumanité. On découvre davantage le passé de certains protagonistes et les sombres desseins du clan Shômon, notamment à travers le mystérieux plan “Phaeton”. Cependant, la profusion de dialogues et d’intrigues croisées peut dérouter, rendant l’histoire difficile à suivre par moments.

Mon avis : Oni Goroshi tomes 4 et 5 sont une expérience viscérale, taillée pour les amateurs de thrillers ultraviolents et d’ambiances glauques. Le tome 4, bien que spectaculaire, souffre d’un manque de progression narrative, se perdant dans une débauche d’action parfois gratuite. Le tome 5, en revanche, redresse la barre avec une exploration plus profonde des personnages et une tension palpable, même si la complexité des intrigues demande une attention soutenue. Graphiquement, l’univers de Kawabe reste percutant, avec un chara-design soigné et des scènes d’action d’une sauvagerie hypnotique, malgré une lisibilité parfois brouillonne.

Si vous êtes prêt à plonger dans un manga où la vengeance se conjugue avec barbarie et où chaque page suinte le désespoir, Oni Goroshi ne vous laissera pas indemne. Une série à réserver aux cœurs bien accrochés !