Critique Manga Samurai Deeper Kyo

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Samurai Deeper Kyo

par arkio le mar. 11 janv. 2022

Médiocre mais peut plaire

Je le dis tout de suite, comme ça il n'y aura pas de suspens inutile, je fais partie de la catégorie de personnes qui place ce manga dans les titres shônen "médiocres". C'est sans doute le shônen où il y a la plus grande utilisation de clichés du genre. Ca en devient tellement visible et appuyé que cela peut d'ailleurs constituer un excellent exemple (car facilement décryptable) de l'utilisation de tel ou tel ressort narratif et de son impact sur le lecteur (et je dis ça sans ironie pour le coup).

Ainsi pour prendre un exemple typique, le recours systématique de l'auteur aux "personnages témoins" pour expliciter l'action constitue autant de modèles didacticiels pour un lecteur peu averti sur le sujet et qui pourra ensuite mieux comprendre l'impact de cette méthode d'"action commentée" à ses autres lectures. Las, dans cet exemple, comme dans bien d'autres dans Samurai deeper Kyo, l'auteur ne fait pas vraiment dans la finesse et se borne à appliquer une recette qui marche (comprendre "qui a fait et continue de faire sa preuve d'efficacité sur le public", en l'occurence un public jeune avide d'action spectaculaire (le noyau dur du shônen) ) jusqu'à l'écoeurement souvent et en faisant fi de la cohérence sous-jacente et des caractères présupposés des personnages. Pour reprendre l'exemple des persos témoins, si l'on se retrouve avec un combat, où il n'y a pas un perso faible pour s'étonner de ce qui se passe (bien souvent yuya) et un autre trop fort (et qui a tout compris jusqu'au comment du pourquoi du moindre battement de cil) pour lui expliquer à côté ce qui se passe, et bien, l'auteur n'hésitera pas tout de même à garder ce schéma, mais avec 2 personnages super forts (dont bien sûr le perso faible était le fort l'instant d'avant si vous suivez mon argumentaire ^^)

De même, les reproches sur le peu d'imagination de l'auteur pour faire avancer son récit et entretenir la tension se comptent ainsi par dizaine : les gros plans sur des sourires ironiques ; les "mais c'est..." ; les "c'est donc ça la puissance de ..." Exemple exagéré : "c'est donc ça la puissance de Kyo aux yeux de démons dans son vrai corps avec les véritables yeux rouges en combinant l'attaque du véritable vent obscur de suzaku ?" ; le personnage de yuya qui perd sa personnalité retorse du début pour endosser celle (tellement plus facile à mettre en scène...) de la cruche de service guimauve à sauver ; l'issue des combats qui est prévisible deux tomes avant (d'ailleurs, je ne crois pas avoir lu un manga aussi prévisible dans les "retournements de situations") etc, etc...

Personnellement, j'aimais relativement bien lire cette série au début, c'était distrayant à défaut d'être novateur, et puis j'ai fini par être gavé des trop nombreuses facilités. J'avais donc laissé tomber la série vers le tome 19... pour la reprendre un an après, comme ça "pour voir". J'avais alors continué, car à ce moment du récit il y avait des vrais bons passages bien marrants (et pas marrants parce que c'était cliché comme avant), non, non, de vrais gags qui m'avaient fait rire sans arrière pensée ;) Cela étant, ça n'a pas duré bien longtemps, et j'ai donc fini cette série sans réelle passion, en priant pour que ça se termine bientôt...En réalisant aussi que "Kyo", en tant que manga de "combat de sabres" doit être l'un des seuls où des attaques surpuissantes et tranchantes ne provoquent que les égratignures que ferait un simple canif...

Néanmoins, en combinant des qualités graphiques intéressantes (avec quelques essais novateurs en fin de série) et une recette, certes ultra banale, mais forcément étudiée pour plaire, je comprends tout à fait que ça ait un certain succès. Ensuite, lorsque l'on a lu des titres plus travaillés, SDK se montrera forcément beaucoup moins passionnant. En ce sens, un titre comme Hunterxhunter, qui brise un à un les clichés habituels du shônen, est la parfaite antithèse de Kyo, mais du coup apparaîtra sans doute aussi comme moins abordable : un décryptage préalable des codes les plus communs du shônen manga s'avérant plus incisif pour l'apprécier à sa juste valeur. Mais, même ainsi, et même si l'on peut "Objectivement" analyser la série à l'aune de ses énormes facilités narratives (comme je l'ai fait brièvement ici), il n'empêche bien sûr pas d'apprécier une ambiance, des personnages, ou bien encore un scénario qui pourra faire vibrer des attentes inconscientes , là du coup, ça relève parfaitement de ses "goûts personnels" ;)

Pour finir, je concluerais que pour moi SDK est un manga assez bien calibré pour un public plutôt jeune, mais qui, je pense, se révèle trop déficient sur la durée avec un regard plus exigeant. D'un point de vue et ressenti personnel, je ne pourrais évidemment pas le considérer comme "bon" et très loin des meilleurs titres du genre, mais il n'est pas complètement dépourvu d'intérêt (graphisme, composition de la page, voire aussi quelques (très) rares phases "inspirées"), en sachant aussi, qu'il est difficile de le "tester" pour qui voudrait le lire, car le scénario du début (10-12 tomes) part clairement dans une autre direction (avec une composante plus "fantastique" ) ensuite, et qu'autant le classicisme que la durée exagérée de l'épisode final chez les Mibu en décevra certainement plus d'un.

En bref

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