Critique Manga Give my Regards to Black Jack #1

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Give my Regards to Black Jack

par MassLunar le jeu. 8 juil. 2021 Staff

Hippocrate au Japon - Première intervention

Give my regards to Black Jack est une réédition en volume double de Say hello to Black Jack qui fut édité autrefois chez Glénat en 13 volumes. 

Les éditions Naban sont une récente maison d'édition indépendante(fondée en 2019) qui propose une sélection plutôt atypique de mangas portés sur des thématiques poussées autour de l'art (Demande à Modigliani ) , le fait d'hiver sociétal (17 ans, une chronique du mal), le polar psychologique avec la réédition de l'excellent Old Boy et enfin le manga médical avec Give my regards to Black Jack par Shuho Sato. Nous sommes loin d'un contenu mainstream et c'est tant mieux, on ne peut que leur souhaiter une bonne continuation ! 

Une belle découverte personnelle que ce manga médical dont le genre ne court pas les rues dans les rayons, il faut bien le dire ! 

Au niveau de l'intrigue, Give my regards to Black Jack dépeint une réalité que nous avons l'impression d'avoir déjà vu dans des séries télé, des films autour de l'univers médical comme par exemple cette opposition latente entre idéologie et bureaucratie, cette opposition entre idéalisme et mercantilisme autour d'un hôpital qui oscille entre vénalité et moral. Ce premier volume double n'est pas révolutionnaire dans les questions et les thèmes qu'il pose, c'est vrai, mais il le fait avec panache tout en restant calqué sur la réalité de la santé publique au Japon.  

Sans être un expert du genre, je pense que Shuho Sato peut se vanter d'avoir imposé son titre comme une possible référence du manga médical. On devine à travers les pages que l'auteur s'est profondément renseigné sur les rouages du système médical au Japon, un système qu'il n'a pas peur de dénoncer. Entre des médecins en sous-effectifs pour un trop grand nombre d'hôpitaux, les abus coûteux des soins palliatifs, les pauvres internes à peines rentrés dans les hôpitaux qui doivent se charger tout seul des nuits de gardes... Shuho Sato nous parle de ces dérives inattendues dans un pays jugé aussi prospère que le Japon. Il faut quand même noter que ce manga date de 2002  donc la situation a sans doute a besoin d'être mise à jour et le but n'est pas dans cette chronique  de faire une critique acide sur le système de santé japonais.... Dans tout les cas, Shuho Sato est un mangaka qui n'hésite pas à confronter ce système dans cette série à travers le point de vue naïf et idéaliste de son personnage principal, le jeune interne en formation au CHU d'Eiroku : Eijiro Satô. Au passage, ce manga aurait eu un tel impact sur le qu'il aurait même poussé le gouvernement japonais à poser  des réformes ! C'est quand même très fort ! 

Eijiro SATO est un héros un peu passe-partout dans ce registre, un  jeune interne , plus "humain" que ses ainés et qui travaille vraiment dans l'optique de sauver ses patients. Un portrait un peu convenu mais qui se révèle vite attachant, notamment dans son rapport avec un patient atteint d'un problème cardiaque. Ce premier volume de Give my regards to Black Jack joue énormément sur les rapports humains que ce soit à travers la confrontation ou l'écoute. Le titre est également parfois cru  avec des gros plans sur les opérations , des répliques aussi tranchantes que des scalpels. Sur une planche, on peut très bien côtoyer des salopards arrivistes et prétentieux, une élite arrogante (mais incompétente)  entre deux coups de bistouri.

De ce fait, on côtoie énormément de personnages dans cette série avec quelques personnes qui sortent un peu du lot, à commencer par notre héros un peu naif et pleurnichard mais déterminé, chirurgien aguerri et fatigué ou encore un patient taiseux. Côté narration, ce titre qui, tout en dénonçant les failles du système, jongle aussi et efficacement avec nos émotions rappelant que des vies sont en jeux. L'édition double de Naban renforce aussi l'impression de suivre une véritable série (tv) médicale. C'est frénétique et riche en émotions. Ce premier volume est un véritable page turner dans lequel on va suivre le parcours de notre héros à travers différents services médicaux en commençant par la chirurgie et les maladies cardiaques. Un parcours initiatiques dans lequel l'interne devra composer ses convictions avec la réalité du système.

Côté dessin, le style de Sato-san est loin d'être passe-partout. Un style assez brut qui se démarque par un jeu d'expression outrancier, des personnages fatigués, des moues assez poussées. Parfois, nous avons des cases assez violentes sur des accidentés, des gros plans sur des cathéters, le style impose parfois un regard sans concession sur l'univers médical. Ce style de dessin peut rebuter certains lecteurs, personnellement, je trouve que le dessin de Shuho Sato va parfaitement de pair avec le sujet et le degrés réaliste du manga même si certains faciès peuvent surprendre par des traits exagérés.

Give my regards to Black Jack ne manque pas de force sur le fond comme sur la forme. Cette réédition est en tout cas une très bonne idée, plutôt réussi de la part de Naban qui nous fait découvrir et redécouvrir un manga tout simplement majeur. 

En bref

Coup de coeur sans hésitation pour Give my regards to Black Jack - volume 1, une réédition qui possède une intensité folle à travers cette quête initiatique d' un interne fraîchement diplômé, un peu naïf mais déterminé qui découvre les envers du système médical. Malgré quelques thématiques déjà connues et véhiculés à travers d'autres œuvres, et un style de dessin parfois un petit peu grimaçant, on ne s'ennuie pas une seconde devant cette réédition d'un puissant manga médical, possiblement l'un des plus importants qui soit.

9
Give my Regards to Black Jack
Positif

La quête initiatique d'un jeune médecin qui découvre les tristes facettes de la réalité du système : une quête palpitante, détaillée et engagée

Un style de dessin brut fort en émotions qui ne transige pas avec l'intensité du monde médical

Une narration tout en page turner

La qualité de la réédition en format double assortie de quelques pages couleurs

Negatif

Un héros attachant mais un peu convenu

Des personnages au faciès un peu exagéré

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