Critique Manga Goodbye my Rose Garden #1

7
Goodbye my Rose Garden

par Tampopo24 le dim. 6 sept. 2020 Staff

Amours saphiques dans l'Angleterre victorienne

Depuis quelques années, les éditions Komikku ont un catalogue aux thèmes qui me parlent, c'est donc toujours avec une certaine curiosité que je regarde leurs nouvelles acquisitions. Alors quand on me vent une histoire se déroulant dans une ambiance d'Angleterre victorienne, moi qui adore cette période, j'ai forcément très très envie de le découvrir.

Goodbye my Rose Garden de Dr Pepperco se présente comme une courte série de 3 tomes où nous allons suivre une jeune japonaise, Hanako, qui s'est rendue à Londres dans l'espoir de pouvoir présenter son roman à l'auteur qu'elle vénère : Victor Frank. Sauf que la société anglaise n'est pas plus ouverte que le japonaise, elle se retrouve donc à la rue et ne tient son salut qu'à la main secourable que lui a tendu la belle et noble Miss Alice. Celle-ci, passionnée de livres tout comme elle, l'embauche à son service comme femme de chambre, sauf qu'un soir elle lui demande de devenir sa complice à l'aidant à se tuer !

Les premières pages de ce titre peuvent être trompeuses. On a l'impression d'être dans la même veine de titres qu'Arte, Isabella Bird, Les fleurs de la mer Égée, etc. L'ambiance est assez légère, l'héroïne est exubérante et parle fort. Cela pétille de partout et l'auteur nous croque joliment (mais avec pas mal de clichés) la société victorienne. Il faut attendre un peu ou bien lire le sous-texte pour se rendre compte que le titre promet d'être plus profond et plus sombre. Dr Pepperco sous prétexte de nous faire suivre une soubrette dans une ambiance à la Downton Abbey, en profite pour parler de tout autre chose. Il est là pour évoquer la condition féminine mais également les amours homosexuelles, deux sujets complexes à l'époque choisie.

Pour aborder cela, le mangaka s'inspire un peu des héroïnes tragiques des shojo-aï des années 70. Miss Alice sous des abords joyeux ou réservés selon la personne en face d'elle, cache une grande souffrance. C'est une femme de la noblesse enfermée dans le carcan de son rang. Elle est obligée de se comporter d'une certaine façon, de s'habiller comme on l'attend d'elle, et d'aimer qui on lui dit d'aimer. Du moins, c'est ce que son entourage aimerait mais ça la ronge. On découvre ainsi au fil des pages, une jeune femme à fleur de beau, très mal, au point de penser à se donner la mort pour échapper au destin qui l'attend et qu'elle voit comme inéluctable.

Sa rencontre avec Hanako va tout changer. Celle-ci est une jeune japonaise qui est venue en Angleterre pour vivre son rêve. Elle est passionnée par les livres comme Alice et elle aimerait montrer ses écrits à l'auteur qu'elle préfère. Elle pense qu'en Angleterre, elle trouvera une égalité de principe entre les hommes et les femmes mais également qu'il n'y aura pas de préjugés sur la personne pour qui on a des sentiments. Elle se trompe lourdement. Pour autant, elle ne perd pas espoir et de part sa rencontre avec Miss Alice, elle va devenir à la fois une bouée et un roc pour celle-ci. Il va donc se nouer une relation très particulière entre les deux. Hanako étant franche, ouverte et pleine d'énergie, tandis qu'Alice est au bord de la rupture.

Alors qu'au début, j'avais peur de tomber sur quelque chose de trop léger, notamment à cause du dessin très rond qui est même trompeur en ce qui concerne les apparences des personnages car il les fait paraitre bien trop jeunes. Au final, je suis tombée sur une histoire bien plus riche et profonde. J'ai aimé le travail fait sur la psychologie des personnages, aussi bien Hanako et Alice que Edward, le fiancé de celle-ci. J'ai aimé les sujets abordés et la façon franche et honnête dont ils le sont. Cerise sur le gâteau, nous sommes avec un titre fait pour les amoureux des livres. Il y a de nombreuses références, plus ou moins travaillées, sur les auteurs anglais du XIXe : les soeurs Brontë et leurs noms de plume masculins au début, Mary Shelley et son Frankenstein (il suffit de voir le nom de l'auteur préféré de l'héroïne), Oscar Wilde et son homosexualité, etc. On croise également la plus vieille librairie de Londres : Hatchards, une vraie institution. L'ambiance est donc plus sombre et sérieuse que ne le laissait présager la couverture et les premières pages. J'en suis ravie !

En bref

Goodbye my Rose Garden est une belle petite surprise. Si je ne suis pas entièrement convaincue par le travail graphique, trop rond et lisse à mon goût, en revanche j'aime beaucoup la force qui s'échappe des paroles et des actes des personnages. C'est un titre vraiment intéressant à lire sur la question des femmes et des libertés sexuelles. Cela augure de belles choses pour la suite même si on sent bien que le drame n'est pas loin.

7
Goodbye my Rose Garden
Positif

Le décor de l'Angleterre victorienne

Les thèmes sur la condition féminine et l'homosexualité

Les références littéraires et autres clins d'oeil aux amoureux des livres

Le travail sur la psychologie des personnages

Negatif

Un dessin rond et lisse, trompeur sur la profondeur du texte et l'âge des personnages

L'utilisation de beaucoup de tropes sur l'Angleterre Victorienne

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