Critique Roman Les enfants du temps

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Les enfants du temps

par Pois0n le lun. 3 févr. 2020 Staff

Après les gilets, sortez les cirés jaunes...

... car il pleut beaucoup dans Les Enfants du Temps.

Après your name., revoilà Makoto Shinkai avec la version roman de son dernier film. A l'instar du précédent, l'auteur a mené de front les deux projets en même temps, avouant de lui-même, dans la postface, que le format roman lui a de nouveau permis d'inclure des éléments supplémentaires qui se seraient mal intégrés au support cinéma. Pour avoir visionné le film your name. suite à la lecture du roman, la supériorité du format papier, qui éliminait toutes les incohérences du film (qui en était, il faut le dire, blindé), ne faisait aucun doute. Pour qui voudrait la version la plus complète de chacune de ces œuvres donc, une seule solution : READ THE BOOKS ! … Ça tombe bien, si vous êtes là, c'est probablement que le roman vous intéresse.

A l'époque, le roman your name. m'avait laissé la sensation rageante d'un excellent roman gâché par une introduction chaotique et une fin bâclée, s'éternisant en digressions avant de son conclure de façon abrupte. De quoi ouvrir Les Enfants du Temps avec une petite appréhension sur l'aspect narratif... à tort.

Certes, l'on n'échappe pas au flash-back qui spoile un peu, mais le lien entre le prologue et le véritable début de l'histoire se fait de façon fluide. Nous voilà embarqués aux côtés de Hodaka, pour le début d'une fugue qui changera non seulement sa vie, mais aussi bien d'autres...

Alors, il faut l'avouer, le déroulement de l'histoire est leeeeeeent. Les Enfants du Temps propose une histoire 100% urbaine, avec toujours une touche de culture japonaise, présente au travers de la nourriture ou des croyances. On suit les errances de Hodaka dans ce labyrinthe parfois hostile qu'est Tokyo, passant d'un quartier à l'autre. Tout au long du roman, on retrouve ainsi nombre de lieux emblématiques (le Skytree, la tour Roppongi Hills, le Rainbow Bridge, et bien d'autres). Du vrai tourisme littéraire. Le début de l'histoire n'est ainsi pas très rose, n'ayant rien à voir avec les fugues idéalisées que l'on peut voir parfois : Hodaka n'a nulle part où dormir, plus un sou pour s'acheter à manger, et personne ne veut filer de travail au noir à un mineur. Et même lorsque les choses s'améliorent, la réalité n'est jamais très loin... Les Enfants du Temps, c'est un récit initiatique marquant le passage à l'âge adulte pour Hodaka, mais aussi synonyme de changement pour les autres.

Le communiqué de presse mentionnait la romance au même titre que le fantastique : alors non. Clairement, on ne peut pas parler de romance paranormale ni même de romance tout court, les sentiments de Hodaka n'occupant qu'une place très réduite derrière le fantastique, la magie, et même l'enquête journalistique. Certes, ils ont leur importance au sein du récit, mais n'en sont pas l'enjeu. Et c'est tant mieux, tant celui-ci se trouve équilibré au final. D'autant que ce n'est pas comme si les protagonistes n'avaient pas d'autres soucis en tête.

Une bonne partie du récit baigne dans une atmosphère un peu onirique, où tout va bien, un zeste de magie inoffensive suffisant à apporter un peu de bonheur aux gens. Juste un petit rayon de soleil, au sens propre, le tout dans un enrobage très tranche-de-vie où se croisent les récits d'Hodaka, mais aussi de Kei, Natsumi et même de clients de Hina, apportant une vue d'ensemble sur la situation et empêchant le récit de devenir trop monotone.

Car tout ça n'est finalement pas très mouvementé et l'on sent venir « le » gros plot twist de l'histoire à des kilomètres à la ronde. De même que la fin, d'autant que le prologue la dévoilait déjà en partie. Si Les Enfants du Temps bénéficie d'une narration beaucoup plus maîtrisée que your name., l'histoire est, il faut le dire, moins accrocheuse et dépourvue de tout suspense. Si l'auteur ne précisait pas dans la postface s'être affranchi des limites parfois imposées à la création, on peinerait à le croire tant son récit, finalement, manque un peu de fantaisie. Une sobriété qui colle cependant néanmoins à l'ambiance voulue, où le surnaturel s'invite de façon discrète dans le quotidien.

Les Enfants du Temps, c'est donc une lecture sympathique, au rythme tranquille, mais finalement moins marquante que l’œuvre précédente de l'auteur, pourtant bien plus perfectible. A lire pour s'évader, de préférence un jour de pluie.

En bref

Une histoire sympathique et bourrée de personnages attachants, mais dont le déroulement vraiment leeeeeent et pauvre en rebondissements ne recèle aucune surprise. Reste l'ambiance, un peu douce-amère, et le décor tokyoïte. Meilleur dans la forme que your name., mais hélas moins accrocheur.

6
Les enfants du temps
Positif

L'alternance des points de vue

Une fugue réaliste

Une vraie visite littéraire de Tokyo

Une ambiance assez douce

Des personnages attachants

Negatif

Le rythme leeeeeent

Une histoire vraiment prévisible

La conclusion un peu rapide

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