Retour vers le passé : Traitement de Choc (1973)

 

 

Thriller/horreur
Long métrage français/italien
Réalisé par Alain Jessua
Scénarisé par Alain Jessua et Roger Curel
Avec Annie Girardot, Alain Delon, Michel Duchaussoy, Robert Hirsch…
Année de production : 1973

Suite au succès de son deuxième long métrage Jeu de Massacre (primé à Cannes en 1967), le réalisateur et scénariste Alain Jessua a tenté en vain de monter un projet de science-fiction en co-production avec l’Italie. Mais malgré les promesses, le financement ne s’est pas fait et Jessua a arrêté les frais après des années d’aller-retour entre la France et l’Italie. Fatigué, il décide de prendre des vacances et se paye une cure de thalassothérapie. D’après ses dires, il s’y est ennuyé très vite et l’endroit lui a alors donné une idée pour un nouveau scénario. L’intérêt d’Annie Girardot, qui était dans les années 70 l’une des actrices les plus prolifiques du cinéma français, a permis cette fois-ci à Alain Jessua de rassembler le budget nécessaire et d’attirer une autre star en tête d’affiche en la personne d’Alain Delon.

 

 

 

Hélène Masson (Annie Girardot) a fait fortune dans le prêt-à-porter. Tout semble aller pour le mieux dans sa vie jusqu’au moment où son amant la quitte pour une femme plus jeune. Au bord de la dépression, Hélène accepte la proposition de son vieil ami Jérôme Savignat de la rejoindre dans l’institut du docteur Devilers (Alain Delon en médecin tout-puissant à la beauté du diable) où il suit une thalassothérapie très particulière et hors de prix. Là, elle rencontre les autres curistes, que des gens riches, hommes et femmes d’affaires, politiciens, magistrats, obsédés par leur apparence et par la promesse de combattre les effets du temps. Cette première partie est assez lente, ce qui correspond bien à la monotonie d’un quotidien rythmé par les différentes étapes du traitement dans un décor aseptisé.

Les habitués de l’institut forment une communauté nombriliste et se fichent totalement de ce qu’il y a autour d’eux (voir notamment la scène très flower power…et un brin ridicule tout de même…du bain collectif où même Alain Delon se balade la bite à l’air). Ils dédaignent totalement les domestiques portugais et leur état de santé, en prétextant que les jeunes hommes ne supportent pas le climat des lieux. Hélène est la seule à ne pas prendre les travailleurs de haut et se lie même d’amitié avec l’un d’entre eux. Lorsque celui-ci disparaît, peu de temps après le suicide apparent de Jérôme qui ne pouvait plus payer le traitement, Hélène se rend compte qu’il se passe décidément des choses étranges dans l’institut Devilers et enquête en secret…

 

 

Même s’il ne réussit pas tous ses effets, notamment à cause d’une musique décalée et entêtante qui ne s’accorde pas très bien avec une atmosphère voulue anxiogène, Alain Jessua construit par petites touches un bon suspense paranoïaque avant un dernier acte qui bascule totalement dans l’horreur, faisant de Traitement de choc une variation sur le vampirisme doublée d’un conte moral à la chute cruelle. Si le scénario ne manque pas d’éléments intéressants, l’interprétation est par contre plus inégale, allant du convaincant au très, très maladroit (Girardot et Delon en font beaucoup trop dans leur dernière scène ensemble, ce qui en réduit l’efficacité).

Avec un peu moins de 2 millions d’entrées, Traitement de Choc a très bien fonctionné au box-office français en 1973. Alain Jessua a de nouveau travaillé avec Alain Delon (ce fut la dernière fois pour causes de mésententes sur le tournage) pour son film suivant sorti en 1977, Armaguedon.

Le Doc

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