Retour vers le passé : L'Invasion des Profanateurs (1978)

 

Science-fiction/horreur
Long métrage américain
Réalisé par Philip Kaufman
Scénarisé par W.D. Richter d’après le roman de Jack Finney
Avec Donald Sutherland, Brooke Adams, Jeff Goldblum, Veronica Cartwright, Leonard Nimoy…
Titre original : Invasion of the Body Snatchers
Année de production : 1978

Réalisateur et scénariste assez rare, Philip Kaufman a mis en scène 12 longs métrages sur une période de 40 ans, le point culminant de sa carrière étant sa superbe fresque sur la conquête spatiale, L’Etoffe des Héros en 1983 (ce qu’il a fait par la suite est nettement moins intéressant). Après avoir débuté dans les années 1960 sur des comédies à petit budget, Kaufman s’est aventuré sur les terrains du western avec La Légende de Jesse James en 1972 et du film d’aventures avec The White Dawn en 1974. Il travaille ensuite sur un scénario pour une relance cinématographique de Star Trek mais suite au mauvais buzz qui entourait alors la production de La Guerre des Etoiles, la Paramount a décidé d’abandonner le projet, un exécutif lui aurait même dit que le genre S.F. était mort et enterré (je ne sais pas s’il a gardé son boulot longtemps, lui).

Après avoir été viré de la réalisation de Josey Wales Hors-la-loi au profit de Clint Eastwood, Philip Kaufman a eu l’occasion de rebondir rapidement avec un projet de science-fiction (qui n’était pas si mort que ça finalement), une nouvelle adaptation du roman L’Invasion des Profanateurs de Jack Finney, déjà porté à l’écran par Don Siegel en 1956. Avec son scénariste W.D. Richter (futur réalisateur des Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème Dimension), il a décidé de quitter la tranquille petite bourgade de campagne du récit original pour déplacer le lieu de l’action à San Francisco, une grande ville qu’il appréciait particulièrement.

 

 

La générique début du Body Snatchers version 1978 ne perd pas de temps pour présenter l’origine extraterrestre de la menace. Des parasites aliens gélatineux quittent leur planète mourante pour se laisser dériver dans l’espace vers la Terre. Le danger se développe progressivement, à la périphérie du regard des habitants inconscients du mal qui est en train de s’emparer de San Francisco. Dans les premières minutes, on suit les personnages principaux dans leurs principales occupations. Matthew Bennell, campé par Donald Sutherland, est un agent des services sanitaires. Sa collègue scientifique Elizabeh est jouée par Brooke Adams, vue ensuite dans le Dead Zone de David Cronenberg.

Un soir, Elizabeth ramène chez elle une fleur d’une espèce qu’elle ne connaît pas. Le lendemain, son petit ami Geoffrey se conduit étrangement. Il est plus froid, plus distant que d’habitude…elle se met à le suivre, de plus en plus inquiétée par son comportement et celui des gens qu’il croise. Elle est persuadé que Geoffrey n’est plus Geoffrey. Elle fait part de ses certitudes à Matthew qui a du mal à la croire et lui demande de voir son ami psychiatre David Kibner (Leonard Nimoy). Lors de cette soirée, Matthew est pourtant troublé par une scène impliquant une patiente de Kibner…et lorsque son pote Jack (Jeff Goldblum) et sa femme Nancy (Veronica Cartwright) découvrent dans leur spa un mystérieux embryon se formant pour devenir un double de Jack, le doute n’est plus permis…l’invasion a commencé…

 

 

La deuxième version ciné du livre de Jack Finney garde son climat paranoïaque, en l’adaptant au contexte plus contestataire et pessimiste des années 70. Philip Kaufman le retranscrit par ses placements de caméra, sa façon de filmer la foule, ces figures anonymes dépourvues de sentiments qui fixent les protagonistes presque imperceptiblement au détour d’un plan. Le réalisateur utilise souvent les motifs du verre dépoli, cassé, des rideaux pour dissimuler en partie les visages et montrer que quelque chose change derrière la surface des choses… c’est très bien ficelé, un suspense à l’efficacité appuyée par une bande-son assez anxiogène…

L’intrigue (qui ménage un gros clin d’oeil à L’Invasion des Profanateurs de Sépultures de Don Siegel) est prenante et la tension ne se relâche jamais (si le travail sur l’atmosphère est privilégié, les quelques passages plus frontalement horrifiques sont très réussis) jusqu’au mémorable final. Les scènes nocturnes sont admirablement filmées, donnant l’impression que la ville n’est également plus la même, un piège qui se referme sur les derniers êtres aspirant à l’individualité dans une société assimilée par des êtres venus d’ailleurs.

Le Doc

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