Critique Manga Entre toi et moi #1

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Entre toi et moi

par snoopy le dim. 6 nov. 2016 Staff

Chronique des deux premiers tomes

Après telle que tu es, Kana accueille un nouveau shojo dans son catalogue et nous donne l’occasion de découvrir pour la première fois la mangaka Haru Tsukishima. Elle a débuté tout récemment sa carrière et ses séries sont publiées dans le magasine Dessert de l’éditeur Kodansha. Au programme une histoire d’amour tumultueuse entre deux amis d’enfances et des délires autour du Kabedon.

« Makoto ! Si tu désires à ce point un petit ami…Je veux bien te faire la faveur de sortir avec moi ! »

Voisins et amis d’enfance Reita et Makoto vont au même lycée. Ils sont restés proches malgré les années qui passent grâce notamment au fait que leurs parents respectifs s’entendent bien. Contrairement à Makoto, Reita a vraiment la côte auprès des filles et enchaine les conquêtes. Un jour, il lui annonce qu’il va devenir son petit ami. Comment la jeune fille réagira-t-elle face à cette déclaration soudaine ?

La thématique des amis d’enfance tombant amoureux l’un de l’autre peut sembler assez banale comme point de départ et a souvent été mise en scène dans les shojo. A défaut d’originalité du côté de l’intrigue de base, on se rendra vite compte que l’auteure a essayé de donner une personnalité moins convenue à ses deux principaux protagonistes. Dès les premières pages, le héros fait une déclaration d’amour à son amie d’enfance aussi bizarre qu’inattendue et la réaction blasée de la jeune fille est plutôt drôle.
Reita apparait donc toute suite comme un beau garçon conscient de ses atouts physiques, imbu de lui-même et arrogant. Tout le contraire de notre héroïne, une jeune fille ordinaire et qui n’est jamais sorti avec un garçon. Heureusement, l’auteure ne tombe pas dans le piège de l’héroïne niaise et rougissante ; on appréciera donc son côté déluré et son sacré caractère. Ce qui est amusant c’est de la voir accorder aucun crédit à la déclaration du jeune homme et mettre cette dernière sur le compte de son idiotie. Vous me direz, un duo doté d’un sacré caractère est déjà plutôt original et leurs réactions puériles sont plutôt drôles. Par contre, ce genre de petit jeu aura vite fait de devenir lassant à la longue et on espère surtout que le personnage de Reita ne restera pas cantonner au rôle de l’idiot de service. Dans un premier temps, on aura donc un peu de mal à les cerner et donc à rentrer dans l’intrigue. Ils sont toujours un peu dans l’excès et on peine à trouver un certain équilibre. Par contre, les personnages secondaires surtout celui d’Abiko viendront combler un peu cette petite faiblesse et on sent qu’ils vont apporter quelque chose au récit même s’ils interprètent toujours un peu les mêmes rôles à savoir ceux de meilleurs amis. Cela dit, on attend tout de même de l’auteure qu’elle nuance un peu plus ses personnages surtout celui de Reita.

« Peut-on tomber amoureux de son ami d’enfance ? »

Cette question est au cœur du récit et l’auteure explore la possibilité de faire évoluer une amitié vers une relation de couple. A défaut d’être originale, cela reste une bonne idée et on sent que le mur des amis d’enfance sera très difficilement surmontable. On a tous eu un ou une amie d’enfance avec qui on a gardé des souvenirs intarissables, c’est assez rare d’avoir pu conserver cette relation aussi longtemps comme l’ont fait nos deux héros. Un point assez plaisant surtout qu’on sent que l’héroïne tente de la préserver à tout prix. On comprend tout à fait sa réticence puisqu’elle le considère comme quelqu’un de sa famille et rien ne garantit que leur relation survive à un changement aussi important surtout dans le cas d’une rupture. Elle évoque également les souffrances du passé qui semblent avoir encore un impact sur elle. Un point intéressant qu’on espère que l’auteure développera plus en profondeur par la suite et qui donnerait par la même occasion plus du poids aux réactions de l’héroïne.

« Le Kabedon à l’honneur »

Le Kabedon est le terme pour désigner le fantasme des jeunes japonaises à être plaquée contre un mur par un homme. Une situation que les mangaka utilisent très souvent dans le monde du shojo, seulement ici l’auteure a décidé d’en faire l’un des atouts de son titre. C’est assez délirant de voir cette scène se répéter régulièrement dans ce premier tome mais c’est peut être un petit peu trop à mon goût. On a l’impression que l’auteure a voulu rendre cela drôle sauf que ce genre de mise en scène est censée dégager du sex-appeal et non être tournée en ridicule. Ce n’est pas assez tiré en dérision pour être véritablement hilarant même si on reconnait que l’idée est sympathique.

S’agissant du premier tome, on ne se montrera pas trop exigeant mais on en attend tout de même un peu plus de la part de l’auteure. On espère notamment que cette dernière permettra aux personnages d’évoluer.

Attention Spoil ! Si vous n’avez pas lu le second tome, passez à la section graphisme.

Dans le second tome, les quiproquos s’enchainent et notre héroïne est bien décidée à prouver à Reita qu’il se fourvoie sur son compte. On peut comprendre la réaction de l’héroïne mais cette dernière va malheureusement provoquer l’antipathie de toute l’école puisque rappelons-le Reita est tout de même le petit chouchou de toutes les filles. Depuis le début de l’histoire, Ils se comportent tous les deux comme des idiots et réagissent de façon totalement immature aux paroles de l’autre. Comme précédemment, c’est à nouveau Makoto qui va en faire les frais.

C’est intéressant d’apprendre que ce n’est pas la première fois qu’elle subit ce genre de brimade à cause de sa relation privilégiée avec Reita. La façon dont elle va gérer les choses l’est tout autant, elle ne va pas se morfondre mais elle va tout de même trouver la situation lourde à la longue. Quant à Reita, il est égal à lui-même et continue de déblatérer des âneries sauf qu’à sa façon il essaie de prendre soin de l’héroïne. C’est amusant de constater qu’il est bien plus perturbé par Makoto que cette dernière et on ressentira réellement cette difficulté qu’il éprouve à exprimer ce qu’il ressent. Il va donc se montrer à nouveau très maladroit mais on le sent déjà plus sincère et donc plus touchant dans ce second tome. L’auteure parvient ainsi à le nuancer et certains échanges nous permettront de mieux le cerner. En tout cas, il y aura une réelle prise de conscience de notre héros qui mesure enfin toute la difficulté de passer du statut d’ami à celui de petit ami.

D’un autre côté, on sera content de voir le personnage d’Abiko prendre une place plus importante dans le récit. Sa présence apporte un peu de sérieux et de maturité au récit. Son petit côté jeune vieux est vraiment sympa et l’évolution de sa relation avec l’héroïne est assez intéressante dans le sens où l’auteure prend son temps pour les rapprocher petit à petit. En plus, le Kabedon fonctionne un peu mieux avec lui sans doute dû à sa personnalité plus mûre.

Dans la seconde partie du tome, notre petite bande partira en voyage scolaire. Un événement récurrent dans les comédies romantiques mais qui se montrera bien plus captivant qu’à l’accoutumée puisque les relations entre les différents personnages vont prendre un nouveau tournant. Contrairement au premier tome et en apprenant à mieux les connaitre, on finit tout de même par s’attacher aux différents personnages et on se laisse embarquer par le récit malgré nous avec cette envie de savoir si Reita parviendra à briser ce fameux mur de l’amitié.

Au niveau des graphismes, le trait sans être follement original pour le genre possède tout de même un certain charme. C’est bien dessiné dans l’ensemble, les expressions sont bien rendues et la mise en scène est attrayante ; les mouvements et poses des personnages sont maitrisés. L’ensemble est très actuel et plaisant.
L’édition est dans les standards de Kana et je n’ai rien remarqué de particulier. Par contre, le mini prix sur le premier tome est toujours aussi alléchant ; difficile d’y résister !

Le titre de Haru Tsukishima s’offre une bonne entrée en matière. Le point de départ peut sembler classique aux premiers abords mais l’auteure parvient tout même à tirer son épingle du jeu en ne dévoilant pas tout de suite son intrigue. En prenant réellement le temps de développer son idée de départ à savoir la confrontation de l’amitié au sentiment amoureux, elle parvient à éveiller l’intérêt des lectrices. Les personnages se livreront de plus en plus au fil du temps et on les sentira également plus sincères. On a en tout cas envie de savoir comment va évoluer tout ce petit monde et donc de lire la suite.

Note: 6.5/10

En bref

Le titre de Haru Tsukishima s’offre une bonne entrée en matière. Le point de départ peut sembler classique aux premiers abords mais l’auteure parvient tout même à tirer son épingle du jeu en ne dévoilant pas tout de suite son intrigue. En prenant réellement le temps de développer son idée de départ à savoir la confrontation de l’amitié au sentiment amoureux, elle parvient à éveiller l’intérêt des lectrices. Les personnages se livreront de plus en plus au fil du temps et on les sentira également plus sincères. On a en tout cas envie de savoir comment va évoluer tout ce petit monde et donc de lire la suite. Note: 6.5/10

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