Critique Manga Utsubora

9
Utsubora

par Suiginto le dim. 12 janv. 2014 Staff

Utsubora est une œuvre captivante et bouleversante, qui nous happe dès les premières pages, avec cette scène muette et impressionnante d'une jeune femme sautant d'un immeuble.
Elle n'a laissé derrière elle qu'un téléphone portable. Pour identifier la jeune fille dont le visage a été défiguré par l'impact de sa chute, les policiers remontent la trace de ses derniers appels jusqu'à un romancier, le talentueux Shun Mizorogi.
Mais sur le chemin de la morgue pour identifier le corps, le célèbre auteur croise une jeune femme qui ressemble trait pour trait à la défunte...

Voilà pour les dix premières pages de cet épais one-shot, on ne peut en dire plus sans spoiler tout l'intérêt de l'histoire, qui distille au compte-goutte les secrets terrifiants de ses protagonistes.
La surprise croissante contribue grandement au plaisir de lecture, le suspense est présent tout au long du récit, ainsi que les émotions extrêmement fortes qui secouent les protagonistes à la dérive. Les mensonges ne se dévoilent qu'à la toute fin de l'intrigue, et nul doute que comme moi, vous aurez du mal à relâcher votre attention jusque là...!

Utsubora ne serait pas aussi fascinant sans ses graphismes, admirablement expressifs, à commencer par l'héroïne, ensorcelante beauté qui séduit et manipule le destin de ceux qu'elle croise.
Les dessins sont épurés, les décors réduits à leur strict minimum, les traits de Asumiko Nakamura se concentrant sur l'approfondissement de chacun de ses personnages, entre l'écrivain au style désuet, avec sa fine moustache et ses tenues classiques, et son égérie, femme fatale, sexy et dangereuse.

Derrière une apparence de thriller, on a surtout affaire à un drame psychologique, tablant sur le parallélisme trompeur et les différentes interprétations que l'on peut faire des faits, jouant sur la provocation à tous les niveaux.

Le rythme de la narration, entrecoupé de flashbacks, entre passé et présent, joue habilement avec le lecteur.
Et une fois tous les mystères dévoilés, on a aussitôt envie de relire le récit depuis le début, pour profiter avec un œil nouveau de l'ingénieux et diabolique scénario, où tout prend seulement sens une fois la dernière page tournée.

L'édition de Vertical est très soignée, avec une couverture souple et agréable en main, sans jaquette, faisant le choix de réunir les deux volumes de la VO en un seul, les deux couvertures originales se retrouvant ainsi en recto-verso, sur fond blanc. L'effet est saisissant, faisant encore mieux ressortir la beauté implacable et mystérieuse des deux visages féminins.
Par ailleurs la traduction est fluide, rendant justice à la beauté et à la finesse des dialogues. Enfin, on retrouve en fin de volume quelques notes intéressantes, notamment sur la signification du titre de l’œuvre.

Utsubora est un one-shot absolument saisissant, qui donne le frisson et émeut tour à tour, avec une réflexion originale et marquante sur les passions qui animent ses personnages, et une façon unique de dépeindre un moment, une histoire, qui ne peut laisser indifférente.
Un récit sombre, dense et émouvant, admirablement écrit et dessiné, que j'ai tout simplement adoré!

En bref

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Utsubora
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