Critique Manga A l'unisson

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A l'unisson

par Sherryn le dim. 29 avril 2012 Staff

« Je suis très heureuse d’avoir pu sortir ces œuvres inachevées », écrit Yumeka Sumomo dans son wild talk de fin de volume. À la lecture de cette phrase, on comprend mieux le contenu des pages qu’on a lues précédemment, tellement elles auront paru d’une rare pauvreté.

Ce recueil est composé d’histoires courtes. « À l’unisson », celle qui donne son nom au manga, compte trois chapitres, dont l’un ne contient que quatre pages ! Premier élément à relever, le style franchement désagréable à parcourir, à cause de très nombreuses phrases hors bulles censément humoristiques qui hachent la lecture. On y voit deux lycéens devenir potes, puis commencer à s’embrasser… sans raison. On se trouve dans un schéma où l’amour et les embrassades tombent du ciel, comme si c’était normal et naturel de commencer à embrasser ses camarades du même sexe (relevons que la remarque serait la même dans le cadre d’une relation hétéro) juste parce qu’on s’entend bien, puis se mettre en couple sans problèmes particuliers ni mise au point.

Les autres histoires proposées sont du même niveau : courtes, et ne contenant guère de réflexions, de psychologie ou de réalisme. Elles présentent l’apparence de fragments de quotidien dénués de cadre, de présentation ou de développement. Les sentiments naissent sans qu’on ne se pose jamais trop de questions, et se développent sans obstacle. « Le conte de la poste du grenier » se révèle un peu cliché, trop court et trop facile. « Égoïstes », malgré sa justesse de ton, s'avère également trop court pour qu'on ait le temps de "rentrer dedans" et de s'attacher au cadre ou aux personnages, sans parler une fois de plus, de la facilité scénaristique. « La création d’un ange », malgré un synopsis plus original et un style plus fluide, s’avère décousu, lent et mou, avec des changements de point de vue mal démarqués.

On ne niera pas qu’il y a une certaine poésie, ni que cette facilité scénaristique évite le pathos, ni que le style graphique n’est pas désagréable ; dans l’ensemble, on ressent bien la présence d’un potentiel qui a su être brillamment exploité par la suite (on connaît Mizu Sahara –l’autre pseudonyme de la mangaka- et ses superbes œuvres My Girl et Un bus passe).

Malheureusement, la meilleure des ambiances ne saurait contrebalancer la mollesse générale et la terrible impression de vide que laisse la lecture, hélas très fade.

L’amatrice de belles histoires d’amour reste sur sa faim : il n’y a aucun récit réellement développé et approfondi. L’amatrice d’étreintes fougueuses reste sur sa faim aussi : en dehors de quelques baisers qui se courent après, ce manga reste bien chaste. Restent les amatrices de fragments de vie, qui parviendront peut-être à trouver leur compte dans ces morceaux dispersés et sans continuité ni final.

En bref

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