Critique Série TV animée Shirobako

8
Shirobako

par _Andrea le dim. 31 janv. 2016

Je me suis régalée, autant le dire.
J'avais très envie de voir une sorte de Bakuman de l'animation pour tout dire.
Pourtant, si le studio P.A Works avait déjà su m’enchanter, je dois admettre que j’éprouvais quelques craintes après Glasslip.
Mais ces craintes furent rapidement balayées. L’animation n’est pas à grimper aux rideaux, mais c’est l’immersion dans le milieu professionnel qui est passionnante. Servi par un story telling intelligent.
Après un début tout gentillet entre copines qui font leurs premières armes sur une animation projet de fin d'étude, nous sommes directement projetés par flash forward sur un studio d'animation qui entame sa saison d'automne. Le personnage phare se démarque déjà, pilote en milieu urbain à ses heures. Les autres sont présentés en masse et 23 peut paraître un peu beaucoup pour un début, mais 1) nous étions prévenus qu’il s’agissait d’une studio story, 2) nous retenons quelques têtes et leurs fonctions à chaque fois, donc pas de souci pour ensuite les retrouver et finir par retenir les noms.
Le premier épisode fait déjà ressortir leur rythme effréné du travail en tout cas, ainsi que ce que cela implique, notamment les conséquences d'une bourde ou d'un retard ou d'une absence sur toute la chaîne de production.
A titre d’exemple, j'ai beaucoup apprécié les moments qui traitent du métier de seiyuu, ainsi que le thème autour du dilemme 3D/2D et les tensions que cela peut provoquer.
D'une façon générale, j'ai beaucoup aimé le traitement qui était fait des rapports professionnels et humains, cette ambiance de travail à flux tendus, les tensions que cela provoque, mais aussi les solidarités. Du SoL professionnel, ni plus ni moins. Cependant on va lentement développer en annexe les personnages, à commencer par les amies de départ, chacune a ses preuves à faire dans la branche qu'elle a choisi.
Alors, ce n'est pas exempt de niaiserie et de bons sentiments par moment, mais ça passe quand même, parce qu'en parallèle, on saisit bien que ce secteur d'activité a sa folie au niveau rythme de travail et enjeux. Enjeux collectifs et enjeux personnels. A ce titre, ceux du personnage du directeur sont assez bien amenés je trouve.
Les interactions sont donc bien montrées, ce n'est pas qu'un développement de chaque poste pour chaque poste, n'ayez pas trop de craintes là-dessus. On sent aussi bien que dans Bakuman les interdépendances au sein d'un staff, et l'éventail de sentiments que cela peut générer. Les rapports sociaux sont assez délicieux à considérer. Premier point très positif.
Tout cela est au départ mis en scène autour de la conception d'une série, comme vous pouviez vous en douter : le Studio G.I Staff (ça vous rappellera forcément quelque chose) est là pour sortir une série d'automne. Et ce premier anime dans l'anime est une série à base de moe qui n'est pas mon genre de prédilection du tout, mais peut-être était-ce tant mieux, car je n'avais aucune attente particulière sur le traitement du coup. Juste celle de vouloir sentir la frénésie du staff.
Alors mon petit plaisir fut d’attendre que les semaines passent et d'en visionner plusieurs d'affilée. Et à le voir de cette manière, j'ai pu savourer la gestion du rythme et la trouver convaincante parce qu'on parvient presque à ressentir nous aussi l'angoisse du bouclage. L'arc Exodus était vraiment génial à ce titre.

L'autre grande qualité, à mes yeux est la gestion de personnages. Dans ce fouillis on prend le temps de s'attacher à eux, comprendre ce qui est important à leurs yeux, prendre la mesure de leurs talents et de leurs doutes. Des passages avec un vieil animateur étaient magiques. Et la pédagogie toujours au rendez-vous. Par exemplle j'ai particulièrement adoré le passage chez les ingé' son, par exemple. La mise en plan d'une deuxième série préparée par le studio fut un immense défi pour Aoi, notre personnage principale et a permis de rencontrer de nouvelles têtes, ce qui était appréciable à ce moment-là.

Autre point fort de la série Shirobako : l’humour. Je ne suis pas prête d'oublier une scène de débat sur les seiyuus totalement bidonnante mais en disait long sur les enjeux dans le milieu aussi... Il fallait oser la dose de vanne sur les réunion de prod' comme cet anime l'a fait, je trouve. C'était si rafraîchissant !

Dernier point particulièrement jubilatoire : la méta série. Les références à des pointures du milieu et les cameo sont très très nombreux.
Mitsuhisa Ishikawa, Masahiko Minami, Yuuji Matsukura, Hideaki Anno, le président de Bones et j’en passe. Un vrai régal pour tout amateur de Japanimation.

Le personnage inspiré de Hiromasa Ogura m'aura assez marquée, d'ailleurs. Déjà c'est un très grand monsieur irl qui inspire le personnage, mais quand Aoi Miyamori, qui fait une fixette sur ce qui pousse les gens à travailler dans l'animation (cherchant par là même ce qui la motive, elle) l'interroge, sa réponse est ma préférée, celle que sans doute j'aurais donné. Il m'en faut peu pour être heureuse.
A noter aussi que globalement la dose de dérision sur toutes ces pointures de la japanim est impressionnante. Mizushima prend assez cher toute la série, Ikehata ("monsieur Genshinken" !! o/ ) et Minami pas mal aussi, là, mais toujours avec le plus grand respect.

Ce qui fait la très grande force Shirobako, au-delà de la pédagogie sur le milieu, c'est donc vraiment ça : on peut livrer sans fard et faux fuyants le quotidien d'une « grande famille » avec ses passions et ses petits défauts. Vraiment chapeau.
On aurait pu suivre l'évolution de la carrière de Miyamori sur 50 épisodes, la série était originellement prévue pour cela. Allez, une saison 2 un jour ? Ce serait avec grand plaisir en tout cas.
Merci P.A Works de nous avoir régalé avec cette série qui a fait une arrivée timide chez nous, mais qui se sera révélée être d’une des meilleurs surprise de l’automne dernier.

En bref

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