Critique Manga Le Poids du Silence #1

Poids de l'amour interdit

Plus que le sujet, qui reflète une obsession japonaise que je suis bien à mal de comprendre, c'est  poésie triste de la couverture qui a attiré mon regard et m'a donné envie de découvrir ce nouveau titre édité dans la collection Yuri de Meian. Mon avis est partagé à l'aune de ce sentiment.

Seinen paru à l'origine dans le Comic Dengeki Daioh G où j'ai été très surprise de le retrouver, mais son autrice était une touche à tout aimant flirter avec les différentes catégories éditoriales, ce n'est pas surprenant qu'il finisse estampillé Yuri chez nous, surtout vu la place occupée par la relation entre les deux jeunes femmes de la couverture. Bref, les limites entre les genres sont définitivement de plus en plus perméable ^^

Meian a donc fait le choix de sortir directement la moitié de la série pour nous la faire découvrir. Il faut dire, et ce n'est pas un reproche ici, que les débuts sont assez lents, alors on ne dit pas non quand on a une double dose dans ce genre de cas. Cette histoire langoureuse met en scène Sena, une jeune romancière en panne d'inspiration depuis que sa soeur adorée est partie vivre à l'étranger. La meilleure amie de cette dernière, missionnée pour s'en occuper, passe régulièrement la voir mais souhaiterait un peu plus. Or Sena est assez fermée et pas pour n'importe quelle raison.

Comme la couverture l'annonçait, j'ai été séduite par l'ambiance du récit. Nous sommes, avec Sena, face à une taiseuse et j'aime assez ce profil. En face d'elle, Kiku, la meilleure amie et ancienne petite amie de sa soeur, a un côté assez dirigiste et fonceur que j'apprécie en plus de la douceur dont elle sait faire preuve, ce qui donne une dynamique où on cherche à repousser le voile de tristesse qui couvre Sena, et j'aime ça. J'aime voir Kiku essayer de prendre soin d'elle et de briser sa coquille, malgré toutes les maladresses (et les clichés...) qui vont avec. J'aime voir Sena réagir et tenter de faire bouger les lignes.

Cependant, il y a un problème initial pour moi : les sentiments que l'autrice a imaginés chez Sena pour sa soeur aînée... Je ne comprends pas cette fascination des japonais pour les relations incestueuses, là entre deux soeurs biologiques en plus, dont l'une semble avoir été la figure maternelle de l'autrice. Pour moi, il ne peut pas y avoir de confusion avec un amour romantique même dans ces cas-là où la dépendance est grande, alors je ne comprends pas. Ça ne me fait pas rêver. Ça ne m'attendrit pas. Ça me met juste extrêmement mal à l'aise et je m'interroge plutôt sur la santé mentale d'une telle personne. C'est le cas ici. Je ne vois donc pas l'intérêt de complexifier l'histoire avec ce type de sentiment. Un simple amour fort entre soeurs et une grande tristesse due à la séparation aurait suffit, point. Le résultat aurait quasi pu être le même ou alors si on veut de la romance, proposez-nous une vraie histoire d'amour passée, pas ça.