Critique Manga City Hunter - Spin-off: La vie pas si paisible d'Umibozu #1

Un singulier garçon de café !

Amoureuse de City Hunter ou plutôt Nicky Larson dans ma jeunesse, comment passer à côté de ce spin-off centré sur la figure d'Umibozu (Mammouth) ? Et pourtant, c'est ce que j'ai failli faire. Mais comme je faisais partie de ceux qui réclamaient cette histoire signée Est Em, autrice bien trop peu présente en France malgré son talent, j'ai voulu soutenir le courage de Panini à le sortir et qu'est-ce que j'ai eu raison !!!

La raison pour laquelle j'ai hésité, c'est qu'en feuilletant le tome en librairie d'abord, je l'ai trouvé tout fin, ensuite je n'ai pas trouvé de pages couleurs (snif) et enfin je trouvais le dessin de l'autrice (que j'aime de part ailleurs) fort vide ici. J'avais donc peur de passer à côté du côté anecdotique de l'objet. Mais c'est justement ce qui en fait tout le charme !

Est Em est une artiste qui vient de la scène yaoi / josei, ayant notamment publié dans les magazines Ikki, Feel Young, Josei Seven et j'en passe, car elle est très prolifique, notamment dans le format court. Malheureusement, chez nous, elle n'a été publié qu'une fois, il y a longtemps, en 2010 avec Tango chez les Editions H. Je suis donc ravie de la retrouver ici, sous prétexte de ce spin-off singulier qui lui ressemble bien, où elle reprend et détourne la figure emblématique de City Hunter : Umibozu, avec sa compagne Miki et leur café le Cat's Eye. 

Dans cette série qui comptera 5 tomes de 160 pages environ, en grand format, on y suit donc le quotidien de notre barista allergique aux chats, ancien mercenaire au look bodybuildé tellement reconnaissance avec son crâne rasé, ses lunette noires, sa moustache et son bouc, ainsi que son costume de garçon de café impayable ! Alors que les histoires pourraient être sans saveur, elles sont au contraire, sous la plume caustique et sobre de l'autrice, toujours très drôle. Celle-ci a un vrai sens du rythme, de l'à propos, et met en scène le quotidien des habitants de Shinjuku croisant la route d'Umibozu et son café de manière vraiment savoureuse.

Là où je craignais un dessin vide et froid, je me suis ainsi retrouvée avec des histoires vraiment chaleureuses et drôles où j'ai apprécié de découvrir un Mammouth du quotidien, qui aide son prochain, avec un décalage savoureux du fait de son passé et de sa méconnaissance de la vie en société parfois. C'est plein de bons sentiments, de drôleries mais cela propose aussi un regard critique sur notre société des apparences, qui manque un peu de bienveillance et d'entraide parfois, et qui peut faire perdre ses repères. Les histoires proposent ainsi toujours de jolies rencontres humaines avec une belle morale finale et un cheminement assez drôle et caustique, parfois à coup de canon et autres anciens outils de mercenaire, pour y arriver. J'ai beaucoup aimé.

L'autrice bien sûr joue sur la corde de la nostalgie, mais elle le fait de manière plus fine que d'autres. Elle ne cherche pas à forcer et réintroduire tous les anciens personnages. Les seuls repris et visibles dans la série, à ce jour, sont Umibozu et sa compagne. Il est bien question parfois, au détour d'une phrase de Ryo, Kaori ou Saeko, mais on ne les voit pas. Ce ne sont pas eux les héros de l'histoire et ce n'est pas du City Hunter - like comme l'isekai REbirth qu'on a chez Kioon. Cela n'a rien à voir. Ici, l'autrice s'est juste approprié l'une des figures de la série pour lui donner son propre univers, ses propres histoires, le tout dans un cadre qui lui correspond à elle et dans lequel elle peut donner sa touche, sa couleur aux histoires imaginées. J'adore !