Critique Manga Au bain, les Yankees !

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Au bain, les Yankees !

par Pois0n le sam. 3 août 2024 Staff

... mais pas dans la Seine hein

Imaginez. Vous avez envie de faire un guide touristique des bains publics tokyoïtes en manga. Pour rendre ça intéressant, vous prenez deux loubards tout droit sortis d'un manga furyô et vous les envoyez sur les traces d'un gars qui les a lattés l'année précédente. Leur seul indice ? Qu'il fréquente les bains publics ! ... Eh bien, vous pouvez cesser d'imaginer, parce qu'Hiromasa Okujima l'a fait et que ça a donné « Au bain, les yankees » !


... Que l'on ne s'y trompe pas, l'objectif de cette quête (ô combien noble, au demeurant) est pour nos compères davantage un prétexte qu'autre chose. En fait, tout, absolument tout, est une excuse pour aller faire trempette plutôt qu'en cours : les bastons bien sûr (« oh ben zut, j'ai sué, allez, au bain ! »), les coups au moral, un rendez-vous galant, une course à faire dans un nouveau quartier...

Le Kotobukiyu, un des établissements présentés dans le manga

Dans l'esprit, on a donc affaire à un croisement assez improbable entre Racaille Blues et Interspecies Reviewers, l'accent étant *vraiment* mis sur les établissements. A chaque chapitre, un lieu à découvrir. Et tout y passe, depuis l'accueil au vestiaire, les différents bassins proposés (chaud ? froid ? à bubulles ? eau noire ? en extérieur ?) et leurs températures, ainsi que les éventuelles prestations annexes, sans oublier les usages en vigueur un peu partout.


Si l'ensemble est enrobé d'histoires de bandes rivales, il ne s'agit donc que d'un moyen et non d'une fin. L'éditeur a d'ailleurs suffisamment communiqué là-dessus, c'est pas *PAS* un furyô, mais plutôt de la tranche-de-vie qui s'en donne l'atmosphère. Nos wannabe-voyous sont davantage de simples bagarreurs que des vrais délinquants, et c'est très bien comme ça. Le comportement exagéré des personnages et les blagues sur les mamies rajoutent une bonne couche à un postulat déjà pas bien sérieux, le truc se prend lui-même au 1000ème degré... et ça fonctionne. On se laisse porter d'un bain à l'autre en suivant Tatsuya et Taiga dans leurs histoires loufoques.


Visuellement, il faut avouer que c'est un régal. Les décors tapent carrément dans le photoréaliste (il faut dire que l'auteur a pris soin de tout tester en personne, « pour les recherches », évidemment... ;) ) quand les personnages arborent des looks de voyous « à l'ancienne » du plus bel effet. La plupart sont plutôt beaux gosses, chacun dans leur genre... et on les voit donc, la plupart du temps, dans le plus simple appareil, avec juste une mini censure plus ou moins discrète, parfois amusante (« oh, la bassine bien placée... :p » ) pour cacher ce qu'il y a à cacher. Il n'y a toutefois pas de fan-service à y voir, et l'unique personnage féminin de la série y échappe totalement. En arrière-plan, on notera tout de même des hommes (oui, puisqu'on ne voit que les bains masculins, du coup...) aux physiques et âges variés, prouvant que Hiromasa Okujima a juste un joli coup de crayon pour tout le monde ! Quant aux scènes d'action (car oui, il y en a quelques-unes), certaines cases sont du plus bel effet et très percutantes, mais globalement, leur côté très expédié rappelle qu'il ne s'agit pas là de l'essentiel.

« Au bain, les yankees » est donc un pur OLNI (objet littéraire non identifié) qui ne plaira pas, et ne s'adresse pas, à tout le monde. Les lecteurices en quête de furyô y en trouveront certes l'esprit, mais l'esprit seulement ; c'est davantage les fans de tranche de vie et d'humour qui y trouveront leur compte. La série pourrait presque être qualifiée de feel-good, à rappeler régulièrement qu'il est important de kiffer les petites choses de la vie et prendre du temps pour soi.


Sa conclusion, très expédiée, tombe en revanche d'un seul coup : on sent que la série aurait pu être beaucoup plus longue, montrer plus d'établissements... la très légère amorce de romance tombe également à plat. Tout ça sent la série avortée à plein nez, mais l'auteur boucle tout de même son « intrigue principale », et de la meilleure façon qui soit, à savoir inattendue. Là encore, tout le monde n’adhérera peut-être pas à son choix, mais ça reste fidèle au reste de la série, finalement !

Notons enfin quelques petites coquilles/erreurs en vadrouille dans le premier tome, mais le premier seulement et surtout concentrées vers le début ; pas de quoi vraiment râler et encore moins se priver, d'autant que la traduction est aux petits oignons.

En bref

Bagarreurs et détente, un mélange a priori improbable mais qui fonctionne ici très bien... à condition d'accrocher au truc !

7
Au bain, les Yankees !
Positif

Original, drôle et léger

Un vrai guide touristique (et même pas déguisé)

Le trait est vraiment beau (Tatsuya aussi tiens)

La traduction, savoureuse

L'*ambiance* furyô est au rendez-vous...

Negatif

... mais juste l'ambiance, ça n'en est pas un et il faut le savoir

Le fil rouge est vraiment discret

La fin super abrupte

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