Critique Manga Escale à Yokohama #11
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par Tampopo24 le lun. 29 mai 2023 Staff
Quand le post-apo se fait sentir
Et voilà, nous nous dirigeons petit à petit vers la fin de cette oeuvre si apaisante et Hitoshi Ashinano nous le fait bien comprendre dans ce tome qui sonne comme la fin d'un ère.
Il y avait déjà eu un tome de rupture avec celui où Alpha était partie et avait quitté son café. C'est maintenant au tour des jeunes du coin de faire de même pour tenter de se forger une vie eux aussi. Ce n'est pas sans tendresse que l'auteur met en scène ce moment où les jeunes quittent le nid pour voler de leurs propres ailes. Pas besoin de beaucoup d'échanges, de beaucoup de paroles, des mots simples et l'émotion du moment suffisent pour rendre compte de toute l'émotion qu'ils mettent derrière, ça suffit amplement. Ce n'est donc pas sans émotion qu'on va encore voir la série évoluer pour un dernier petit tour.
D'ailleurs, cette évolution on la sent également dans les premiers chapitres, tournés pour la première fois, je crois, vers l'environnement dévasté du café. D'habitude l'auteur nous fait rêver avec les balades champêtres de son héroïne et ses amis. Mais cette fois, c'est plutôt une sorte de crise d'approvisionnement qu'il nous fait vivre, nous contant combien il devient dur de trouver du café ou de l'eau potable dans le coin. Cela m'a frappée, c'était la première fois que je sentais vraiment le désœuvrement de cette vie post-catastrophe. Jusqu'à présent, le mangaka avait contourné cela avec force et poésie, il ose désormais nous y confronter avec une douceur plus âpre et réaliste. Voir Alpha sillonner les alentours en quête d'eau marque, tout comme l'entendre dire qu'elle doit restreindre les boissons qu'elle sert. Le petit paradis qu'on s'était imaginé se fendille un peu, nous acheminant vers la fin de cette ère d'abondance et de simplicité qu'on vivait avec elle jusqu'à présent.
Ainsi le message du mangaka résonne-t-il tout particulièrement en nous quand il parle de la façon dont fonctionne la nostalgie d'une époque. C'est tout à fait ça ici. La vie reste douce et plaisante mais on fantasme sur celle d'avant qui semblait l'être encore plus. La transition s'amorce donc tranquillement mais fatalement, on ne peut empêcher le temps de s'écouler et les gens de changer, c'est comme ça et Hitoshi Ashinano décrit très bien ce moment et les sentiments qui l'accompagnent dans son dessin toujours très simple et poétique, archétype du tranche de vie zen à la japonaise.
En bref
Ce n'est jamais simple de chroniquer un titre tranquille comme Escale à Yokohama mais cette fois on sent de vrais changements s'opérer dans la routine du titre et on est frappé par eux, que ce soit l'introduction de l'âpreté du monde réel post-catastrophe avec ses restrictions ou celle des humains entourant Alpha qui avancent tandis qu'elle ne peut entraver l'oeuvre du temps. L'émotion est toujours au rendez-vous, l'ambiance zen et poétique également, cela reste donc encore une belle réussite.
Positif
Le poids du temps qui passe
De belles mises en scène mélancolique
Un décor bien présent
La sensation d'enfin sentir le poids de la catastrophe vécue dans ce quotidien
De doux dessins
Negatif
Un tranche de vie qui donne envie de somnoler
Des chapitres qui parfois se ressemblent et ne racontent pas grand-chose
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