Critique Manga Plongée dans la nuit

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Plongée dans la nuit

par Pop-box le jeu. 7 juil. 2022

Très beau style graphique, poétique, un humour que j'ai adoré, mais franchement pas un yuri

Tout d'abord, les points positifs : le style graphique est absolument magnifique, avec un parti pris artistique intéressant (Tsukiko voit Aya comme un poisson, et c'est exprimé visuellement par une ou plusieurs cases en début de scènes, où notre nageuse se verra dessinée avec une tête de creature marine). Un humour absurde, que j'ai adoré, et qui a rendu certains échanges lunaires (comme cette scène magnifique, où, pour fuir deux conversations, Tsukiko va lancer un canard en plastique, en lâchant un "va chercher" d'un ton inexpressif), ou les bulles explicatives sur l'absence de filtres d'Aya.

J'ajouterai également, dans les points positifs, le fait d'avoir de la représentation neuroatypique.

[Spoiler]

Malheureusement, tout ça est gâché par le principal point négatif : il ne s'agit pas d'un yuri. Ne me demandez pas comment il a obtenu la fleur rose de cette catégorie, je n'en ai aucune idée. Il s'agirait plutôt d'un slife of life (tranche de vie), ceux du type où le but n'est pas atteint. En effet, Aya et Tsukiko ne seront jamais ensemble, ou, du moins, pas dans cette trilogie (je croise encore les doigts pour une série qui y ferait suite, mais il y a peu de chances, le manga est présenté comme achevé).

Les deux protagonistes n'avancent que très peu dans leur relation, et elle pourrait se confondre avec une banale amitié compliquée entre deux personne neuroatypiques. Les mots de type "amoureux" ne sont évoqués que deux fois, au début du premier tome, lorsqu'une amie de Tsukiko explique qu'il ne faudrait qu'une seconde pour tomber amoureux.

Dans cette trilogie, tout se passera en sous texte. Il restera ambiguë, nous laissant espérer une concrétisation, ou au moins un baiser, jusqu'à la dernière page, en vain. Queer baiting, en d'autres mots.

Même après l'ellipse finale, lorsqu'elles se retrouveront enfin, leur schéma habituel se répétera : Aya proposera une activité à Tsukiko, qui dira qu'elle s'en fiche simplement, mais elle l'a suivra tout de même.

[Fin du spoil]

Les personnages ne sont que très peu exploités, et on ne sait rien d'eux : Aya aime la natation, et seulement la natation, et Tsukiko ne sait pas ce qu'elle aime. (Oui, oui, c'est tout). Je sais bien qu'au lycée, on se cherche encore, mais ne me faites pas croire qu'on n'a au un goût, au moins de ne pouvoir en citer aucun.

On n'a presque aucune information, et, dans un manga de trois tomes, c'est dommage. Si on fait une trilogie, selon moi, on doit mettre le plus d'informations possible, tout en gardant un format digeste, et garder une dynamique dans les actions. Rien de tout ça.

J'ajouterai même que l'intrigue principale n'avance pas, n'est pas exploitée, mais les auteurs ont jugé bon d'inclure une intrigue secondaire, sans aucun lien avec Aya et Tsukiko, excepté le théâtre, Tsukiko ayant été castée pour la pièce.

Quand on n'arrive pas à développer l'histoire principale, pourquoi y inclure une secondaire (qui, comble du comble, parvient à être plus riche que celle de nos deux protagonistes !)

En bref

En quelques mots : si nous n'avez pas peur de la frustration de ne pas voir cette romance se concrétiser, que vous n'avez pas trop d'attentes à ce sujet, ou si l'humour absurde parvient à vous faire oublier que c'est censé être un yuri, ce manga pourrait vous plaire. Mais si votre but était de voir une relation amoureuse se développer, éclore (comme promis dans le résumé) et se concrétiser, c'est à éviter.

3
Plongée dans la nuit
Positif

Le style graphique

L'humour

La poésie visuelle

La représentation neuroA

Negatif

Pas un yuri

Action très lente

Pas de développement de personnage

Pas de développement de la relation

Queer baiting

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