Critique Manga La lanterne de Nyx #6

8
La lanterne de Nyx

par Tampopo24 le mer. 3 févr. 2021 Staff

Ce n'est que le commencement...

Si on m'avait que j'aimerais autant cette série quand j'ai vu passer son annonce à l'époque, je ne l'aurais pas cru. Avec ses dessins un peu trop occidentaux et le titre précédent de l'auteur sur une geisha (je crois), je n'étais pas du attirée par lui, mais il a suffi d'une belle interview de l'autrice pour me décider et je ne le regrette pas du tout.

Ce dernier tome offre tout ce que j'aime : de l'émotion et un final très juste sur une très belle histoire. J'ai vraiment été touchée et émue par ces derniers chapitres, le message qu'ils renferment et les personnages qu'ils nous font côtoyer, le tout en nous instruisant.

Dans ce dernier arc se déroulant à Paris, tout se mélange. On retrouve une Miyo qui découvre l'apprentissage dans une grande entreprise. Elle apprend le métier de vendeuse mais surtout elle est formée à l'école de la vie et les horizons qui s'ouvrent à elle sous tout aussi complexes qu'au Japon. Qu'on soit à Nagasaki ou à Paris les relations entre les gens sont toujours aussi complexes et les émotions sont universelles. L'autrice nous offre une très belle aventure en ce sens. J'ai beaucoup aimé voir Miyo évoluer entre Kurokawa, l'ancien amant de Judith, cette dernière qui a du mal à se remettre, le fidèle Momo bien sûr et les trublions Marie et Victor. Ils forment un groupe aux nombreuses dynamiques.

Mais ce qui est particulièrement mis en lumière dans cette histoire et que j'ai trouvé attachant, c'est le thème de la deuxième chance. Aucun des personnages n'est parfait. Chacun a commis des héros et chacun se repend et travaille pour s'améliorer, c'est très touchant. Ce sont tous des hommes et des femmes avec des fragilités mais celles-ci ne sont jamais dénigrées, elles sont au contraire soulignées pour devenir des forces par la suite. C'est particulièrement frappant avec l'héroïne et son parcours de vie. Alors qu'elle peut sembler être un personnage un peu accessoire face à la vie bien plus dure qu'a vécu Momo, c'est son vécu qui permettra à tout le monde de trouver le bonheur. J'ai vraiment beaucoup aimé la façon dont elle s'insère dans la relation Judith-Momo pour porter secours à cette dernière et la sauver. J'ai été très très émue par ce passage.

La finesse de l'autrice, toutefois, la pousse à n'oublier aucun des autres personnages et dans cet ultime volume, elle offre discrètement, l'air de rien, un bel avenir à chacun d'eux à l'aune de ce qu'il désire au plus profond de lui. C'est souvent doux - amer, à l'image des histoires de Tama, Victor ou Kurokawa mais c'est porteur d'une grande force, celle de croire en soi, en l'autre et en l'avenir.

Le titre se veut également résolument féminin avec un portrait de femmes vraiment très fortes et marquantes. Malgré ses fragilités, Judith est une femme que j'ai appris à apprécier et qui illustre à merveille la terrible vie vécue par les courtisanes à l'époque, tout comme Tama. J'ai beaucoup aimé également le destin de Marie, archétype un peu de la femme instruite de la petite bourgeoise, sorte de bas bleu. Et quant on voit la belle histoire de Miyo, on ne peut qu'être enthousiaste aussi. C'est vraiment un titre qui traite les femmes avec justesse.

Dernier point dont je souhaite parler, c'est tout l'érudition dont l'autrice aura fait preuve tout au long de cette histoire. Comme elle le dit elle-même, le fait de s'appuyer sur certains personnages ayant existé ainsi que sur des faits historiques a vraiment donné une teinte toute particulière à son récit. Chaque événement qui se produit a l'air crédible. Les développements autour du marché de l'Art en Asie, en Europe et aux Etats-Unis sont crédibles. Et surtout, on a appris énormément de choses dans son titre en croisant aussi bien Edmond de Goncourt en France, que Mme Kai au Japon. J'ai adoré dans ce tome ce que j'ai découvert sur les estampes, leur origine, leur lecture et leur accueil. C'était passionnant de voir "en vrai" un salon d'amateurs du Japon. Quant à la teinte historique avec le récit de l'évolution de ce marché et le triste devenir du Japon, elle était parfaite.

En bref

Ce fut donc assurément une très belle lecture qui m'a charmée de tome en tome. J'ai eu un petit passage à vide au milieu mais cela n'a en rien affecté la suite. Au contraire, l'autrice a parfaitement su expliquer et justifier tout cela dans un final très juste où rien n'est oublié ou laissé au hasard. Cela donne un récit cohérent mais surtout très fort et émouvant où les questions de l'Art, du commerce et des femmes m'ont vraiment parlé. J'ai été émue par le destin courageux de ces femmes et de ces hommes dans cette fin de XIXe siècle bouillonnant, leur force de caractère mais aussi leur ouverture d'esprit étaient superbes. J'espère que l'autrice écrira d'autres titres de cet acabit.

8
La lanterne de Nyx
Positif

Un récit réaliste

Beaucoup d'émotion

Un final très juste qui n'oublie rien ni personne

De très beaux portraits de femmes

Toujours plus de connaissances sur le marché de l'Art et la vie de l'époque

Negatif

On aurait aimé continuer à les suivre

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