Critique Manga Beastars #1

8
Beastars

par KssioP le dim. 7 avril 2019 Staff

Ne pas hésiter à mordre dedans

BEASTARS, voilà un titre sur lequel j’étais dubitative, le résumé me rappelant trop ZOOTOPIA et le style graphique me laissant plutôt de marbre. Pour autant, je n’étais pas fermée et sitôt l’occasion présentée, j’ai décidé de m’y risquer, de me laisser convaincre par les avis dithyrambiques partagés sur les pages de Ki-OON. Je fus bien inspirée. La lecture du tome 1 fut plaisante du début à la fin, me laissant même l’envie pressante de connaître la suite.

« C’est un récit sur l’humanité et tous les personnages sont des animaux »

Tel est l’accroche transmise par PARU ITAGAKI à l’ouverture du livre. Et tel est à mon humble avis une juste manière de résumer l’histoire.

Dès les premières pages l’ambiance est posée. Un Carnivore a tué un Herbivore dans le Lycée de CHERRYTOWN. Tem, l’Alpaga a été dévoré dans les couloirs de l’école. Son bourreau n’a pas été retrouvé ou identifié et évidemment c’est sitôt la panique du côté des Herbi qui remettent en cause la folie de vivre auprès des Carnivores. Toute la raison du monde ne peut pas battre l’Instinct qui s’écoule dans leur veine. Les regards se voilent, les messe-basses se multiplient et les plus grands prédateurs sont montrés du doigt. C’est dans ce cadre un peu sombre qu’on découvre LEGOSHI, le loup gris situé tout en haut de la pyramide des Canidés. Très grand, puissant, il en impose rien qu’en montrant les dents. Toutefois, on se rend très vite compte qu’il n’a rien de méchant et qu’il tente bien au contraire de se fondre dans la masse. Un peu timide et à l’écart des autres, LEGOSHI se laisse accuser par ses camarades Herbi du club de Théâtre dans l’unique but d’aider un ami qui a le cœur empli de regrets.

LEGOSHI est notre pilier au début de l’histoire, puis viennent se greffer autour de lui d’autres personnages aussi énigmatiques. LOUIS d’abord, le cerf rouge qui sait très bien que ses ramures inspirent respect et admiration, le roi de la forêt c’est lui et il le sait. D’ailleurs, c’est par lui que nous apprenons ce que signifie le titre BEASTARS. Il est aussi le premier à voir la part d’ombre qui sommeille en LEGOSHI mais au lieu d’avoir peur, il donne l’impression de s’en amuser. La suite devrait nous dire pourquoi.

En attendant, nous comprenons très vite que les herbi ont bien raison de se méfier des carnivores, car même le plus gentil et doux d’entre eux est démuni quand l’instinct s’empare de son corps pour agir à sa place. Pour autant, les herbi n’ont rien d’inoffensif. Ils sont perfides et doués quand il s’agit d’harceler des élèves considérés comme inférieurs. De ce fait, on s’attache très vite à HARU, un lapin nain femelle qui n’a aucun ami pour lui tenir compagnie. Harcelée physiquement, psychologiquement, humiliée, rejetée, elle a pourtant un point commun avec LEGOSHI : son instinct de survie.

BEASTARS semble régi par l’Instinct Primaire et soulève les questions d’humanité qu’on se pose tous à un moment donné. Toutefois, j’ai apprécié que l’autrice laisse libre-court à notre interprétation, permettant ainsi à chaque lecteur d’en tirer le thème qui convient le mieux à son vécu personnel. Cette allégorie de l’humanité n’a pas qu’un seul point de vue et parce que nous sommes tous différents chacun trouvera dans ce titre les thèmes qui lui siéront le mieux. Le harcèlement scolaire, le racisme, la hiérarchie sociale, l’apparence, la violence naturelle ou pas en l’Homme, le combat perpétuel entre le bien et le mal, tant de possibilités sont proposées dans ce premier volume qu’il nous prend l’envie de jouer les philosophes.

L’action est présente comme il faut, de manière subtile pour nous obliger chaque fois à changer de regard sur le monde dessiné dans les cases. Personne ne détient pour le moment la bonne réponse mais tout le monde essaie tant bien que mal de forger sa place dans une société bourrée de règles et d’a priori. Pourquoi ne pas mélanger les carnivores et les herbi dans les dortoirs si ce n’est pour instaurer un climat de méfiance constant ?! Vivre ensemble mais séparés en quoi est-ce une manière de créer un sentiment d’appartenance à une communauté ?! C’est mon interprétation personnelle à la fin du premier volume et je suis curieuse de savoir comment mon esprit va être interpellé par la suite. Quant au style graphique qui me laissait de marbre lors de l’annonce de la licence, je reconnais qu’il a son charme même s’il me serait bien difficile d’identifier tous les animaux sans la légende habilement placée dès qu’un nouveau personnage fait son entrée en scène. Le trait est encore maladroit, il manque d’assurance. D’un autre côté, cela ne doit pas être évident de faire des animaux des hommes tout en essayant de respecter leur réelle proportion. C’est une gymnastique particulière et nul doute qu’avec ce début très prometteur, le dessin va très vite devenir une évidence.

Enfin, je salue la qualité d’édition de Ki-OON qui comme d’habitude met le paquet pour vendre un titre dans lequel il croit beaucoup. Vernis sélectif sur la couverture, papier épais, on est face à une belle édition qu’on prend plaisir à regarder. Juste un peu surprise par le format plus petit que d’ordinaire mais ce n’est en rien dérangeant pour la lecture.

En bref

Voilà un titre qui sort des sentiers battus rien que par la forme dans laquelle il se présente. Humaniser des animaux pour parler d’humanité on a déjà vu certes, mais de manière si réaliste, beaucoup moins. J’avais cru lire durant le résumé un semblant de copie de Zootopia, et s’il est vrai que parfois j’ai eu du mal à ne pas faire le lien entre les deux, je n’ai pas pu décrocher tant ma lecture fut agréable en compagnie de ce loup solitaire un peu bourru qui essaie tant bien que mal de maintenir son masque de carnivore apprivoisé. Allez vite, la suite !

8
Beastars
Positif

A chacun son interprétation

Une allégorie maîtrisée

Negatif

Le dessin va en rebuter plus d'un

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