Critique Manga Karakuri Circus #18

Puissantes retrouvailles et nouveau duo détonnant

On ne dira jamais assez combien la nouvelle édition de Meian est belle. Quand on enlève la jaquette avec son effet théâtre d'ombre, on découvre de superbes illustrations et celle fois tout particulièrement en 4e de couverture, annonçant la teneur de ce nouveau tome après la fin de l'arc très important qui a précédé.

Fujita a ainsi mis dans le double tome précédent l'ensemble des révélations à faire sur le passé des protagonistes, nous projetant ensuite dans un nouvel arc qui semble être le dernier où l'antagoniste de l'histoire, enfin révélé, lance un défi d'ampleur à notre jeune héros Masaru. Le volume se découpe donc autour de ce que ce dernier va devoir faire pour en venir à bout.

J'ai moins aimé ce tome que le précédent. Pourtant il démarrait fort avec les retrouvailles puissantes et inattendues entre deux personnages se tournant autour depuis un moment, des retrouvailles qui allaient motiver l'un d'entre eux alors que sa vie semblait dans un cul de sac. Mais la suite, plus focalisée sur Masaru, son nouvel environnement et les nouvelles personnes qu'il y croise, avec seulement des liens lointains avec l'histoire principale, m'a moins plu. C'était plus lisse, plus classique, plus léger aussi.

J'aime le style de Fujita entre légèreté et noirceur, mais je ne vais pas mentir, c'est surtout cette dernière qui me procure le plus d'émotion. Ainsi, quand Eléonore vit les retrouvailles qu'elle ne pensait plus connaître au début du tome, j'ai vraiment vibré. Il y avait quelque chose tragiquement poétique dans ce duel au clair de lune où elle s'engage coeur et âme, se mettant à nue face à ce personnage qui ne se rappelle plus d'elle. Belle symbolique de ce personnage si souvent tenu entre ombre et lumière et à qui on a peu offert l'opportunité de briller et se révéler, donc pour qui il reste tant à faire pour devenir "l'humaine" qu'elle souhaite être. Malheureusement on les quitte bien vite pour retourner du côté de Masaru et je dois dire que cette rupture de rythme qu'aime tant faire Fujita m'a un peu agacée ici même si elle ne m'a pas surprise.

Avec Masara, le ton se veut plus léger. On retombe dans le même schéma que précédemment quand il découvre un nouveau lieu, ses habitants, leurs dynamiques. C'est très classique dans l'oeuvre. Ici, il est dans un village de montreurs et va s'entraîner avec Guy afin de pouvoir mieux protéger Shirogane. Cependant, il va aussi aller à l'école du village et être accueilli dans une famille avec d'autres enfants à peu près de son âge avec qui il va difficilement interagir. C'est mignon de le revoir dans sa position d'enfant tentant de nouer des liens et d'aider les autres, le tout se goupillant adroitement avec son caractère fonceur, courageux et protecteur mais aussi son entraînement de marionnettiste et ses talents de bricoleur. Il va ainsi former un duo haut en couleur avec un protagoniste ressemblant énormément au héros de la précédente série de l'auteur : Ushio to tora, dégageant notamment le même esprit sauvage.

Cependant, ce n'est pas un schéma que j'affectionne particulièrement. On voit peu l'entraînement de Masaru. On s'attarde énormément sur ses relations avec ces jeunes, notamment autour du "sauvetage" d'une demoiselle en détresse au cour d'une fête traditionnelle avec tournoi à la DragonBall à la clé. Rien qui ne me fasse vibrer même si je comprends le sens de l'ensemble, à savoir faire vivre des expériences à Masaru et montrer son talent et son grand coeur. Mais ça reste trop classique et léger dans le schéma et la narration pour m'emporter. Heureusement que sa nemesis prépare un coup en douce pour lancer leur défi, cela devrait redonner cette teinte noire que j'aime tant à la suite.