Retour vers le passé : All Monsters Attack (1969)

 

Fantastique
Long métrage japonais
Réalisé par Ishirô Honda
Scénarisé par Shinichi Sekizawa
Avec Tomonori Yazaki, Kenji Sahara, Machiko Naka…
Titre original : Gojira Minira Gabara Ōru Kaijū Dai-shingeki
Année de production : 1969

Lorsque les fans et les critiques font des classements de tous les longs métrages de la franchise Godzilla, il y en a deux qui se retrouvent invariablement dans les profondeurs de chaque liste : le Godzilla de Roland Emmerich (1998) et le All Monsters Attack (également connu aux U.S. sous le titre de Godzilla’s Revenge…alors que le Big G ne se venge de rien du tout) de Ishirô Honda (1969). Et pourtant le réalisateur historique de la saga a souvent parlé du dixième film de l’ère Showa comme de l’un de ceux qu’il préférait. Car même si Honda n’a jamais vraiment apprécié le tournant plus familial pris par les kaiju eiga de la Toho, le thème dont il parle dans All Monsters Attack lui tenait à coeur…

 

 

All Monsters Attack est le premier Godzilla pensé pour être destiné directement aux enfants. À cause d’une situation économique difficile, aussi bien au niveau du pays que de l’industrie cinématographique, le studio voulait une histoire qui puisse être tournée rapidement et pour pas cher. Du début de la production à la sortie dans les salles, il ne s’est d’ailleurs écoulé qu’à peine trois mois. Le héros du film (le plus court de la série avec seulement 69 mn) est le petit Ichiro, ce qu’on appelait alors un latchkey kid, un « enfant à clé », terme qui serait apparu dans un documentaire américain vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Un « enfant à clé » est un gamin laissé seul à la maison, sans surveillance parentale pour diverses raisons. Ici, c’est parce que les parents d’Ichiro travaillent beaucoup et ne rentrent chez eux que tard dans la nuit. Ichiro est surveillé par son voisin, un fabricant de jouets, mais la plupart du temps il est livré à lui-même et chahuté par les autres gosses de son école. Pour tromper sa solitude, Ichiro se réfugie alors dans ses rêves où il s’imagine aux côtés de Minilla, le fils de Godzilla, sur l’île des Monstres…

 

 

La partie avec les monstres est donc une fantaisie, une visite de l’imaginaire de Ichiro. Et pour illustrer ce voyage onirique à peu de frais, les auteurs ont utilisé principalement des scènes de films précédents comme Ebirah contre GodzillaLe Fils de Godzilla et Les Envahisseurs attaquent. Du recyclage qui fait donc ressembler le métrage à ces épisodes de série TV composés d’extraits des saisons précédentes. L’importance donnée à Minilla ajoute à la niaiserie de ces rencontres car le nanardesque fiston de Godzilla n’est pas vraiment la création la plus mémorable du bestiaire des kaijus de la Toho.

Si l’ensemble n’est pas très long, il fallait tout de même une intrigue supplémentaire pour étoffer le scénario. Ichiro se retrouve donc face à des voleurs peu doués qui se cachaient dans l’usine désaffectée où l’enfant se réfugie pour jouer, de quoi alimenter un comique de situation souriant (même si les acteurs adultes en font des caisses). Ca ne sauve pas All Monsters Attack, qui mérite bien sa place dans le bas du panier des entrées de la filmographie de Godzilla, mais il y a tout de même quelques passages qui touchent juste comme celui où la mère d’Ichiro pleure en secret car après tout ce qui s’est passé, elle sait qu’elle va devoir à nouveau laisser son fils seul pour retourner travailler. Ishirô Honda voulait d’ailleurs terminer le film sur ce moment précis mais la Toho lui a imposé une fin plus joyeuse.

Le Doc

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